Depeche Mode, Mute et les années 80 - French Violation - Mot-clé - Daniel MillerDes infos des critiques de disques, une communauté autour de Depeche Mode, du label Mute et de la musique post punk... so eighties...2023-03-29T12:39:02+02:00French Violationurn:md5:778dc221714afdb8b2f575b0ecbe0303DotclearLiars, Wixiw album produit par Daniel Millerurn:md5:a31f94413e88c2d62e2ea2f926e1fc8a2012-09-13T21:29:00+02:002012-09-13T20:30:58+02:00Jean-BaptisteMuteDaniel Miller<p><em>« Si nous n'embrouillons pas les gens, nous ne sommes plus nous-mêmes »</em> dit en riant Angus Andrew. <em>« Si nous ne nous embrouillons pas nous-mêmes, alors ça veut dire qu'on a échoué. »</em> A une époque où tant de disques sans véritable prise de risque sortent dans le commerce, il est bon de constater que le groupe Liars continue à expérimenter et à repousser ses limites.</p> <p>L'album Wixiw s'ouvre sur <strong>The Exact Colour of Doubt</strong>, un morceau électronique apaisé. Ce choix semble étonnant, Liars avait plutôt pris l'habitude de clôturer ses albums par des morceaux calmes. D'entrée de jeu, les américains semblent nous dire qu'ils vont chambouler encore plus que d'habitude leur musique. Pas de rupture avec leurs précédents disques, ils tentent juste quelque chose de complétement différent avec Wixiw. Pour cette lente introduction (<em>« pour une fois j'ai vraiment essayé d'écrire une introduction de l'album »</em> dit Angus Andrew), Liars lorgne tout de suite vers l'électronique. Les pads remplacent la batterie, la basse est fondue dans des nappes synthétiques et la guitare raisonne de façon très lointaine. Cette intro électronique nous rappelle que <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> est co-producteur de Wixiw avec le groupe. Mais comment s'est passée la collaboration entre les new yorkais et le londonien ? Concrètement, Liars n'a jamais été aussi électronique que sur cet album, et c'est pourquoi ils voulaient que Daniel Miller soit associé à cette aventure.</p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/Disques/Liars.jpg" alt="Liars" style="display:block; margin:0 auto;" title="Liars" /></p>
<p>Ce que n'avait pas prévu Liars, c'est le poids du mastodonte Miller dans la confection d'un disque électronique. Vétéran pionnier du <em>« do it yourself »</em> electro à la fin des années 70, Miller est plus que jamais une référence impliquée dans la musique électronique, que ce soit en tant que producteur de disque, en patron de maison de disque ou en DJ à la Shitparade de Berlin. Andrew : <em>« Nous étions des bleus dans l'électronique, c'est pourquoi nous avons proposé à Daniel de venir, pour avoir son point de vue. Son travail nous a vraiment mis en danger, je n'avais pas anticipé son côté critique, il a passé en revue tous les sons électroniques sur l'album, il a des références historiques sur le moindre trucs, il m'a plongé dans tellement de choses que j'ai trouvé ça assez éprouvant. »</em></p>
<h4>Complainte éléctro, oiseaux, cris et autres bruits</h4>
<p><strong>Octagon</strong> qui succède à <strong>The Exact Colour of Doubt</strong> est une complainte électro tribale qui contredit le vœux amoureux initial, la rupture est déjà consommée ou presque. Cette dualité désir - peur d'être proche de quelqu'un se retrouve tout au long de Wixiw et parfois à l'intérieur d'un même morceau. <strong>Number One Against the Rush</strong>, le premier single de Wixiw et <strong>A Ring On Every Finger</strong> enfoncent le clou de l'expérimentation électronique. Puis pour la première fois de l'album, un riff de guitare est très clairement identifiable - bien que parasité par des oiseaux, cris et autres bruits - sur <strong>Ill Valley Prodigies</strong>, une courte pose de deux minutes. Ce titre est aussi un exercice de style pour Angus Andrew qui s'est amusé à enregistrer les sons de son voisinage dans la San Fernando Valley (Burbank, Los Angeles). <em>« Je vis dans un quartier plutôt violent de LA, il se passe toujours quelque chose, on entend aussi des oiseaux et plein d'autres trucs bizarres »</em>.</p>
<h4>De gauche à droite, de droite à gauche</h4>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/Disques/.liars_wixiw_s.jpg" alt="Liars Wixiw" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Liars Wixiw" /><strong>Wixiw</strong> (on prononcera Wish You pour faire simple) est le sixième morceau de Wixiw. C'est un titre complexe bourré claviers analogiques qu'on peut considéré comme le cœur de l'album. Là encore, les paroles semblent contradictoires, la musique semble dérailler et carrément s'arrêter au bout de deux minutes... pour mieux repartir dans une autre direction. Des phrases comme <em>"I wish you were here with me / I wish you would not come back to me"</em> nous ramène à la dualité évoquée plus tôt. Wixiw est donc un palindrome, une figure de style qu'on peut lire de gauche à droite ou de droite à gauche. Passée la parenthèse amnési(a)que minimale His and Mine Sensations, on arrive à <strong>Flood to Flood</strong>, un des premiers morceaux écrit pour cet album. Cette balade analogique aux accents indiens est un des rares titres de Wixiw ou la batterie n'est pas électronique. Morceau envoutant mais très difficile à réalisé si on en croit le groupe. <em>« Le mix fut très difficile, sans doute le plus difficile de tous les morceaux car il y a tant de choses sur ce titre. Quelqu'un comme Daniel peut se montrer très critique, mais on s'en est plutôt bien sorti sur ce coup et j'en suis très fier »</em> lâche Angus Andrew. Suit <strong>Who is the hunter</strong> qui part d'une basse très simple pour se transformer en morceau purement électronique et <strong>Brats</strong> à la basse éléctro dance sur fond de synthé et de voix grasse à souhait. Les Liars qui ont enregistré une soixantaine (!!!) de titres pour Wixiw ont décidé de garder <strong>Brats</strong>, morceau raccourci par rapport à la première version. <ins>"The option's ours"</ins> dit le refrain. <strong>Annual Moon Words</strong> vient clôturer le disque dans un style très « ce n'est qu'un au revoir ».</p>
<p>Ce sixième album de Liars tient donc ses promesses. Une fois de plus, le groupe nous déroute en se remettant en cause et ne choisissant pas de recracher une formule préétablie. Cette philosophie fait de Liars un des groupes les plus intéressants de <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/Mute-Records">Mute Records</a>. Ils seront sur scène à la grande halle de la Villette lors du Pitchfork Festival Paris en novembre 2012.</p>'An introduction to...' : nouvelles compilations estampillées Mute Recordsurn:md5:8ae2d637433bb6af47b49e3be2510d632011-08-29T07:47:00+02:002011-08-29T09:18:29+02:00Jean-BaptisteInfosalbumannées 70Années 80Daniel MillerKraftwerkMuteRééditions <p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/mute/mute_logo_noir_blanc.jpg" alt="Logo Mute Records" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Logo Mute Records, août 2011" />"J'ai entendu dire que <strong>Fad Gadget</strong> était une référence méconnue mais essentielle des années 80, quel album me conseillez-vous pour découvrir cette artiste ?" ... "Can est souvent présenté comme un groupe majeur de la musique post punk, mais leur discographie est un véritable bordel, par où commencer ?" ... "Qui c'est le plus fort, Violator ou Black Celebration ?" Ce genre de questions, qui reviennent souvent sur le web, ont peut-être inspiré <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> et <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/Mute-Records">Mute Records</a> à lancer la série de disques <strong>"An introduction to"</strong>. Ces compilations vont revisiter les discographies de plusieurs groupes emblématiques de Mute Records. En 2011, ce sont le <strong>Balanescu Quartet</strong> et <strong>I start couting</strong> qui ouvriront le bal. Puis, Crime And The City Solution, Anita Lane, Fad Gadget, Cabaret Voltaire, Add N To (X), Laibach et d'autres vont leur emboiter le pas par la suite.</p>
<h2>Introduction au travail des artistes</h2>
<p>L'originalité de ces compilations est que l'artiste y tient une place prépondérante. Il ne s'agit pas de best of, format rabâché ad nauseam par l'industrie musicale ces dernières années. Mute Records, à nouveau indépendant, a proposé à ces artistes de s'investir, et concrètement de choisir personnellement quels morceaux devaient figurer sur leur compilation. <em>"Nous avons demandé aux artistes de réfléchir à ce qui serait une bonne introduction à leur travail"</em> <a href="http://thequietus.com/articles/06837-daniel-miller-mute-introduction-interview" hreflang="en">déclare Miller</a>. Une manière de se concentrer sur le travail de l'artiste plutôt que sur sa valeur commerciale qui détonne au 21e siècle. Dans le cas des artistes décédés, la famille sera en charge du tracklisting du disque. Ce sera le cas pour le regretté <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/fad-gadget">Frank Tovey</a>.</p>
<p><em>Chroniques de Balanescu Quartet et I start couting à venir sur FrenchViolation courant septembre 2011.</em></p>J.G. Ballard, l'auteur de Crash, la foire aux atrocités...urn:md5:6250924c4b8a15789e24815bcd69e6942009-04-20T09:58:00+02:002009-04-20T09:08:27+02:00Jean-BaptisteLivres et zinesannées 70Daniel MillerMute <p>L'écrivain britannique James Graham Ballard s'est éteint le dimanche 19 avril 2009.</p>
<p>Pendant les années 1970 il va écrire des romans qui auront une grande influence sur de jeunes artistes en devenir : Il rédige ainsi la Foire aux atrocités, et une trilogie autour du béton avec Crash !, Concrete Island (l'ïle de béton) et High Rise. Atrocity exhibition est le morceau qui ouvre Closer, l'album de Joy Division. Ian Curtis . <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> était aussi fasciné par l'univers et le style ballardien, <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/The-Normal-TVOD-Warm-Leatherette">Warm Leatherette</a> est un exercice de style autour du roman Crash !</p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/mute/.jgballard_m.jpg" alt="JG Ballard" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="JG Ballard, avr. 2009" /></p>Frank Tovey aka Fad Gadgeturn:md5:8458e098cf0053298afc30ef515c5c072009-01-06T13:46:00+01:002009-01-06T14:32:14+01:00Jean-BaptisteMuteAnnées 80BerlinDaniel MillerFad GadgetMutepost punk <p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/Fad-Gadget/frank_tovey.jpg" alt="Frank Tovey" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Frank Tovey" />A la fin de la tournée avec Stiff Little Fingers, <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> reprend sa routine londonienne : il traîne du côté de Portebello Road et Edwin Pouncey (un dessinateur au NME qui crayonne sous le pseudo Savage pencil et qui se trouve être le co-locataire de Frank Tovey) lui présente plusieurs démos. Daniel Miller est impressionné par les morceaux d’un certain <strong>Fad Gadget</strong>, qu’il trouve humoristiques et authentiques. Il va rapidement rencontrer Frank Tovey, le personnage derrière Fad Gadget et lui proposer d’enregistrer un single.</p>
<p>Francis John Tovey est né le 8 septembre 1956. Il poursuit des études d’art à la Leeds Metropolitan University. Le théâtre est sa première passion mais il a du mal à percer et décide de se tourner vers la musique, comme de nombreux jeunes à la fin des années 70 au moment où le mouvement <em>Do it yourself</em> explose et que le prix des claviers devient accessible. Courant 1979, Daniel Miller et Frank Tovey commencent à travailler ensemble sur le single Back to Nature et sa face B, the Box. Daniel Miller a un temps d’avance sur Tovey grâce à l’expérience <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/The-Normal-TVOD-Warm-Leatherette">The Normal</a>, il va donc officier en tant que producteur du single, un titre qui lui semble un peu fort. Producteur par défaut serait peut-être plus approprié, <em>« parce que j’en savais un tout petit plus que Frank à l’époque »</em>. Toujours est-il que le single est une réussite. Derrière la pochette où Tovey pose de dos et nu, l’auditeur est attendu au coin du bois par les voix de stupéfiants oiseaux électro. L’homme amorce t-il un retour aux sources ou tourne t-il carrément le dos à la nature semble se demander le premier artiste signé par Daniel Miller chez Mute.</p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/Fad-Gadget/back-to-nature.jpg" alt="Back to Nature" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Back to Nature" />Ces bidouillages vont se structurer peu à peu et quand il s’agit de sortir un second single début 1980, Daniel Miller et Frank Tovey vont prendre la direction du studio Blackwings. Ricky’s hand, une charge tragi-comique contre l’alcoolisme au volant, sort en février et, comme Back to Nature, passe inaperçu dans les charts. Le morceau trouve néanmoins sa place sur la compilation Machines en cette année 1980. Epaulés par Eric Radcliffe et John Fryer, ils vont pouvoir enregistrer à la même période <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/31/127-fad-gadget-fireside-favourites">Fireside Favourites, le premier album de Fad Gadget</a>, qui se moque gentiment de la société contemporaine. On retrouve des thèmes chers à Daniel Miller sur cet album, ainsi Pedestrian qui ouvre Fireside Favourites rejoint Warm Leatherette ou Ricky’s hand dans la dénonciation d’une société obsédée par l’automobile. L’album pose Fad Gadget en groupe avant-gardiste mélangeant rock, new wave et musique industrielle.</p>
<p>Dans la foulée, Fad Gadget commence à faire quelques dates de concerts, Daniel Miller va l’épauler sur scène au clavier avant que Fad Gadget ne se trouve un groupe. « Je me souviens d’un de ces concerts aux Pays-Bas - avec Scritti Politti – qu’on a joué dans une grand communauté hippy. A la fin du concert, tous les groupes sont venus sur scène pour un horrible medley et je crois me souvenir que je jouais de la guitare » déclare Miller qui ne manque jamais de confesser qu’il n’est pas à l’aise guitare entre les doigts. Mais c’est avant tout la présence scénique de Tovey qu’on retient, les performances de Fad Gadget en concert étant parfois épiques. Tovey, qui s’est familiarisé avec la scène dans les années 70 en faisant du théâtre, a pris l’habitude d’habiller ses concerts de produits en tout genre. Ainsi il n’hésite pas à s’enduire de plumes et de goudron, de s’arracher les poils (pubiens ou non) , d’engloutir le microphone, de se donner des coups de poing dans le ventre pour faire sortir des borborygmes indescriptibles, de piquer le sac d’une spectatrice au premier rang, de faire monter le public sur scène. La liste des surprises qui émaillent un concert de Fad Gadget est longue.</p>
<p>En studio, Frank Tovey est particulièrement actif dans la première partie des années 80. En 1981, <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/30/128-fad-gadget-incontinent">Incontinent</a> qui est la suite moins sombre de Fireside Favourites, est un album dans lequel Fad Gadget utilise pour la première fois des choristes et des instruments comme l’accordéon ou la guimbarde. La même année, Frank enregistre avec Boyd Rice l’album Music for the hard of hearing qui ne sera commercialisé qu’en 1984. Entre-temps, <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/28/129-fad-gadget-under-the-flag">Under the Flag</a> (1982), dans lequel Tovey incarne un jeune père de famille inquiet face au monde moderne, et <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/27/130-fad-gadget-gag">Gag</a> (1984) viennent compléter l’aventure Fad Gadget. Car Frank Tovey décide de changer les règles du jeu, il vire folk et publie les disques sous son propre nom. Ce long virage inégal durera entre 1986 et 1993. Ce n’est qu’en 2001 que Fad Gadget amorce un retour sur scène en première partie de Depeche Mode pendant l’Exciter tour. Dans les bacs, le best of résume également l’aventure commencée au début des années 80, en essayant malhabilement de remettre certains morceaux au goût du jour. Semblant envisager de nouveaux projets et se produisant dans des petites salles comme <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/21/101-fad-gadget-locomotive">la Locomotive</a>, Frank Tovey décédera en 2002 d’une crise cardiaque.</p>
<p>Lire également : <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/06/01/126-discographie-fad-gadget">Discographie de Fad Gadget et Frank Tovey</a></p>Les Silicon Teens, Music for Partiesurn:md5:2b1d81febc786fcd10acf7478f7051782008-12-12T16:35:00+01:002009-01-06T14:36:16+01:00jbMuteAnnées 80Daniel MillerMute <p>A la fin de l’année 1978, <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> a vu se matérialiser une partie de ses <em>« homeworks</em> » au 16 Decoy Avenue avec le 45 tours The Normal. Au moment où il enregistrait les deux compositions originales que sont <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/The-Normal-TVOD-Warm-Leatherette">Warm Leatherette et TVOD</a>, il travaillait également sur d’autres morceaux, des reprises de vieux standards, pour se faire la main et se familiariser avec son synthé Korg.</p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/mute/silicon_teens_lp.jpg" alt="silicon_teens_lp.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="silicon_teens_lp.jpg, déc. 2008" />Ces reprises, Miller ne compte initialement pas les sortir dans le commerce. Il n’a apparemment rien planifié quant à la suite de son projet et il n’a pas suffisamment d’assurance pour se décider à en faire quelque chose. Comme pour The Normal, c’est à nouveau Rough Trade qui va pousser le discret Miller à sortir ces morceaux du 16 Decoy Avenue avant qu’ils ne prennent la poussière. Sue Donne, qui s’occupait de la vente par correspondance pour <strong>Rough Trade</strong>, écoute la cover de Memphis Tennessee par Daniel Miller et la trouve intéressante. Ces encouragements vont motiver un Daniel Miller encore peu assuré à prendre le pari de retravailler ses morceaux et à les sortir dans le commerce. Persuadé que <strong>The Normal</strong> n’était qu’une bonne idée qui a fait son temps, Daniel Miller n’assume toujours pas directement la paternité du son qu’il propose et préfère se retrancher derrière un groupe imaginaire : les Silicon Teens. Qui plus est, il a bien cerné que la musique est à un tournant en cette fin d’années 70 et que les nouveaux venus ont le vent en poupe : <em>« Je me suis dis que si j’étais patron d’EMI à l’heure actuelle, je paierais un million de livres pour un groupe électro pop constitué de deux gars et deux filles. J’en ai donc inventé un »</em>. Il décide donc de faire naître ce groupe d’ados tout droit sorti de son imagination. Et c’est ainsi que sort en août 1979, dix mois après l’épisode The Normal, Memphis Tennessee, le premier single des Silicon Teens, le second de l’histoire de Mute, avec son solo de synthé bon marché en lieu et place de la guitare de Chuck Berry. Miller respecte les musiciens qu’il reprend, mais en tant que guitariste sans espoir autoproclamé, c’est par son Korg qu’il entrevoit le futur.</p>
<p>La promotion va être assurée par John Peel sur les ondes la BBC qui déclare : <em>« Nous avons trois versions de Memphis Tennessee au programme ce soir, la version originale, une version vraiment atroce et une excellente »</em>. John Peel adoube Daniel Miller en passant deux fois dans son émission d’un soir la version « excellente » des Silicon Teens. L’intérêt autour de Mute grandit naturellement et Daniel Miller entretient la blague de potache. Il trouve un nom à chacun des quatre membres de ce groupe fictif composé de Darryl le chanteur, Jacki et Diane deux filles préposées aux claviers et Paul à la batterie électronique. <em>« Le délire est allé assez loin, on a été jusqu’à donner des fausses interviews »</em> se souvient Miller qui s’amuse de la situation. Radio One passe le single <em>« Memphis Tennessee »</em> en rotation et souhaite en effet s’entretenir avec ce nouveau groupe qui déboule de nulle part. <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/fad-gadget">Frank Tovey</a>, qui travaille avec Daniel Miller sur le premier disque de Fad Gadget à la même époque, joue le jeu et va être interviewé à la radio. Une certaine Priscilla incarnera Jackie. Les deux ados fictifs sont coachés la veille du passage radio par Daniel Miller toujours en retrait et trop âgé pour jouer l’adolescent boutonneux. Le reste du groupe n’a pu se libérer pour l’interview car l’école passe évidemment avant tout… <em>« C’était vraiment une belle blague »</em> se souvient Daniel Miller qui joue son propre rôle et accompagne le groupe et le comédien Keith Allen, qui incarne Chas Barton, le manager fictif des Silicon Teens. La joyeuse bande rencontre le célèbre DJ Richard Skinner dans l’émission « Round Table ». <em>« Je crois que Richard Skinner a démasqué la supercherie mais il a joué le jeu et décidé de ne rien dévoiler »</em> confessera Miller.</p>
<h4>Le premier groupe tout électronique au monde</h4>
<p>Avec cet album principalement constitué de reprises de standards des années 50 et 60, Daniel Miller enfonce le clou de la musique électronique, du moins il oriente l’image et le son de Mute dans la direction du tout électronique. <em>« J’aime toujours Chuck Berry et j’écoute aussi du blues. C’est là où la guitare est à sa place, à la fin des années 50 et les années 60. »</em> Il en profite pour caser quelques compositions personnelles qui seront crucifiées par la presse. Sounds ne manquera pas de souligner ce mélange des genres allant jusqu’à parler d’insulte faite au rock. Peu importe en fait pour Miller qui est émoustillé de se retrouver dans les médias et pour qui une mauvaise critique vaut mieux que pas de critique du tout. Et puis, les trois singles et l’album se vendent bien et assurent une manne financière non négligeable à Mute qui va pouvoir signer des groupes et structurer son label encore minuscule. Seul le NME est moins enthousiasmé, se lassant déjà des multiples pseudos de Daniel Miller. <em>« Ils m’ont téléphoné en me demandant agressivement d’avouer que j’étais derrière les Silicon Teens, menaçant de ne pas publier de critique dans le journal. J’ai refusé d’avouer quoi que ce soit, il y a des gens qui n’ont aucun sens de l’humour ! »</em></p>
<p>Les quatre compositions originales que Miller a glissé dans Music for Parties aux côtés des Chuck Berry, Manfred Mann, The Kinks, The Contours, Chris Montez et autres Buddy Holly, sont des témoignages intéressants de l’aventure Mute qui prend forme : T.V. Playtime poursuit sur le thème de l’obsession télé démarré dans TVOD. Chip 'N' Roll (écrit par un certain <strong>Larry Least</strong>, un nouvel avatar de Daniel Miller masqué) est un instrumental qui sonne comme du early Depeche Mode léger et naïf période A Broken Frame voire du Yazoo. State of Shock (Pt. 2) est un autre instru plus sombre, qui drague du côté des faces B à venir de Mute ou d’une pop mélancolique à la Robert Rental. Enfin Sun Flight ne jurerait pas sur Speak & Spell ou A Broken Frame.</p>
<p>Cette aimable récréation qui a mal vieilli ne doit pas faire oublier que Daniel Miller, au fil de ses rencontres, envisage désormais de s’investir pleinement dans la musique : Parallèlement à ce clin d’œil que sont les Silicon Teens, Daniel consacre du temps à des artistes à part entière : bye bye les seventies, les eighties commencent et une nouvelle scène a explosé à la suite du décès du punk. <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/fad-gadget">Fad Gadget</a>, DAF, Boyd Rice, Depeche Mode et bien d’autres arrivent déjà pour donner un son moins guilleret à <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/Mute-Records">Mute</a>.</p>
<h4>Tracklisting de Music for Parties</h4>
<p>1 Memphis, Tennessee
2 Yesterday Man
3 Do Wah Diddy Diddy
4 T.V. Playtime
5 You Really Got Me
6 Chip 'N' Roll
7 Do You Love Me?
8 Let's Dance
9 Oh, Boy!
10 Sweet Little Sixteen
11 State of Shock (Pt. 2)
12 Just Like Eddie
13 Red River Rock
14 Judy in Disguise (With Glasses)
15 Let's Dance
16 Sun Flight</p>The Normal : TVOD - Warm Leatheretteurn:md5:ad73d6e19c14778a1d54769e45cc79052008-12-02T23:34:00+01:002008-12-04T18:04:10+01:00jbMuteDaniel MillerMute <p>En 1977, le jeune <a href="http://www.frenchviolation.com/dm/index.php/post/2007/05/23/117-daniel-miller">Daniel Miller</a> revient à Londres après un long périple européen. Il retrouve une capitale anglaise secouée par la vague punk. Même si le son punk ne l’excite pas plus que cela, Daniel Miller entrevoit dans ce mouvement la possibilité de faire de la musique et de la commercialiser. La lecture d’un article de l’hebdomadaire Melody Maker en 1977 sur le groupe punk Desperate Bicycles est l’élément déclencheur qui le fait passer du stade de consommateur de musique à celui de véritable acteur. En lisant l’interview des « Bicycles », le jeune Daniel Miller prend vraiment conscience qu’il est désormais possible pour le commun des mortels de sortir un disque. <em>« Je ne sais même plus si j’avais entendu leurs disques à l’époque. J’avais simplement été contaminé par l’énergie communicative que les Bicycles avaient fait passer dans cet article du Melody Maker expliquant à quel point c’était facile de faire un disque. »</em></p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/mute/mute_records.jpg" alt="mute_records.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="mute_records.jpg, déc. 2008" />Miller décide donc de se lancer dans l’aventure et d’enregistrer son disque à domicile avec les moyens du bord. Pour se faire, il fait des heures supplémentaires pour acheter un Korg 700S d’occasion au début de l’année 1977. Pour compléter sa panoplie de musicien, il s’équipe également d’un magnétophone quatre pistes (TEAC 7 ½). Les premiers morceaux enregistrés par Daniel Miller le sont donc chez lui au 16 Decoy Avenue. TVOD et Warm Leatherette qui verront le jour sur le 45 tours prennent forme dans sa chambre ainsi que plusieurs reprises de standards qu’il utilisera plus tard. Miller n’a pas vraiment d’ambitions démesurées, il est happé par le processus de création de son 45 tours : <em>« L’excitation du test pressing, l’excitation de la pochette, l’excitation du disque achevée, quand on en est là, peu importe si cela se vend ! ».</em></p>
<p><img src="http://www.frenchviolation.com/dm/public/mute/the_normal.jpg" alt="Warm Leatherette" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" title="Warm Leatherette, déc. 2008" />Il pousse le raisonnement <em>« Do It Yourself »</em> en vogue à la fin des années 70 au maximum : La pochette est également made in Daniel Miller. Il préfère se cacher derrière un nom de scène banal, <em>« The Normal »</em> plutôt que de mettre son nom sur la pochette. <em>« J’aimais le mot normal car beaucoup de gens essayent d’avoir l’air différents alors qu’ils sont en vérité très ordinaires. D’autres semblent ennuyeux et normaux ont pourtant de très bonnes idées. »</em></p>
<p>Une fois le 45 tours enregistré, «<em> reste »</em> encore à le presser et à le distribuer. Pour Daniel Miller, il n’est pas question de contacter les majors qu’il tient pour responsables du fiasco de la carrière de plusieurs de ses groupes fétiches comme Can, Faust ou encore Klaus Schulze. Persuadé que personne ne s’intéressera à ce 45 tours robotique à souhait, Daniel Miller compte presser modestement 500 exemplaires du simple sans se douter que quelques années plus tard, des dizaines de milliers d’exemplaires se seront vendus sur le territoire anglais. Car les choses vont s’enchaîner très rapidement pour Daniel Miller qui entre dans un magasin Rough Shop avec son disque sous le bras. <em>« J’ai apporté le test pressing chez Rough Trade et ils ont tout simplement adoré. Ils m’ont aidé à presser 2000 exemplaires supplémentaires. J’étais abasourdi. Je ne connaissais personne dans le business de la musique mais j’avais entendu des gens de Rough Trade qui avaient la réputation d’être très cools ».</em></p>
<p><em>« Comme je n’avais pas de bureau, ils m’avaient proposé de donner leur adresse pour recevoir les disques sortis de l’usine de pressage. Je faisais également partir mes envois depuis leurs locaux ».</em> Nul doute que Rough Trade aura une grande influence sur la carrière de Daniel Miller. Si son 45 tours n’a été <em>« que »</em> distribué par les magasins Rough Trade et ne fait pas partie du catalogue en temps que tel, Miller s’appuie sur la logistique mise à sa disposition et ne manque pas de côtoyer artistes et dirigeants du label nouveau et innovant fondé par Geoff Travis.</p>
<h4>TVOD - Warm Leatherette novembre 1978</h4>
<p>Le single de <em>« The Normal »</em> sort dans le commerce en novembre 1978. Mute vient de naître, même si le label reste virtuel. Car si le nom de Mute apparaît donc pour la première fois au verso de la pochette du 45 tours – <em>« Ceci est un disque muet »</em> peut-on lire - il s’agit encore essentiellement de l’aventure d’un seul homme. Daniel Miller ne sait pas qu’il vient de trouver un nom et un logo qui influenceront le petite monde de la musique électronique anglaise. Le choix du nom semble ne pas revêtir de signification particulière. <em>« C’était juste un mot dont j’aimais le son</em> » dit Miller qui était pressé par d’autres impératifs dans ce projet à part entière et choisit Mute dans une liste d’une dizaine de noms pour sa maison de disque imaginaire. Il fallait choisir un nom, rapidement, et l’imprimer au dos de la pochette.</p>
<p>En face A, sous des allures de courte balade à la mélodie entraînante, <strong>T.V.O.D</strong>. et sa batterie électronique tranchante raconte l’inquiétante histoire d’un gars qui semble prendre un plaisir malsain à rester des heures planté devant sa télévision jusqu’à l’overdose fatale. Pourquoi passer des heures coincé devant l’écran quand on peut se planter le câble de l’antenne dans une veine ?<em> I just stick the aerial into my veins</em> dit la ligne jeu de mot car aerial veut dire antenne mais également imaginaire.</p>
<p>En face AA, <strong>Warm Leatherette</strong> se veut encore plus sombre et implacable. La mélodie guillerette de T.V.O.D. s’est transformée pour devenir froide à souhait, sentiment renforcé par la voix monocorde d’un Daniel Miller qui crache et répète son texte plus qu’il ne le chante. La face B, dans le même esprit science-fiction et anticipation que T.V.O.D, est directement inspirée du roman <em>« Crash ! »</em> de James Graham Ballard. Ballard est un écrivain anglais qui va connaître le succès avec ce roman publié en 1973. Le livre raconte l’histoire d’un personnage fasciné par la sexualité des accidents de voitures. Ballard dépeint un monde moderne fait de béton où la voiture et les moyens de transport sont omniprésents. Daniel Miller singe au maximum le style ballardien, empruntant des paroles à l’auteur de Crash et usant tout au long du morceau d’un style glacial et détaché pour narrer l’action : Il décrit froidement deux personnes en train de faire l’amour dans l'urgence pendant que leur voiture accidentée crame à vitesse grand V. <strong>Warm Leatherette</strong> est une allusion à la banquette en similicuir de la voiture qui a tendance à se mélanger à la chair humaine pendant que l’incendie de la voiture accidentée avance et que les protagonistes font l'amour. Comme le bouquin de Ballard, Daniel Miller a l'air se demander pourquoi la société accepte une telle perversité technologique ? Le côté répétitif de la musique et la voix monocorde de Miller semblant être un exercice de style pour traduire la prose de J.G. Ballard musicalement.</p>
<p>La presse spécialisée apprécie le single. Jane Suck, une journaliste freelance qui écrit pour l’hebdomadaire Sounds et a traîné ses guêtres avec Siouxsie et les Sex Pistols se procure le simple chez Rough Trade et s’enthousiasme dans une chronique où elle présente à ses lecteurs <em>« le single du siècle »</em> accompagné d’une photo du test pressing. Daniel Miller est estomaqué et n’est pas au bout de ses surprises : le single commence à se vendre raisonnablement, les critiques sont plutôt bonnes et le feedback européen où Rough Trade a commencé à s’implanter est plutôt positif.</p>
<p>Outre-Atlantique, le single passe inaperçu à l’exception des <em>« College Radios »</em> et d’une minorité de spécialistes. Miller remarque rapidement que le fait d’avoir mis son adresse au verso du single lui assure de recevoir très rapidement des démos et cassettes d’artistes en herbe semblant penser que Mute est bel et bien un label à part entière. <em>« En sortant un disque, je suis devenu une maison de disque. J’ai rencontré des français qui voulaient sortir le single sur leur sol, Seymour Stein de Sire voulait en faire autant aux Etats-Unis. »</em> Quelques mois après la sortie de son single, Daniel Miller se retrouve embarqué presque sans le vouloir dans une extraordinaire aventure. L’histoire de Mute peut débuter.</p>
<p>En 1980, Warm Leatherette sera repris par Grace Jones qui intitulera carrément son album du nom de la chanson.</p>