Très loin de la mafia fantasmée par Hollywood, Gomorra est une descente aux enfers dans les bas fonds de Naples. Dans cette adaptation du livre sensation du même nom de l’écrivain de Roberto Saviano (dont la tête est mise à prix et qui vit sous une fausse identité et protection policière), pas de Vésuve, pas de baba au rhum, pas de Christ, pas de pizza, pas même de langue italienne : on parle le napolitain « stretto », « serré » qui n’a qu’un très lointain rapport avec la langue toscane.
L’adaptation du bouquin de Saviano se propose d’aborder la camorra sous les différents aspects qu’elle peut prendre aujourd’hui dans le sud de l’Italie : Gamins à la dérive se prenant pour Tony Montana ou à la recherche d’une famille, parrains paisibles, travailleurs au black, bandits ultras violents sans oublier le camorriste en col blanc. Les personnages ne sont pas attachants ou fascinants, le réalisateur ne prend jamais parti et c’est sans doute ce qui fait la force du film : montrer de façon réaliste la misère humaine, la bêtise crasse, l’ignorance, la vulgarité et la médiocrité de cette camorra qui remplace un Etat défaillant et absent. Cette peinture crue de la mafia est tournée quasiment comme un documentaire ; pas d’effets cinématographiques superflus, pas de musique.
Tout simplement désespérant.