Hier soir, j’ai contemplé l’Incroyable Histoire de Benjamin Button qui m’a totalement bouleversé. J’ai quitté la salle très très émue aux larmes, tout en ayant le sentiment d’avoir vu un chef d’œuvre.
C’est un film très bouleversant, très beau et fascinant.
J’en avais déjà lu la nouvelle par mon écrivain favori, Francis Scott Fitzgerald qui m’avait déjà beaucoup remuée. Ce n’est pas une de ses meilleures nouvelles, mais elle est parmi les plus touchantes qu’il ait écrites.
Il en a été inspiré par une phrase de Mark Twain : La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans, une phrase qui définit tout ce qui a été la vie de Fitzgerald ponctué de regrets…
Benjamin Button est un personnage fantastique dans tous les sens du terme. Un homme né vieux et qui rajeunit au fil des années et dont le destin constitue une dimension à la fin éblouissante et tragique. C’est un conte merveilleux sur la vie et la mort. Brad Pitt et Cate Blanchett livrent une excellente prestation. On est à la fois captivé par l’apprentissage de la vie de cet homme unique mais on est aussi à la fois angoissé à mesure qu’il rajeunit très rapidement.
David Fincher en a adapté une version très très libre à des années lumières de la nouvelle mais tout en conservant une certaine essence fitzgeraldienne que l’on ressens profondément dans le film et y incluant également certains détails de la vie de l’écrivain et de son œuvre.
L’amour de Benjamin, Daisy (interprété par Cate Blanchett) porte un prénom plus poétique que le personnage féminin de la nouvelle.
La passion intense entre Benjamin et Daisy rappelle celle de Gatsby et une autre Daisy, dont les rôles furent interprétés par un autre très beau blond Robert Redford et Mia Farrow. Il y a ces moments où l’on se dit que Brad Pitt a un certain jeu qui rappelle son aîné, cette grâce et cette classe tranquille, un Gatsby d’une autre époque…
Et cette Daisy de Benjamin Button si effacée et si insignifiante dans la nouvelle, est forte, indépendante, insoumise et qui poursuit une carrière de ballerine, n’est pas sans rappeler Zelda Fitzgerald, l’épouse, l’amante, la rivale de Francis Scott.
Le film est si parfait que l’on lui pardonne certains anachronismes et certains oublis par rapport à Fitzgerald, comme celle de traiter de la Seconde Guerre Mondiale alors que l’auteur est mort dans la pauvreté en 1940 et que le Benjamin Button de la nouvelle est né avant la Guerre de Sécession et a participé à la guerre contre le Mexique.
Fincher a inclus néanmoins une des obsessions de Fitzgerald, à savoir cet engagement militaire important pour l’auteur qui en aura des regrets ; les voyages qui constituaient une passion pour l’écrivain.
Pour ma part, ce film constitue aussi un formidable hommage à un écrivain et à une œuvre impérissable.
Les effets spéciaux sont stupéfiants, les décors de la Nouvelle Orléans somptueux.
Tous les seconds rôles, notamment les actrices Taraji P. Henson et Tilda Swinton sont remarquables.
La présence de l'actrice Julia Ormond est peut être un clin d'oeil qui évoque une autre passion intense dans un autre très beau film auquel participa Brad Pitt, Legendes d'Automne...
A la fin de sa vie, Fitzgerald était devenu un scénariste à Hollywood (un métier alimentaire qu’il méprisait profondément), il aurait été certainement fier de cette très belle adaptation…