Une "petite" review ressenti de la projection de "Spirits in the forest". La teneur parfois personnelle que prends le texte est dû au fait que je l'ai posté sur mon mur FB et qu'il est adressé à mes amis et à ma famille. Mais j'ai décidé de vous en faire profiter
Je souhaite en tout cas que vous preniez autant de plaisir à le lire que moi à l'écrire.
Ghost in the machine
Alors que je reviens du cinéma où je suis allé voir "Spirits in the forest", le rockumentaire consacré à six fans de Depeche mode et agrémenté de quelques extraits live des deux derniers concerts de la tournée "Global spirit" enregistrés à Berlin, je traverse des rues où des gens sont en train de s'enivrer dans les effluves du beaujolais nouveau à goût de je ne sais quoi tout en étant perdu dans mes propres pensées non alcoolisées mais qui fleurent bon une cuvée mémorable.
Je vais faire ici une première digression. Je dis première car très honnêtement je ne sais pas combien il y en aura mais je pense que cela ne sera pas la dernière.Tant pis pour vous! J'espère néanmoins que cela ne vous empêchera pas d'aller jusqu'au bout de ma prose si tant est que celle-ci vous intéresse. Et cette première digression est consacrée à l'objectivité. Je pense sans trop me tromper que pour certaines personnes qui connaissent mon engouement pour Depeche Mode, l'objectivité vis à vis d'eux à s’est fait la malle depuis un certain moment déjà, ce qui ne m'empêche pas de garder un esprit critique attention... Donc tenez le vous pour dit: "Je vais essayer d'être le plus honnête possible tout en faisant preuve d'objectivité", autrement dit je ne dis pas que ça et là il n'y aura pas un peu de mauvaise foi; d'accord? Je m'arrangerai avec ma conscience plus tard.
La première des choses avec laquelle je m'accorde c'est que ce documentaire est touchant. Et puisque de toute façon on arrivera à comparer à un moment ou un autre, autant le faire maintenant pour en être débarrassé. Et comme je n'ai pas assez de recul avec d'autres rockumentaires de ce types, je vais donc le faire avec le 101 consacré lui aussi à des fans de DM lors de la tournée "Music for the masses" en 1987 - 1988.
Dans celui-ci aussi donc on suivait des fans mais à bien y repenser, à côté de "Spirits in the forest", Il ressemble à un film de groupies. Ce n'est pas qu'il ne soit pas bon mais moins intéressant du coup. Il y a également des extrait live et les jeunes gens avec lesquels je ne m'identifiait pas à l'époque déjà n'apportaient pas grand chose si ce n'est leur plastique, leur goût pour une musique alternative et une certaine liberté de ton plus ou moins surjouée dans une Amérique de golden boys pas encore rattrapée par la réalité. Une certaine idée d'une jeunesse américaine quoi pour qui "Breakfast club" évoquait plus le nom du petit dej' de chez Mc Do que le film sorti en 1985 narrant l'histoire de jeunes gens blancs, hétérosexuels, issus de la classe moyenne et qui pourtant les décrit comme deux gouttes d'eau. Bien loin de mes préoccupations de provincial français de l'époque. Bon les filles étaient sympathiques cependant et quand je dis sympathiques je ne parle pas de leur caractère. Pour ceux qui pensent que je suis sexiste, commencez pas à me faire chier, j'avais 30 ans de moins et les hormones qui bouillaient. J'ai écrit ceux mais j'aurai pu mettre celles aussi sauf que l'écriture inclusive m'emmerde. Une autre petite digression en passant.
Là on touche à l'intimité des fans, des gens serait plus juste d'ailleurs. Pas seulement en allant les interviewer chez eux mais dans la façon dont ils se livrent face à la caméra pour nous raconter leur histoire et l'enchevêtrement que la musique de Depeche mode peut avoir avec elle. Une autre digression avant que j'oublie, flûte pour les deux du fond. Je ne saurai trop conseiller de regarder le documentaire qui a fait surface récemment intitulé "The posters came from the wall", une commande officielle mais qui a été plus ou moins "oubliée" par ses commanditaires sur les fans de DM. Un très bon pendant à "Spirit in the forest" et j'irai même jusqu'à penser qu'Anton Corbijn, le réalisateur du film s'en est inspiré pour partie, une très bonne chose selon moi, car n'étant pas juste un film de fans. Encore qu'il y ait une famille dedans vraiment flippante.
Bref, j'en étais où. Ah oui, l'intimité des gens.
Pas simple de raconter son histoire lorsque celle-ci est forte, touchante, bouleversante ou tout simplement intéressante pour le moins en se disant en plus que le monde entier va la voir et l'entendre parce que ce doc ce n'est pas la franche rigolade. C'est la vie, leur vie et on ressent très vite de l'empathie pour eux parce que nous leur ressemblons tout simplement. On sourit néanmoins quelques fois et on se marre aussi "Attention spoiler" lorsque une fan et ses copines se demandent ce qu'elles feraient si elles voyaient Dave Gahan le frontman du groupe. Je cite: "je lui donnerai (jetterai?) ma culotte". Elle est française bien évidemment. Elle le dit en français et je suis curieux de savoir si ça été traduit lors de sa diffusion hors des frontières francophones. Les anglo-saxons étant relativement coincés du cul, en public en tout cas. Pour ceux qui ont vu le doc, ne m'en veuillez pas si ce ne sont pas tout à fait ses mots, comme vous je ne l'ai vu qu'une fois et bien que doté d'une bonne mémoire je peux m'être emmêlé les pinceaux mais je suis sur d'avoir entendu le mot culotte!
Et fort de toutes ces histoires, c'est un peu de nous que nous voyons sur l'écran. Que ces histoires nous touchent de près ou de loin, elles représentent le microcosme d'une vie face au macrocosme du monde relié par le cordon ombilical de la musique de Depeche Mode. Sans elle nos vies seraient différentes à coup sur.
La réalisation légère presque effacée de Corbijn n'est pas étrangère à ce sentiment d'empathie. Il laisse les gens s'exprimer naturellement sans artifice de questions posées pour orienter son sujet. En ça, elle ressemble énormément à celle de son premier film "Control" sur la vie et la mort de Ian Curtis chanteur de Joy Division. Pas besoin d'effets de manches, son sujet est déjà assez fort pour éviter d'en rajouter.
Et toutes ces individualités finissent par se rejoindre dans ce que les fans de DM ont coutume d'appeler une messe (noire nécessairement) où le sacerdoce du prêtre/chanteur est de nous faire prendre du plaisir dans une communion hérétique où les ouailles les plus dévouées toutes de noires vêtues font preuve d'une vénération quasi mystique. Bon d'accord j'en fais un peu trop mais souvenez vous les plus anciens, souvenez vous et ne venez pas me dire que si vous ne l'avez pas vécu vous ne l'avez au moins pas vu. En tout cas c'est assez drôle à écrire pour un impie comme moi.
Sans que cela soit devenu la fête à la saucisse pour autant il y a sans aucun doute possible une vraie ferveur, un moment de partage entre le groupe et son public pendant les deux heures de concert. Et cette ferveur on la ressent à travers les extraits live de ces shows berlinois qui émaillent le doc en appuie de ce qu'a raconté tel ou tel fan et non pas juste pour nous les montrer. Jamais nous n'aurons été aussi proches du groupe qu'ici, véritablement à leur côtés jusqu'à en voir leurs rides sur leur visage, ce qui n'arrange pas vraiment le cas de la vieille pomme fripée... Il est notable aussi que le groupe ne soit pas interviewé ou que ne nous les voyons pas backstage et c'est une bonne chose car le doc aurait perdu son sens premier. Le plus fort reste quand même la réponse du public en parfaite osmose avec le moment présent et il me tarde de redécouvrir le concert dans son intégralité. Bien que celui-ci ait été tourné en plein air, l’image et les jeux de lumières sont juste sublimes. Anton vient de découvrir la 4k et là tout un monde s’ouvre à lui.
Juste, un autre parasitage, désolé. Vous vous souvenez plus haut lorsque je vous parlais d'objectivité. Si vous vous en souvenez. Hé bien! je me dois d'être honnête avec vous, j'étais à ces deux derniers concerts berlinois et les ayant vécu de l'intérieur mon objectivité en prends un coup forcément et c'est aussi pour ça que je dis redécouvrir que découvrir tout court. Surtout que j’ai mes deux secondes de gloire. Bon c’est pas un quart d’heure mais je ferais avec. De toute façon, ça me rends fier comme un paon. Il se trouve que durant l’extrait de « Never let me down » on voit en plein centre de l’écran un drapeau français. Je n‘étais pas le seul français présent sur place avec un drapeau me direz vous mais j’ai parfaitement reconnu les différents dessins que j’avais apposé dessus. Joie !
Puisque à un moment j’étais dans la parabole religieuse autant y revenir et vous dire que votre calvaire ou chemin de croix si vous préférez l'appeler comme ça est bientôt terminé. Je ne veux pas prêcher des convaincus, nous connaissons déjà la paroisse, je ne m’intéresse pas plus aux quelques brebis égarées qui à raison parfois sont partis adorer d’autres idoles, j’espère juste à travers ces mots, le plus humblement possible, vous avoir fait ressentir ce que vous avez déjà peut être vécu en étant en osmose avec des groupes, des écrivains, des personnes qui ne sont pas célèbres, que sais-je encore mais qui vous ont accompagnés tout au long de votre vie parfois même sans véritablement vous en rendre compte tout en étant présent dans les moments les plus importants et significatifs de celle-ci.
Quoi qu’il en soit j’espère également avoir répondu à la question existentielle que me pose certains de mes amis et ma famille à chaque tournée à savoir : « Mais pourquoi tu vas les voir plusieurs fois, c’est tout le temps la même chose ? »
La réponse est longue, complexe aussi je vous l’accorde, à l’image d’une vie de fan.