Chronique perso playing the angel

They talk and they talk. Discussions autour d'un titre ou d'un album, en studio ou en live.

Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 30 Oct 2008, 12:06

Bonjour à tous, je n’ai pas posté sur le forum si ce n’est pour me présenter. Mais je vous lis quotidiennement et réagis plutôt virtuellement qu’en m’engageant dans des réponses écrites. A côté de cela, je vous propose la production d’un article sur Playing The Angel. Maintenant que nous avons tous un peu de recul sur l’album et qu’un autre va venir, il est bon, à mon sens, de se pencher sur la dernière production en date. Ce texte écrit il y a déjà quelques temps a pour ambition de dépasser quelques préjugés que j’ai pu lire ici ou là sur l’album. J’ai comme l’impression que chez beaucoup l’oeuvre a été rapidement consommée pour être mis de côté et que l’on se contente trop facilement de la mémoire d’écoutes dont l’effet demanderait à être reconsidéré à la lumière de nouvelles écoutes. Si ce n’est pas le cas pour vous, partageons simplement ensemble l’expérience fournie de l’écoute que permet Depeche Mode par le biais de cette proposition d’article qui, je l’espère, vous contentera comme me contente chaque jour la lecture du forum.

Chronique Playing The Angel


Il faudrait réfléchir sur le sens du mot « bombe » appliqué depuis quelques années aux albums musicaux. Mais il n’est pas besoin d’une recherche fouillée sur le mot pour en saisir ici la métaphore. La bombe est à retardement et explose en faisant trembler le sol. Littéralement et techniquement, elle a une finalité destructrice. Pour la musique, nous retiendrons les premiers éléments mais pas le dernier ; on pourrait à la limite évoquer les effets destructeurs de la musique sur la psyché, lorsque l’écoute s’accompagne notamment de certaines substances mais cette situation n’entre pas dans la présentation que je vous propose de Playing The Angel.

Beaucoup d’aimants du groupe ont qualifié cet album de « bombe », c’est ce que j’ai retenu, ce qui m’est parvenu. Playing The Angel est au départ un objet curieux, vivace, qui, comme tout grand ouvrage, échappe au départ quelque peu à la compréhension.
J’accorde beaucoup d’importance à l’image mentale que l’on se fait d’un disque au fur et à mesure de ses écoutes. Cette image se forme d’abord sous l’influence de la pochette dans sa composition. Classiquement, les pochettes de Depeche Mode donnent dans le noir pour orienter notre écoute vers l’introspection et le retranchement, la musique se chargeant de préserver paradoxalement cet élan de vie, cette énergie propre au groupe.
La présentation tend ici vers le galvanisé et l’esquisse, ce qui ne nous place pas tout de suite dans une coupure avec le monde. Ainsi l’écoute en ses premières occurrences est totalement livrée à elle-même et le regard porté sur la pochette posée ici sur la table ou sur le lit ne permet d’adoucir les effets diversement péremptoires et métalliques de la musique. Playing The Angel trouve sa formidable unité dans la démultiplication, tel un objet fractal. La rivière de diamants coulant au refrain de Damaged People en est un exemple. A la différence d’Ultra qui suit un parcours, un itinéraire, Playing the Angel est dans un éclatement permanent des formes. Il convient alors de partir de son centre pour aller ensuite vers la périphérie. C’est là mon image mentale de l’album.

J’ai lu à plusieurs reprises que les deux titres chantés par Martin Gore avaient le physique de morceaux ayant leur place dans un album solo. Ce jugement hâtif est encore révélateur de la nécessité de l’écoute répétée. Macro s’insère parfaitement dans l’état d’esprit démodien – encore faudrait-il redéfinir cet état d’esprit, je ne m’attarderai pas à cette tâche aujourd’hui ! Le morceau prend naissance dans un chaos rythmique fascinant, mystérieux, une formidable alchimie de retards qui donne cet effet d’arythmie ; la bombe peut exploser à tout moment. Les couplets sont altiers, tel un chant apache, et le refrain fait ressortir le scintillement des anciens synthétiseurs analogiques, un peu comme un musicien baroque jouant sur instruments d’époque. Cet effet se retrouvera dans le sublime mais sous-estimé Damaged People, l’autre morceau chanté par Martin Gore, spécialement dans la montée du refrain où de vivantes opales viennent charmer l’oreille.

Precious, véritablement pivot de l’album, est ce morceau aérien qui permet un instant à l’auditeur de se défaire de la tonalité plutôt sombre et de tout le matériau très chargé de l’album qui au départ peut décourager. Precious a la même fonction ( je parle de fonction, non de valeur ) qu’ Enjoy The Silence dans Violator. En dehors de ce point commun de la place stratégique, Enjoy The Silence est peut-être plus audacieux du point de vue thématique, grâce à sa fameuse structure ternaire qui est pour beaucoup dans la structure du morceau. Bien que le texte de Precious soit plus pessimiste, les deux chansons ont en commun la joie extatique qu’elles installent pendant l’écoute dans un forme de mécanique céleste.

Ce petit cœur de Playing The Angel alimente un corps robuste et dynamique. Cette force, cet éclat participent à ce formidable paradoxe que nous connaissons tous dans la musique de Depeche Mode : l’énergie dans la souffrance. « Peine et souffrance en différents tempi » indique avec beaucoup d’élégance le sous titre. A partir de ce fil directeur s’enchaînent les morceaux avec, globalement, un son très chargé qui ne permet pas de bien singulariser les titres entre eux lors des premières écoutes. Playing The Angel nécessite vraiment des écoutes multiples. Rien qu’en tenant compte des trois premières plages, on comprend que la bombe Playing The Angel vise plusieurs cibles en même temps, le programme commence en effet par trois single qui porteront les concerts de la formidable tournée qui suivra.
Avant cela, il faut vraiment entrer dans la structure, s’imprégner de l’ensemble pour se défaire de l’effet de saturation : les premiers accords de A Pain, les envolées de John The Revelator, la rythmique de Suffer Well, la fin de The Sinner In Me. A termes tous ces éléments qui paraissent en surplus se légitiment et prennent place dans nos survenances émotionnelles. Il reste que l’image sonore globale de l’album est diffractée, et c’est par ce mélange d’énergie et de pessimisme que l’on peut parler d’un album torturé. On pourrait placer à la suite des éléments relevés plus haut, les aplats de matière que l’on subit dans The Darkest Star et qui achèvent de donner à l’album son image de relief multiforme, dans la violence. Peut-être sont-ils allés trop loin dans cet effet, je ne sais pas. Pour cette raison et cette raison seule, The Darkest Star est, avec Lilian, le seul titre pour lequel j’aurais quelques réserves à émettre.

La grande surprise dans la découverte de cet album, fourni et indéfiniment riche, est la participation de Dave Gahan comme auteur, aidé entre autres par Christian Eigner et A. Phillpott. Il y a dans ses trois morceaux bien plus que la perspective d’un rock libre et charnu proposée dans Paper Monsters. On perçoit ici une épaisseur supplémentaire conforme à l’univers esthétique du groupe. Suffer Well, c’est un déferlement tragique ( les vagues thématiques commentant le refrain ! ) à travers un texte très clair. I Want It All, pur joyau, joue davantage sur la finesse. Peu d’éléments, du vide, pour un propos centré sur la place du désir dans l’existence et la frustration. La métaphore de la rivière ( « I see a river… » ) participe à cette réflexion avec au bout, la mort, ou du moins l’arythmie cardiaque qui sera choisi en guise d’ouverture des concerts. Cette chanson, ou plutôt cette ode ( funèbre, pour soi ) constitue paradoxalement l’un des rares moments de calme dans l’album, elle sonne à mes oreilles comme un lied allemand.

Enfin il y a ce chef d’œuvre qu’est Nothing’s Impossible. Repris ici temps par temps.
Un début très chargé, confus, une masse sonore importante mais ça avance, on s'y fait bien par la suite.
Cette masse est nuancée par une petite accroche thématique mystérieuse qui mène au premier couplet.
Le premier couplet installe vraiment le climat émotionnel de la chanson, avec cette voix du chanteur retravaillée, robotisée. Le rythme est représenté au niveau sonore je ne saurais te dire comment, mais richement. On trouve dans ce premier couplet une nuance harmonique incroyable sur " i need a mircle to help me this tiiiiiime " : le son se prolonge sur "time" avec en même temps un son grave, ce qui donne quelque chose de chaleureux, et en même temps de retenu. Une fraction de secondes qui portent le morceau, participent à la représentation mentale que l'on s'en fait.
Entre le couplet et le refrain, quelques sons électroniques imposants viennent briser le spectre sonore général. Au début on trouve que c’est trop, mais par la suite ils forment une composante mélodique primordiale dans l'anticipation de l'écoute. Maintenant, quand ils arrivent, je fais toujours des gestes pour mimer leur intervention.
Even the stars look brigther tonight...
Le refrain, très court, fondu dans l'ensemble, accomplit l'émotion installée jusqu'ici. Le texte, le message même ( n'ayons pas peur de le dire ), ressortent davantage. Encore un alliage sonore très subtil sur "love at first sight", une sorte de dissonance gommée par l'électronique qui produit un effet aussi vibrant qu’au moment de déguster un met la partie essentielle produisant le goût se sépare de l'ensemble et vient passer au coin de la bouche.
Les morceaux de Depeche Mode s'achèvent souvent sur un moment proche de l'improvisation. La guitare joue en général ce rôle. C'est le cas ici, avec une lancée de la guitare qui sembler trop travaillée au niveau sonore ( presque cristalline, pas assez électrique ), mais qui pourtant se place parfaitement dans la logique du morceau. Sur scène, lorsque Martin Gore joue ce type de passages, Dave Gahan court sur la scène de long en large, comme un aveugle ivre, la gueule ouverte, conduit par son pied de micro.
Le titre s'achève sur d’autres accords, plus séparés et clairs, ceux qui structuraient le morceau, plus des notes en suspend à la guitare qui explorent un petit interstice harmonique. On entend derrière des restes de la base rythmique avec un son très riche.
Beaucoup trouvent ce morceau glauque. Pour moi c'est tout le contraire. Il diffuse une lumière splendide, il est sanguin, noble, fait passer un courant qui part des reins pour remonter jusqu'à la gorge.

Pour finir, je parlerai du mal aimé, l’instrumental Introspectre. En réagissant à ce morceau, certains sont allés jusqu’à remettre en question la nécessité de placer systématiquement un morceau purement instrumental dans les albums. Je ne pense pas qu’on puisse porter ce jugement à partir d’Introspectre. Certes il n’a pas la force d’un Pimpf, il ne met pas une machinerie implacable comme dans Painkiller. En vérité, il faut l’admirer dans sa pure négativité, dans le vide absolu qu’il constitue. Au moment où il intervient dans l’album, les choses s’arrêtent et l’esprit se laisse seulement entraîner par un motif mélodique du type questions / réponses. On a l’impression d’une vague musique de film, de choses déjà entendues et Martin Gore va en effet très loin dans le mimétisme musical. Et pourtant je pense qu’Introspectre garde sa singularité, bien qu’il n’ait d’autre but que de créer des formes et de les faire aussitôt s’évanouir. C’est un passage, une porte entr’ouverte, qui donne une couleur à l’introspection autre que celle que l’on adopte dans I Want It All ou encore dans The Sinner In Me. Non ce n’est pas un morceau, mais un fragment, du temps pur. Et cela fait du bien dans un album rempli autant de tourments. Comme l’a montré la scène, ces tourments exprimés à la manière de Depeche Mode servent à nous animer, à nous propulser.
[I]
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Messagepar aaron » 30 Oct 2008, 15:16

C'est très joliment écrit. Très jolie lecture très personnelle de cet album que j'aime énormément.
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Messagepar K Sharon » 30 Oct 2008, 16:17

Bonjour,


Merci de nous livrer ainsi ton approche personnelle et très intime de l'album Playing The Angel. C'est une lecture en cela enrichissante et originale. Malgré quelques termes abscons qui raidissent parfois l'expression, ton éclairage est très intéressant.

L'entame et l'affirmation "Playing The Angel est au départ un objet curieux, vivace, qui, comme tout grand ouvrage, échappe au départ quelque peu à la compréhension." m'ont fait trébucher et perdre un peu d'entrain dans la lecture. Mais cela est un vaste débat, qui dépasse celui de l'album.


En conclusion de ta chronique, considères-tu que cet album est bel et bien une "bombe" à retardement (Cette expression n'est pas la tienne, mais tu en uses en préambule) ? Ou les écoutes répétées et appuyées que nécessiteraient la compréhension et l'appréciation justes de Playing The Angel ne signifieraient-elles pas que la création dans son ensemble laisserait simplement une trace par trop légère, et peu d'émotions pérennes ? La bombe n'est-elle pas dans l'effort de l'individu pour comprendre le mouvement de l'album et la richesse qu'il en retire, plutôt que dans l'album lui-même ?

Ceci n'est pas ma position, mais des questions qui me viennent en arrivant au terme de ta chronique et de cette recherche "mentale".
Merci encore et au plaisir de te lire plus souvent ;).
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Messagepar ftrapes » 30 Oct 2008, 20:06

Des choses intéressantes et justes, mais l'écriture est un peu trop précieuse et les analyses sibyllines...

In fine et en dépit des qualités d'écriture des trois derniers albums, ce qui pose problème c'est le son, ce fameux son Depeche Mode reconnaissable de Something to Do à Get Right with Me ; or depuis Ultra nous avons des mercenaires (certes liés au groupe) qui donnent leur vision du son Depeche Mode, parfois ils tombent juste : Sister of Night, Comatose, Nothing's Impossible, mais la plupart du temps ce n'est pas au niveau ; et ce n'est pas le déploiement d'artifices sonores qui change quoi que ce soit.

Ici le départ de Wilder est déterminant car en dépit des différents producteurs c'était bien lui l'artisan et le garant du son Depeche Mode, rappelons que DM forge son son sur CTA lorsqu'il est véritablement intégré dans le processus ; le seul qui aujourd'hui comprenne et maîtrise parfaitement cette idiôme est à mon avis Flood, il n'y a qu'à voir ce qu'il a réussi à faire sur Freelove, le seul vrai morceau de DM (dans son mix of course) depuis 15 ans et avec fort peu de moyens....

Bref à voir avec Ben Hillier, espérons que ce sera mieux que sur le précédent, trop brouillon (le son, toujours...)...

Pour K sharon : sur l'aspect incompréhensible des grandes oeuvres, c'est effectivement inexact ; disons plutôt que dans le même temps une oeuvre digne de ce nom offre beaucoup et que dans le même temps elle retire, si bien qu'une part d'elle-même semble toujours hors d'atteinte ; ce n'est en aucun cas un problème de compréhension puisque nombre de grandes oeuvres sont parfaitement limpides, telle page de Mozart, tel poème de Rimbaud (au hasard le Dormeur du Val, c'est sûr pas tous les autres), tel Miro ou Rothko, etc....

A côté de ça des oeuvres posent de réelles problèmes de compréhension, Ulysse de Joyce, l'Art de la Fugue....




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Messagepar ventilateur » 30 Oct 2008, 21:15

ftrapes a écrit:Freelove, le seul vrai morceau de DM (dans son mix of course) depuis 15 ans

Ah bon... c'est toi qui le dit :sarcasme:
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Messagepar ftrapes » 30 Oct 2008, 21:56

oui et là encore je parle du son, pas de la mélodie ou du texte....
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Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 30 Oct 2008, 23:06

K Sharon a écrit:Citation :
"Merci de nous livrer ainsi ton approche personnelle et très intime de l'album Playing The Angel. C'est une lecture en cela enrichissante et originale. Malgré quelques termes abscons qui raidissent parfois l'expression, ton éclairage est très intéressant.

L'entame et l'affirmation "Playing The Angel est au départ un objet curieux, vivace, qui, comme tout grand ouvrage, échappe au départ quelque peu à la compréhension." m'ont fait trébucher et perdre un peu d'entrain dans la lecture. Mais cela est un vaste débat, qui dépasse celui de l'album. "

Merci Aaron pour ton petit mot.
K Sharon, merci également pour ta réponse qui m’intéresse beaucoup. J’essaye d’être un peu inventif en écrivant sur la musique de Depeche Mode comme j’ai pu le faire avant sur celle de Beethoven ou de Mozart. Je comprends qu’une métaphore comme celle de la géométrie fractale peut avoir ses limites et qu’elle peut sembler, parmi d’autres, « absconse », je la limite simplement en son pouvoir suggestif, un peu comme on a recouru à ce modèle géométrique pour analyser la peinture de Cézanne. Les différents domaines humains peuvent se rencontrer, et la musique de Depeche Mode, ( j’aurai certainement l’occasion encore de le montrer autrement étant intéressé par ces premières réponses ), permet de dresse de tels ponts.
Lorsque j’évoque la résistance de l’ouvrage aux premières écoutes, je ne fais que retranscrire un phénomène culturel selon moi courant, à savoir que bien souvent les œuvres les plus riches et qui durent sont celles qui au départ dérangent, qui « tombent des mains » comme au moment de découvrir la Recherche de Proust. Cela est valable selon moi tant pour les œuvres du « patrimoine » que pour un album « pop ». Le talent agit souvent à contre temps. Je pense que même ( et surtout ) pour les choses qui sont définies artistiquement pour émouvoir, il faut apprendre à affronter une certaine difficulté. Les premières écoutes de Playing the Angel me paraissaient confuses, et il m’a fallu discerner. On sait depuis quelques années que l’émotion a trait au cognitif. Plus nous sommes exigeants avec nos expériences esthétiques ( comme on peut l’être, par exemple, en morale ), plus l’émotion a des chances de survenir. Mais au moment de la découverte, dieu merci, rien n’est évident.

Citation :

"En conclusion de ta chronique, considères-tu que cet album est bel et bien une "bombe" à retardement (Cette expression n'est pas la tienne, mais tu en uses en préambule) ? Ou les écoutes répétées et appuyées que nécessiteraient la compréhension et l'appréciation justes de Playing The Angel ne signifieraient-elles pas que la création dans son ensemble laisserait simplement une trace par trop légère, et peu d'émotions pérennes ? La bombe n'est-elle pas dans l'effort de l'individu pour comprendre le mouvement de l'album et la richesse qu'il en retire, plutôt que dans l'album lui-même ?"


Quant au prolongement de la métaphore de la bombe que tu proposes je le trouve tout à fait pertinent, il va dans le droit fil de ce que je précisais plus haut. Je me dis que ses efforts de réflexion engendrent d’autres pensées. Cela fait plaisir.



Ftrapes, j’avais bien en tête ton point de vue qu’on aurait pu attribuer à d’autres fans qui postent ici et je suis content de le lire tel que tu l’exprimes. La question du son est en effet déterminante et tout ce que tu avances est fondé « historiquement » et réaliste, sauf peut-être, après, au niveau des morceaux restants, ce qui devient plus subjectif.
Pour le caractère précieux de l’expression, j’entends bien et pour le caractère sibyllin de la réflexion, je prends cela pour un compliment. Je pense que l’écriture critique peut laisser place à l’imaginaire tout en se consacrant à un objet précis.

Mon point de vue est que, malgré les effets négatifs et les égarements possibles de la sous-traitance, un son a le droit de se transformer. Il me semble que le groupe a toujours revendiqué le changement, le déplacement des priorités stylistiques. Playing The Angel s’est fait vite et cette donnée me plaît, elle conditionne mon écoute. Personnellement, lorsque j’écoute l’album sur la route grâce à l’acoustique incomparable de la caisse du véhicule, je n’entends rien de brouillon et pour moi les machines vibrent, s’expriment et sont en totale harmonie avec les voix.

En tout cas merci à vous pour ces réponses qui apportent un éclairage autre.

Merci de nous livrer ainsi ton approche personnelle et très intime de l'album Playing The Angel. C'est une lecture en cela enrichissante et originale. Malgré quelques termes abscons qui raidissent parfois l'expression, ton éclairage est très intéressant.

L'entame et l'affirmation "Playing The Angel est au départ un objet curieux, vivace, qui, comme tout grand ouvrage, échappe au départ quelque peu à la compréhension." m'ont fait trébucher et perdre un peu d'entrain dans la lecture. Mais cela est un vaste débat, qui dépasse celui de l'album.

Merci Aaron pour ton petit mot.
K Sharon, merci également pour ta réponse qui m’intéresse beaucoup. J’essaye d’être un peu inventif en écrivant sur la musique de Depeche Mode comme j’ai pu le faire avant sur celle de Beethoven ou de Mozart. Je comprends qu’une métaphore comme celle de la géométrie fractale peut avoir ses limites et qu’elle peut sembler, parmi d’autres, « absconse », je la limite simplement en son pouvoir suggestif, un peu comme on a recouru à ce modèle géométrique pour analyser la peinture de Cézanne. Les différents domaines humains peuvent se rencontrer, et la musique de Depeche Mode, ( j’aurai certainement l’occasion encore de le montrer autrement étant intéressé par ces premières réponses ), permet de dresse de tels ponts.
Lorsque j’évoque la résistance de l’ouvrage aux premières écoutes, je ne fais que retranscrire un phénomène culturel selon moi courant, à savoir que bien souvent les œuvres les plus riches et qui durent sont celles qui au départ dérangent, qui « tombent des mains » comme au moment de découvrir la Recherche de Proust. Cela est valable selon moi tant pour les œuvres du « patrimoine » que pour un album « pop ». Le talent agit souvent à contre temps. Je pense que même ( et surtout ) pour les choses qui sont définies artistiquement pour émouvoir, il faut apprendre à affronter une certaine difficulté. Les premières écoutes de Playing the Angel me paraissaient confuses, et il m’a fallu discerner. On sait depuis quelques années que l’émotion a trait au cognitif. Plus nous sommes exigeants avec nos expériences esthétiques ( comme on peut l’être, par exemple, en morale ), plus l’émotion a des chances de survenir. Mais au moment de la découverte, dieu merci, rien n’est évident.


En conclusion de ta chronique, considères-tu que cet album est bel et bien une "bombe" à retardement (Cette expression n'est pas la tienne, mais tu en uses en préambule) ? Ou les écoutes répétées et appuyées que nécessiteraient la compréhension et l'appréciation justes de Playing The Angel ne signifieraient-elles pas que la création dans son ensemble laisserait simplement une trace par trop légère, et peu d'émotions pérennes ? La bombe n'est-elle pas dans l'effort de l'individu pour comprendre le mouvement de l'album et la richesse qu'il en retire, plutôt que dans l'album lui-même ?


Quant au prolongement de la métaphore de la bombe que tu proposes je le trouve tout à fait pertinent, il va dans le droit fil de ce que je précisais plus haut. Je me dis que ses efforts de réflexion engendrent d’autres pensées. Cela fait plaisir.



Ftrapes, j’avais bien en tête ton point de vue qu’on aurait pu attribuer à d’autres fans qui postent ici et je suis content de le lire tel que tu l’exprimes. La question du son est en effet déterminante et tout ce que tu avances est fondé « historiquement » et réaliste, sauf peut-être, après, au niveau des morceaux restants, ce qui devient plus subjectif.
Pour le caractère précieux de l’expression, j’entends bien et pour le caractère sibyllin de la réflexion, je prends cela pour un compliment. Je pense que l’écriture critique peut laisser place à l’imaginaire tout en se consacrant à un objet précis.

Mon point de vue est que, malgré les effets négatifs et les égarements possibles de la sous-traitance, un son a le droit de se transformer. Il me semble que le groupe a toujours revendiqué le changement, le déplacement des priorités stylistiques. Playing The Angel s’est fait vite et cette donnée me plaît, elle conditionne mon écoute. Personnellement, lorsque j’écoute l’album sur la route grâce à l’acoustique incomparable de la caisse du véhicule, je n’entends rien de brouillon et pour moi les machines vibrent, s’expriment et sont en totale harmonie avec les voix.

En tout cas merci à vous pour ces réponses qui apportent un éclairage autre.
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Messagepar ventilateur » 31 Oct 2008, 01:23

ftrapes a écrit:oui et là encore je parle du son, pas de la mélodie ou du texte....

Et bien tu dis n'importe quoi (je ferme la parenthèse) ;)




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Messagepar ftrapes » 31 Oct 2008, 02:16

argument(s) ? sinon je ne vois guère l'intérêt de tes "parenthèses"....

Le son DM, c'est un très grand étagement des différentes lignes, tout s'entend très distinctement avec peu de bruitages amélodiques (je rappelle que DM a inspiré nombre d'artistes par son son, c'est ce qui est le plus communément cité pour ce groupe) à quoi il faut ajouter une simplicité apparente reposant sur un entrelacement de lignes plus complexes mais claires (les fameux détails révélés par les remix) ; or dans Playing The Angel c'est tout l'inverse, difficile d'entendre certaines lignes de basse et les sons intermédiaires et beaucoup trop de bruitages ; je ne dis pas que le son d'un groupe ne doit pas évoluer, mais il doit le faire en gardant son identité, ce qui était l'un des grands points forts de DM.

Certes Mark Bell se rapproche de cette éthique, mais le traitement est trop digital, trop analogique chez Hillier, trop organique avec Simenon. Dm continue de faire des albums honorables, mais plus les oeuvres auxquelles ils nous avaient habitué par le passé, c'est aussi vrai de nombre de groupes (U2, Cure, NO, Kraftwerk), mais c'est dommage pour DM car le potentiel écriture de certaines chansons est encore là (Freestate, Shine, John the Revelator) ; de plus DM se fait prendre au jeu des influences évidentes (Barrel of a Gun/NIN, I am You/Massive Attack, I want it all/U2), ce qui n'était pas le cas avant. (Ce n'est pas une question de goût, j'adore les 2 premières chansons citées mais c'est du DM faisant du...)

Je ne suis pas victime de nostalgie, j'aime toujours beaucoup écouter DM, mais je crois que lucidement leurs derniers albums n'ont pas la valeur artistique des précédents et que l'histoire, cruelle mais juste, ne les retiendra pas...

Je prends les paris....




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Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 02 Nov 2008, 20:13

Ftrapes, je t’ai bien lu, j’ai appris certaines choses et encore une fois, sur certains points je ne suis pas d’accord…c’est là tout l’intérêt.

Je ne trouve pas les bruitages de Playing The Angel amélodiques. Ce que l’on entend à la fin de Suffer Well sonne littéralement comme une imprimante, un fax et métaphoriquement comme un tiraillement, une plainte, quelque chose qui peine à venir, comme le fait une mélodie. Il en est de même pour les sons beaucoup plus dérangeants qui traversent Nothing’s Impossible.

Ensuite, tu poses de nouveau le problème de l’identité sonore qui ressort de cet échange. Evolution et maintien d’une identité, tu sens comme moi que c’est un équilibre difficile à respecter. Penses tu que l’on puisse garder comme règle de produire de la musique en ayant le soucis constant de la ligne et de l’étagement, de la clarté des plans, et ce quelque soit l’époque, jusqu’au douzième, treizième album ? Pardonne cette formule un peu facile, mais l’identité se fait dans la diversité, et c’est ce qu’ils ont toujours revendiqué me semble t-il. Mais il y a le risque de se perdre, je sais.
Pour en revenir à l’album, je ne trouve pas les lignes de basses si illisibles que ça. Comme j’ai essayé de le montrer dans ma chronique, de manière peut-être trop imagée parfois, Playing The Angel n’est pas un album du continu, mais plutôt une forme en éclatement. La formidable basse très énergique de A Pain le montre tout de suite. Mais l’on entend tout ça.

Quant à savoir si l’histoire ( cruelle, je suis d’accord avec toi ) les retiendra ou non, lorsque l’on voit comment la sélection s’opère depuis une vingtaine d’années…cette question reste, pour ma part, très secondaire. Ce qui m’intéresse, c’est, alors que je suis en général plus enclin à m’intéresser à des œuvres du passé, de suivre la production d’êtres vivants de mon temps, quitte à être dupe d’une certaine manipulation, parce que la réunion de ces êtres a donné lieu à des chansons qui m’accompagnent toujours.
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Messagepar phinathom » 02 Nov 2008, 23:26

mouai mouai... :sarcasme:

mais ??... sinon ??... t'as aimé l'album ???




phinathom "rien compris moi...." :bigggrin:
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Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 02 Nov 2008, 23:35

Tout le volume non sonore de ma chronique témoigne de tout l'intérêt que je porte à cet alboum :bigggrin:

:)
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Messagepar Laharl » 03 Nov 2008, 00:26

J'ai lu quelques critiques de Playing the Angel un peu dans le même genre que la tienne.

Perso j'aurais tendance à te dire que tu te prends trop la tête. J'ai beaucoup de mal à imaginer Playing the Angel comme un album uni, basé sur une seule atmosphère (avec quelques ramifications), et une structure aussi précise que celle que tu as décrite. Il suffit simplement de connaître un peu la génèse de l'album pour s'en rendre compte. Les chansons écrites par Gore se sont étalées sur le temps depuis Exciter, Dave en a casé 3, Martyr a été exclue pour plus tard...

Je pense que c'est plus un album de chansons qu'autre chose. J'ai aucune peine à les écouter séparément, et les 5 premiers morceaux de l'album font presque un enchaînement de 5 singles ! C'est bon pour les oreilles vu que c'est réussi, mais exit la continuité d'un Black Celebration (par exemple), ou Songs Of Faith and Devotion (plus dans les thématiques, cette fois-ci).

J'aime beaucoup Playing the Angel. Mais à l'instar de Violator ou ULTRA, je ne le classe pas parmi mes préférés, pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'une collection de chansons (et pas mal de singles potentiels ou réels) plutôt que d'un album carré, uni, et particulièrement ancré dans son époque.
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Messagepar ventilateur » 03 Nov 2008, 13:52

ftrapes a écrit:argument(s) ? sinon je ne vois guère l'intérêt de tes "parenthèses"....

Tu as raison mais j'ai la flemme de développer :rougir:

Je trouve simplement que tu exagères beaucoup. It's No Good, Sister Of Night, Insight ou The Sinner In Me, Precious et même The Darkest Star sur Playing The Angel sonnent typiquement DM...
Depeche Mode. What else ?
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Messagepar Stjarna » 04 Nov 2008, 23:28

ftrapes a écrit:In fine et en dépit des qualités d'écriture des trois derniers albums, ce qui pose problème c'est le son, ce fameux son Depeche Mode reconnaissable de Something to Do à Get Right with Me ; or depuis Ultra nous avons des mercenaires (certes liés au groupe) qui donnent leur vision du son Depeche Mode, parfois ils tombent juste : Sister of Night, Comatose, Nothing's Impossible, mais la plupart du temps ce n'est pas au niveau ; et ce n'est pas le déploiement d'artifices sonores qui change quoi que ce soit.

Ici le départ de Wilder est déterminant car en dépit des différents producteurs c'était bien lui l'artisan et le garant du son Depeche Mode, rappelons que DM forge son son sur CTA lorsqu'il est véritablement intégré dans le processus ; le seul qui aujourd'hui comprenne et maîtrise parfaitement cette idiôme est à mon avis Flood, il n'y a qu'à voir ce qu'il a réussi à faire sur Freelove, le seul vrai morceau de DM (dans son mix of course) depuis 15 ans et avec fort peu de moyens....

Bref à voir avec Ben Hillier, espérons que ce sera mieux que sur le précédent, trop brouillon (le son, toujours...)...

Je suis entièrement d'accord avec toi, même si je n'aurais pas exactement cité les titres que tu donnes en exemple.
ça fait plaisir de voir que l'on n'est pas seul à penser cela! :bigggrin:

Le son DM, c'est un très grand étagement des différentes lignes, tout s'entend très distinctement avec peu de bruitages amélodiques (je rappelle que DM a inspiré nombre d'artistes par son son, c'est ce qui est le plus communément cité pour ce groupe) à quoi il faut ajouter une simplicité apparente reposant sur un entrelacement de lignes plus complexes mais claires (les fameux détails révélés par les remix) ; or dans Playing The Angel c'est tout l'inverse, difficile d'entendre certaines lignes de basse et les sons intermédiaires et beaucoup trop de bruitages ; je ne dis pas que le son d'un groupe ne doit pas évoluer, mais il doit le faire en gardant son identité, ce qui était l'un des grands points forts de DM.


Encore une fois merci! C'est exactement ça, exprimé de façon on ne peu plus claire et limpide! :bigggrin:
Je me rappelle, étant plus jeune, avoir passé des heures entières à écouter certains titres au casque, encore et encore, et à chaque fois j'avais la surprise de découvrir un bruit nouveau, un son qui passe de droite à gauche, furtivement, bref, quelque chose...
Le "son" DM, juste le son, pas les paroles ni la mélodie, est clair, très clair, simple en apparence mais en fait très riche et très complexe à la base.
Je suis génée aujourd'hui par un sentiment de "saturation" sonore, je ne sais pas trop comment l'exprimer...
Je ne sais pas, les mélodies sont toujours là, mais les petits "bruits" ne sont plus à son service...
ce que je veux dire c'est que le travail du son, à l'époque Wilder, consistait à essayer de véhiculer les émotions ou donner une profondeur à la mélodie en créant une atmosphère sonore discrète pour donner du corps à la chanson (je fais de mon mieux pour essayer de m'expliquer, ce n'est pas facile).
Wilder n'est pas un mélodiste comme Gore et en solo ces titres ne donnent pas vraiment grand chose car il n'a pas le pouvoir de créer des titres "accrocheurs", mais il a ce don, celui de faire parler les sons... et il a emporté sa magie avec lui...
C'est pourquoi j'aime quand même écouter les titres de Recoil, car j'y retrouve ce que j'ai perdu chez DM le jour où il est parti... ce plaisir de "plonger" dans la musique, avec la simplicité mélodique et le côté accrocheur en moins... pour Recoil bien sur.
Pour DM, reste la "pate" inimitable de Gore mais il manque désormais quelque chose...

Je suis d'accord, le son c'est l'identité d'un groupe et on peut garder son "son" tout en évoluant, l'un n'empeche pas l'autre!




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Messagepar exJCiter » 05 Nov 2008, 01:09

A peu près OK avec ftrapes, sauf que je pense qu'on ne doit pas voir un "effet Wilder" dans CTA (et le remix de flood ... beurk! ).

Playing The Angel a été présenté comme un retour aux sources.... à mon sens ils sont justes remontés un peu trop loin :)
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Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 14 Nov 2008, 09:50

[quote="exJCiter"][/quote]
[quote]Playing The Angel a été présenté comme un retour aux sources.... à mon sens ils sont justes remontés un peu trop loin :) [quote]

Oui, j’ai remarqué également qu’il a été « présenté comme » un retour aux sources mais, de mon côté, je ne le perçois pas dans la musique et ne peux donc penser qu’ils sont allés trop loin dans ce sens. C’est peut-être un retour aux sources du point de vue de l’instrumentarium ( on a parlé d’anciens synthétiseurs analogiques, je crois ), mais pas du point de vue de l’usage qui en a été fait.
Liens vers mes films, univers esthétiques :
sur ARTE Creative http://creative.arte.tv/fr/space/univer ... /messages/
sur vimeo http://vimeo.com/user5739084
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Messagepar Vivre Avec Depeche Mode » 14 Nov 2008, 09:52

Laharl a écrit:J'ai lu quelques critiques de Playing the Angel un peu dans le même genre que la tienne.

Perso j'aurais tendance à te dire que tu te prends trop la tête. J'ai beaucoup de mal à imaginer Playing the Angel comme un album uni, basé sur une seule atmosphère (avec quelques ramifications), et une structure aussi précise que celle que tu as décrite. Il suffit simplement de connaître un peu la génèse de l'album pour s'en rendre compte. Les chansons écrites par Gore se sont étalées sur le temps depuis Exciter, Dave en a casé 3, Martyr a été exclue pour plus tard...

Je pense que c'est plus un album de chansons qu'autre chose. J'ai aucune peine à les écouter séparément, et les 5 premiers morceaux de l'album font presque un enchaînement de 5 singles ! C'est bon pour les oreilles vu que c'est réussi, mais exit la continuité d'un Black Celebration (par exemple), ou Songs Of Faith and Devotion (plus dans les thématiques, cette fois-ci).

J'aime beaucoup Playing the Angel. Mais à l'instar de Violator ou ULTRA, je ne le classe pas parmi mes préférés, pour la simple et bonne raison qu'il s'agit d'une collection de chansons (et pas mal de singles potentiels ou réels) plutôt que d'un album carré, uni, et particulièrement ancré dans son époque.

Je réponds ce matin à tes remarques Laharl.
Je n’ai pas écrit que Playing The Angel était un album uni où tous les morceaux étaient nécessairement solidaires les uns des autres. Je l’ai d’ailleurs comparé à d’autres albums qui avaient un caractère beaucoup plus continu et pour celui-ci je parlais au contraire de « forme éclatée », ce qui n’est pas pareil et correspond à toute la dynamique que je perçois à l’écoute du disque. Mais qu’il reste une structure que l’on peut ressentir tout au long de l’écoute, oui je continue de le penser indépendamment des conditions de réalisation, comme tu le soulignais. Cela ne m’empêche pas d’écouter également les morceaux séparément.
D’ailleurs, à ce propos, j’ai tendance à considérer les morceaux eux-mêmes comme des œuvres. Il ne faut pas attendre d’avoir un album entier pour avoir une œuvre, de même qu’il ne faut pas attendre d’avoir une série pour avoir un tableau.

Quant au fait de ne pas être particulièrement ancré dans une époque, je trouve cela plutôt gratifiant pour un disque. A mon sens, c’est loin d’être une condition nécessaire et suffisante pour la réussite d’un opus. On peut ressentir toute la pertinence de l’historicité de Construction Time Again mais après, c’est plutôt l’exploration de sentiments, d’affects qui, à mon sens, est intéressante chez Depeche Mode, quelque soit l’époque. Et je sens le prochain comme encore plus déconnecté de la réalité de notre époque ( encore faudrait-il pouvoir qualifier celle-ci, ce qui est une autre question… ).

Pour ces critiques un peu dans le même genre que la mienne, si tu pouvais me retrouver quelques liens, merci d’avance.
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