nexus6 a écrit:Je vais abandonner... Elle est où la musique? Dans Stripped y'avait des nappes de synthé! Oui ils ont vieilli etc, mais bon son sang là on a un amas de sons posés ça et là, ça ne ressemble à rien.
Pour le reste ça fait déjà vu: un bout de In chains, un bout de a pain...
Ce que j'ai à dire personnellement de ce nouveau titre est inséparable de la manière très particulière par laquelle je l'ai découvert. J'ai eu en effet la chance de participer à la conférence de presse et donc d'entendre et de « voir » le titre. Dans la salle de la gaieté lyrique, le son était absolument puissant, très emballant mais un peu saturé et les voix étaient un peu dénaturées. L'acoustique était particulièrement bonne au moment du pont instrumental qui amène à la reprise plus affirmée du refrain. C'est plus décevant sur une chaîne mais prometteur pour les concerts. Je préfère cependant des transitions comme celle de New Born, beaucoup plus travaillée et imagée – effet de tunnel traversé à grande vitesse avec un motif obstiné proche de la cinquième de Beethoven. Ici, dans ces nouvelles quatre minutes, peu d'images me viennent à l'esprit, la fantasmagorie était plus nourrie à la découverte de Playing the Angel. Le « collage » qui accompagne le nouveau titre ( qu'on appellera « angel of love » ) est parfaitement monté et respecte bien la dynamique du morceau. Le titre remplit sa fonction de communication, dire : nous sommes de retour, préparez vous. Je lui trouve beaucoup d'intérêt, bien qu'il emprunte beaucoup de recettes modiennes antérieures, sauf peut-être pour la ligne de chant.
L'introduction, un peu grossière, mais réussie, nous place dans une atmosphère à la fois sévère et cotonneuse ( belles basses ). On retrouve ensuite la voix de Dave, plus « sale » que dans l'album de Soulsavers, plus décidée à dire qu'à chanter ( distinction qui existe dans certaines interviews du chanteur ). Le trait mélodique est cependant perceptible et tire clairement vers le blues.
Comme souvent, la ligne est ensuite brisée par des aplats sonores dont DM a le secret depuis maintenant longtemps. Leur grossièreté a presque quelque chose de fécal, mais ça passe sans problème. Ils sont doublés de traits de guitare qui permettront à Martin et aux preneurs de son , comme dans In Chains, de tester l'instrument, seulement sur quelques notes, en début de concert – car on a bien affaire ici, manifestement, à un morceau de lancement.
L'écoute débouche ensuite sur une parenthèse enchantée, qui contraste à tel point avec ce qui précède que le 23 octobre j'ai cru à un montage de plusieurs chansons. Ce moment suspendu, en même temps plus lyrique, fait office de refrain. Je perçois une très belle transition entre la voix de Martin et de Dave, entre le début et la fin du refrain. Ici Dave retrouve sa voix modienne plus épurée. Encore une fois on se projète dans le concert : Martin se manifestera vocalement, avec sa touchante expression d'apitoiement, pendant que Dave intériorisera en lui toute l'atmosphère du moment.
Le morceau reproduit alors cette structure ternaire, donnant ainsi au morceau un côté à la fois contrasté et prévisible, la répétition lasse un peu.
Enfin, Dave nous a prévenus à la conférence et dans les interviews donnés le même jour : l'album est moins « produit », il est plus spontané, direct. Ce soi disant parti pris esthétique ne cache t-il pas ces fameuses « journées de travail » détaillées ironiquement par Martin dans le film sur la réalisation de Sounds ? Ou l'âge oblige t-il à vouloir aller davantage à l'essentiel ? Mais cela ne peut tout excuser. Nexus faisait une comparaison juste avec un son comme celui de Stripped, même si les intentions dans les deux chansons ne sont pas les mêmes. Mais la comparaison nous ramène au principe, difficilement contournable, d'une production qui doit être des plus travaillées en matière de musique synthétique et qui me manque dans cette première proposition – quin'est peut-être qu'une esquisse.
Ma compagne, elle, est encore plus sévère avec le morceau. Si l'on compare encore avec Stripped, c'est la première fois qu'elle entend un son rythmique, des percussions aussi mal choisis chez Depeche Mode. Selon elle, c'est un morceau qui n'a pas d'autre fonction que le lancement, comme un réacteur qui s'éteint ensuite.
Wrong, lui, cette folle toupie, était beaucoup plus original, organique dans la forme et intriguant sur le fond. Ici, je le répète, un habile et percutant mélange de recettes modiennes, mais un morceau qui peine à trouver son identité et qui fatiguer pendant son écoute. Comme le dit Eiffel, peut-être est-il déjà affecté aux b-sides.