Disons que certains albums, sans être des chefs-d’œuvre, ont cette petite saveur particulière. J'ai découvert le groupe avec The Singles, en 2005. Plusieurs mois plus tard, sortait PtA. Il a donc un effet particulier sur moi. Je cautionne même des titres peu inspirés comme Macro (bien que certains sons font tout de même mouche, je trouve). Objectivement, ça ne doit pas casser trois pattes à un canard, mais, selon moi toujours, l'art exprime des sensations et en procure.
Ensuite, j'ai voulu acheter la discographie dans l'ordre chronologique. Arrive alors Speak&Spell, un ovni pop mielleux au gout de bonbon... Pas génial, mais comporte de belles promesses au niveau mélodique (Nodisco, si on oublie... le reste de la chanson et surtout Puppet). Et là, vient un album souvent descendu : A Broken Frame. Si mon esprit a réussi à esquiver brillamment les quelques titres encore plus mielleux que ceux de S&S, eh bien, je l'aime bien cet album. Certaines plages dégagent une certaine atmosphère que j'apprécie assez. Un gout un peu vintage et des sons plutôt inattendus. Quand j'écoute Monument ou My Secret Garden, j'ai l'impression de retrouver dans un décors un peu champêtre, un petit village gardé à l'abri du temps, avec ces grosses horloges suisse en bois. Certains titres de l'époque Construction Time Again me font également ressentir cela.
Mais fort est de constater que jusque 87, si l'évolution positive est évidente, les productions peuvent être inégales. Des titres monstrueux tels que Stripped, Blasphemous Rumours ou Shame côtoient des pistes plus approximatives ou moins inspirées comme It's Called a Heart (haha, vous vous en rappelez, de celle-la ?), It Doesn't Matter (première du nom) ou Love, In itself. A noter que l'album Black Celebration n'est pas loin d'être un grand album du groupe, c'est juste qu'il garde encore quelques petites lacunes (Sometimes, par exemple) qui font un peu tâche avec les tous grands Fly on the Windscreen, les QuestionS et le titre éponyme. Ce que dM apporte en 87, avec Music For The Masses, c'est justement ce tout cohérent, cette consistance qui manquait jusque là. L'album jouit d'une putain d'atmosphère assez malsaine et pesante (et pourtant moins métallique que pendant leur "trilogie berlinoise" à eux). Cela profite même à certains titres comme Strangelove. Si ce single était sorti à l'époque de Some Great Reward, il n'aurait été qu'une énième chanson avec une mélodie omniprésente et des paroles presque naïves sur le sentiment amoureux. En baignant dans la Potion Masses, ce titre a gagné une épaisseur indéniable, faisant de ses différents mixes autant de petits bijoux, malgré une formule de base bien usée par le passé.
Cette cohérence, on la retrouve dans à peu près tous les albums de dM depuis (à exception peut-être de SotU). Inutile, je pense, de revenir sur Violator, Songs of Faith and Devotion et Ultra (ma petite trilogie à moi), certainement les albums les plus complets et aboutis, jouissants tous d'atmosphères et de profondeurs qui vous prennent par les tripes. C'est pas pour rien si la plupart des titres joués en live viennent de cette époque...
Arrive ensuite Exciter. Je le dis d'emblée, je ne suis pas le plus grand fan de cet album-ci. Plus light, plus intimiste, d'aucuns ajouteront "plus bâclés"

Mais je pense qu'il peut aussi se savourer, d'une certaine manière. C'est le genre d'album à écouter assis sur une petite colline un été en contemplant un paysage plus naturel, calme et zen. Shine reste quand même une pépite, je trouve.
PtA est pétri de petits bidouillages plus ou moins pertinents, mais je le garde en bonne estime. De plus, c'est le dernier album vraiment mélodique du groupe, je trouve.
SotU a été une déception. Un mélange de S&S pour sa saveur un peu douteuse et rose bonbon et de PtA pour les bidouillages... Bref, pas leurs meilleurs côtés, même si je sauve quelques petits titres (Wrong, qui a le mérite d'être différent et brut, Corrupt, qui aurait gagné à être dans Delta Machine comme Strangelove en son temps et Little Soul, qui est un titre auquel j'ai tout de suite accroché, contrairement à beaucoup).
Arrive enfin Delta Machine. Il y a d'autres topics pour s'étaler sur lui. Disons juste que je le comparerais à Black Celebration : un album pas loin d'être vraiment bon, d'être un grand grand classique, mais au sein duquel se perdent quelques titres plus pauvres (Soft Touch est l'exemple qui me saute à la figure).