par jb » 14 Juil 2007, 14:45
J'ai eu peur. Pendant 15 longues minutes j'ai cru que le rock était mort et enterré. Déjà le fait que Joe strummer : the future is unwritten soit projeté seulement dans trois salles parisiennes me faisait craindre le pire. Mais alors entrer dans la salle 3 du MK2 quai de Seine et se retrouver dans une salle complètement vide, ça fout les jetons. Il faut dire que Harry Potter et le bal des pompiers concurrençaient grave l'enclume. Et puis, quelle idée de faire la promo d'un documentaire chez Rock & Folk ? Pas une affiche, pas une annonce dans les festivals de l'été au contraire de Control de Corbijn qui ne sort qu'en septembre.
Et puis les fans sont arrivés. Pas énormément, on s'est retrouvé une soixantaine un vendredi soir à 22 heures. Pas tous jeunes non plus, moyenne d'âge 30 / 40 ans. Et le documentaire de Julien Temple a pu commencer.
C'est la vie de John Mellor aka Woody aka Joe Strummer qui défile sous nos yeux par le biais d’images d’archives souvent inédites, d’extraits de concerts et via la voix off de l’émission de radio qu’il animait sur la BBC. Une enfance chahutée au grès des déménagements successifs, une adolescence qui verra le décès brutal de son frère happé par le néo-nazisme dans les années 70. Cette tragédie est sans doute un tournant dans la vie du futur leader des 101ers, des Clash et des Mescaleros qui ne cessera d’être révolté contre la société et de refuser toute sorte de compromis. La vie est trop courte pour tergiverser, il faut aller au bout de ses idées et se battre pour imposer ses points de vue.
Le documentaire de Temple n’est pas complaisant, il retrace la vie d’un une très grande honnêteté. C’est sans doute là la plus grande force de Julien Temple, Joe Strummer : the futur is unwritten montre bien que derrière le génie et la passion de l’artiste, il y a aussi un côté sombre, des coups de pute, des bagarres, des erreurs. De nombreux témoins ou amis n’hésitent pas à pointer les défauts d’un Strummer qui n’hésitait pas à se couper d’un monde pour en créer un autre. La seconde partie du film après le départ des Clash est ainsi particulièrement sombre. On y croise un héros fatigué, lessivé en proie au doute qui galère pour se réinventer et trouver sa place dans la société.
On regrettera simplement des absences (Paul Simonon) et quelques guests hors-sujets mais le film est tout de même un petit bonheur. Qui ne risque pas de rester longtemps à l'affiche malheureusement.
But of course darling it's normal