Vous aimez rire un bon coup ? les scénarios sans queue ni tête ? vous aimez la guimauve ? vous allez au cinéma pour oublier la noirceur du quotidien ?
Alors n’allez pas voir le dernier Ken Loach.
« It’s a free world », est dans la lignée des précédentes réalisations du cinéaste. Un film social sombre, réaliste, cruel et tranchant.
La situation se passe à Londres, pays où le libéralisme économique est généralement vanté pour ses vertus créatrices d’emplois. Angie, une demoiselle récemment licenciée, décide de devenir son propre patron en ouvrant une agence d’intérim spécialisée dans la main d’œuvre étrangère bon marché.
Loach nous propose de suivre son parcours, de la création d’entreprise à la gestion des factures, nous plongeant dans les rouages de l’entreprise jusqu’aux moments où Angie doit faire des choix plus que douteux pour s’en sortir et faire prospérer les affaires.
La vraie trouvaille scénaristique a été de mettre la caméra du côté de l’employeur. En général, les films sociaux ont pour habitude de suivre les opprimés, comme Loach l’avait déjà fait par exemple dans « Raining stones » ou « My name is Joe » (sur le chomage).
Dans « it’s a free world », peu de compassion mais plutôt un constat lucide de la complexité du monde du travail. L’intérêt du film est de montrer à quel moment et comment cette jeune entrepreneuse devient à son tour, volontairement ou à ses dépens (Loach nous laisse le soin de juger), un maillon de la chaîne qu’elle dénonçait quand elle n’était elle-même qu’une employée. En ne prenant pas parti et en laissant le spectateur être son libre arbitre, Loach délivre un film dérangeant, véritable photographie de l’angleterre actuelle et de sa gestion du travail, de la flexibilité des emplois, de l’immigration professionnelle et des sans-papiers.
La vie est une jungle et le dernier film de Ken Loach en est une froide illustration.
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