par The X Phil » 06 Juil 2007, 00:46
ouaip. je remets ici macritique postée ailleurs :
Bon, on va m'accuser de mauvaise foi, mais tant pis, j'me lance quand même : "Die Hard 4" fait la preuve par l'absurde du total génie de John Mac Tiernan. En confiant les rênes de ce quatrième volet au bourrin Len Wiseman ("Underworld" 1 et 2), les producteurs ont clairement signifié que tout ce qui les intéressait ici n'était pas les expériences visuelles et scénaristiques de Mac T, mais juste que ça pète dans tous les coins de l'écran. Résultat parfaitement atteint par ce film épuisant, bruyant, sous amphétamines, et bien trop long.
La différence entre ce "Die Hard 4" et le dyptique "Piège de Cristal" / "Une journée en enfer" (je laisse volontairement de côté le second volet réalisé par Renny Harlin, que j'ai revu récemment et qui est bien en dessous de ces deux là) est celle qui sépare un grand réalisateur doué d'une vision forte d'un tâcheron à la solde des studios. Le "concept" du personnage de Mac Clane et des films de la série se retrouve ici, mais poussé à un tel point que ça en devient souvent grotesque. Mac Clane est un héros malgré lui, qui se retrouve toujours dans ds situations pas possibles et s'en tire avec courage, persévérance, et beaucoup de chance. Dans les films de MacT, ça donne un personnage humain auquel on croit, même dans les pires extravagances. Chez Wiseman, il devient un débile profond (où est passé le héros qui s'obligeait à réfléchir dans les films précédents ?) qui traverse les explosions en butant tout le monde et en sortant des punchlines à gogo. Lorsque Wiseman se prend pour MacT, ça passe encore, on se rend juste compte qu'il n'en a pas le talent. Quand il commence à se prendre pour Michael Bay et à tout péter, ça devient franchement n'importe quoi. A ce titre, les scènes dans la centrale électrique et surtout la scène de destruction massive avec le F35 sont des sommets de portnawak qui ne rendent pas service au film.
Blockbuster décérébré bien loin des révolutions du grand John, "Die Hard 4" est-il pour autant un mauvais film ? Et bien finalement, non ! Quand il ne s'amuse pas à casser ses jouets comme un gros crétin, Wiseman livre même un superbe film d'action, carré, tendu, qui est un bel exemple de cinéma "à l'ancienne". A plusieurs moments, on retrouve l'esthétique et le style des action movies des années 80 et début 90 - ceux justement consécutifs à "Piège de cristal". Et en ces temps de numérique à tout crin et de SF à grand spectacle envahissante, on se dit que ça faisait un bail qu'on n'avait pas vu un film de ce genre là, avec des fusillades, des poursuites, des bastons, des explosions et des cascades en live... A certains moments, je me suis retrouvé comme en 88 devant le premier "Die Hard", et ça fait du bien.
Malheureusement, ce "travail bien fait" est sporadique dans le film, et on retombe trop souvent dans les travers du cinéma d'action récent. Il était intéressant de voir le personnage confronté à l'Amérique post 11 septembre, cette opposition entre une figure de héros classique et une situation moderne complexe. Là encore, on se dit que MacT aurait tiré quelque chose de fort de ça, ce que Wiseman ne fait jamais.
Restent des tas de raisons de se réjouir : les nombreuses scènes d'action (à l'exception de celles qui versent dans la surenchère), les dialogues savoureux, les références à la série (l'agent Johnson, "Yipee-kay motherfucker"...), les deux apparitions drôlatiques de Kevin Smith en nerd ultime, Cyril Raffaelli qui faitvraiment des trucs de fous (et ça rend bien mieux là que dans "Banlieue 13" !), une réalisation solide, le plaisir de retrouver John Mac Clane... Quelques trucs pas terribles quand même genre Timothy Olyphant qui en fait des tonnes en super méchant vraiment super méchant, Bruce Willis en roue libre et qui se repose uniquement sur le capital sympathie de son personnage, un scénario qui se barre en couilles et qui multiplie les péripéties inutiles...