par The X Phil » 17 Nov 2005, 15:36
Voilou :
Les chansons de ce disque sont plus connues que leur interprète, mais rien n'y paraît, et il semble, lui, les connaître intimement depuis toujours. On pouvait se douter, à l'écoute de ses productions antérieures trop discrètement diffusées, que Sylvain Chauveau avait fréquenté MM. Satie, Eno, Mark Hollis (de Talk Talk) et consorts. Voici son coming out de fan de Depeche Mode. Et voilà surtout les beautés qui nous avaient échappé dans le répertoire d'un groupe hâtivement catalogué en son temps parmi la clique honnie des garçons coiffeurs à synthé - il faut dire qu'ils y mettaient du leur. Qui a vu Martin Gore (sans son alter ego Dave Gahan) en dépouiller lui-même quelques-unes en concert pouvait déjà se faire une meilleure idée de leurs subtilités harmoniques. L'ami Chauveau prouve par a + b que parfois, sous la pétasse new wave coiffée au gel et bardée d'accessoires métalliques, sommeillait une princesse songeuse, parfaite à inviter pour le thé, juste habillée de quelques dentelles sonores - toute ressemblance entre de telles épures et les Nits période Ting n'est sans doute pas fortuite. Ce côté five o'clock tea pas du tout dansant peut induire certaine langueur. Mais la meilleure surprise vient de la voix de Sylvain Chauveau, qui épouse chaque mélodie d'une espèce de hardiesse prude, au bord d'être - ou de ne pas être - juste. Résultat : le flirt avoué devient disque de chevet, et l'album de passage fait une passerelle jetée vers un plus grand nombre d'auditeurs.