Recoil - Discussion, commentaire

[ventilateur]

Plus j'écoute SubHuman et plus je me dis que cet album est un chef-d'oeuvre.
Par contre, je trouve que le "I taste the tracks" extrait de Drifting est de trop sur Backslider



Edited By ventilateur on 1207396515

[K Sharon]

Par contre, je trouve que le "I taste the tracks" extrait de Drifting est de trop sur Backslider

Je suis aussi, en partie, de cet avis. Sans trop savoir comment l'exprimer, j'ai l'impression d'une "faute de goût" (pour autant que ce terme puisse être employé dans ce registre - et pour peu qu'on y mette de la mesure), d'un rappel trop appuyé ou d'un clin d'oeil trop flagrant aux références passées (pour ceux qui le relèvent, bien sûr).
Et dans le même temps, ce chuchottement traverse le morceau comme un souffle familier, une bienveillance ténue, comme la promesse, plus subtile celle-ci, que l'on est (si) bien dans le giron de Recoil. Une cohérence et une harmonie qui rassurent (pour ceux qui y sont sensibles).

Et au final, selon ces termes, je suis plus sensible que "heurtée" par cette parole.




.........Shasha...........

[ventilateur]

Par contre, je trouve que le "I taste the tracks" extrait de Drifting est de trop sur Backslider

Je suis aussi, en partie, de cet avis. Sans trop savoir comment l'exprimer, j'ai l'impression d'une "faute de goût" (pour autant que ce terme puisse être employé dans ce registre - et pour peu qu'on y mette de la mesure), d'un rappel trop appuyé ou d'un clin d'oeil trop flagrant aux références passées (pour ceux qui le relèvent, bien sûr).
Et dans le même temps, ce chuchottement traverse le morceau comme un souffle familier, une bienveillance ténue, comme la promesse, plus subtile celle-ci, que l'on est (si) bien dans le giron de Recoil. Une cohérence et une harmonie qui rassurent (pour ceux qui y sont sensibles).

Et au final, selon ces termes, je suis plus sensible que "heurtée" par cette parole.




.........Shasha...........

Le problème c'est que ça peut donner l'impression qu'Alan Wilder ne sait pas se renouveler.
Je trouve que cet extrait est bien trop évident et que peut-être il aurait dû être mis plus en retrait sur le mixage final.
En tous les cas, j'adore cet album, il est mon préféré de Recoil :fletch:



Edited By ventilateur on 1207398904

[mags]

La nouvelle version de www. recoil.co.uk est en ligne.

On trouve également depuis le 13 septembre une sorte d'EPK officiel sur YouTube (nous montrant les aventures d'Alan à Prague l'été dernier :bigggrin: )

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Edited By mags on 1221516315

[K Sharon]

Lettre ouverte d'Alan sur l'état de l'industrie de la musique, le téléchargement, depeche mode... the world outside and life in general : Side line

Si vous n'avez pas de problème avec l'anglais, précipitez vous dessus.

Je n'ai pas vraiment de problème personnellement, mais si quelqu'un voulait bien traduire ....

...........Shasha.............(Si j'ai deux minutes, ...)............

Deux minutes (... et 7 mois) plus tard, voici une traduction de l'interview d'Alan Wilder pour Side-Line.
5 parties :




Recoil/Alan Wilder. "De la musique pour les masses. Je ne pense pas."


Avant-propos de l'éditeur : Fin janvier 2008, nous avons contacté Alan Wilder (Ex-Depeche Mode) pour la rédaction d'un article sur le marché de la musique en mouvement, et sur son propre positionnement vis-à-vis de cela. Notre demande a coïncidé avec l'annonce de la sortie pour le 25 février du cd single "Prey/Allelujah" en édition limitée, qui contre toute attente ne fut pas entreprise par le label, mais par des fans russes. L'interview a rapidement pris la forme d'une lettre ouverte d'Alan Wilder...



Nous vivons dans un monde de technologie ; elle s'infiltre dans absolument tout ce qui revêt un aspect scientifique. Sa vitesse de croissance et de développement est telle que nous ne pouvons même plus la rattraper. Alors pourquoi, dans cette avancé technologique pérenne, la qualité du son regresse-t-elle ? La musique sonne moins bien à nos oreilles. Nous avons cessé d'écouter, car nous n'en avons plus le temps. Nous avons seulement le temps d'être bousculés par le souffle du plus brusque, aguicheur et médiocre son imaginable, jusqu'à fatique de nos oreilles et envie de passer autre chose. Pourquoi les annonces publicitaires à la télé sont-elles deux fois plus présentes que les programmes classiques ?
Dans cette "guerre du volume sonore", c'est bien la seule façon d'attirer notre attention.


Ces derniers années, un changement des procédés technologiques s'est invité dans l'élaboration même des albums. Pour parvenir à un niveau accrocheur et compétitif, les responsables artistiques des maisons de disques, producteurs, mais aussi les artistes eux-mêmes demandent à ce que, par compression digitale, les arrangeurs forcent le son un cran au-dessus ; si bien que toute la dynamique du morceau est odieusement sacrifiée.

(La compression augmente principalement le volume des éléments les plus ténus d'un mix, tout en maintenant la ligne des éléments les plus forts).


L'effet d'une compression excessive est l'atténuation du son dans ses détails et le rapt littéral des émotions ; les auditeurs sont laissés ainsi sans transport. En réalité, et pour se protéger, l'oreille compresse naturellement les volumes élevés ; ceci explique que la compression et le volume sonore sont communément associés. La sophistication de nos cerveaux humains a évolué en cela que nous faisons attention au moindre son fort ; ainsi initiallement les sons compressés sont plus attirants à nos oreilles. Mais cela est de courte durée. Après quelques minutes, la recherche a révélé que les volumes élevés constants deviennent ennuyeux et fatigants.

Le vrai attrait et l'excitation véritable demeurent dans les variations de rythme, de tonalités, de nappes et de dynamique dans toutes ses déclinaisons ; ensemble cela crée une vraie ambiance spatiale et chaleureuse, chose que vous aurez peine à (re)trouver dans une grande partie de la musique pop rock actuelle. Pour prendre un bon exemple, prêtez attention à "I Bet You Look Good On The Dance Floor" des Arctic Monkeys et à ce bombardement sonore dénué de toute subtilité et de relief.

[K Sharon]

(suite)


La spirale infernale du téléchargement...


Actuellement, la compression MP3 permet la création d'un fichier minime en excluant les données musicales que l'oreille humaine est plus sujette à négliger. Le plus de gros de ces informations se trouvent aux deux extrémités, basse et haute (le MP3 ne reproduit pas par ailleurs les reverbes pour des raisons d'aspect fugace). Ainsi, une fois le cd à juste titre "compacté" et finalisé, il passe entre les mains du MP3 et l'effet plat s'en trouve un peu plus accentué. Au final, l'on fait l'écoute d'un ensemble insatisfaisant, décousu, uniforme, creux et sans punch.

De la même manière que le CD a remplacé le vinyl, nous avons conscience que le MP3 et toutes formes de support digital, plébiscités et reconnus comme la meilleure façon d'écouter de la musique, sont en train de remplacer rapidement le cd. Cela implique, certes, des avantages, mais cela signifie aussi une médiocrité du son (tout en étant entendu que ce point pourrait s'ameliorer à l'avenir). Même les audiophiles ont pris le chemin du multi-media ; d'aucuns considèrent qu'un iPod ou un iPhone sont des produits et outils qu'ils se doivent de posséder. Beaucoup ont perdu tout intérêt pour les systèmes stereo de pointe, alors que les plus jeunes ont quant à eux déjà grandi et évolué avec de la musique massivement compressée ; la bataille est perdue d'avance.

Mais ce n'est pas le seul objet du problème. Les suites de cette subtile mais très signifiante façon d'écouter de la musique se déplacent très clairement jusqu'au seuil de l'industrie musicale. Saisissez qu'il n'est ici pas juste question de qualité audio. Il est question de création originale, d'artisanat et d'oeuvre. Il est question d'art...

[K Sharon]

(suite)

L'art pour l'art.


J'avoue être un peu hors de l'ordinaire, dans le sens où je ne saurai être qualifié d'artiste à énorme et potentiel succés commercial, et dans le sens aussi où je lutte pour être entendu comme des millions d'autres musiciens. Quoiqu'il en soit, et de par mon passé avec Depeche Mode, je jouis d'une certaine sécurité et confiance. Cela sous-entend que je n'ai pas eu, et que je n'ai toujours pas à adapter et à conformer mon travail à quoique ce soit. Le marché en changement ne m'a pas réellement affecté, et n'a certainement aucune influence sur mon approche et ma création musicales. En outre, il a renforcé mon opinion et attisé mon cynisme vis à vis d'oeuvres musicales de qualité injustement submergées et noyées sous des flots de rebuts. Mais cela n'est pas nouveau. La place et la portée des grandes radios n'ont en aucune manière pris davantage d'importance, les magazines ont un impact des plus restreints, l'exposition et la promotion à la télévision sont plus limitées que jamais, à l'exception des chaînes du réseau MTV dont la marginalisation ne cesse de croître. En réalité et dans les faits, la meilleure façon de faire entendre sa musique, c'est au travers d'une publicité à la télévision.

En laissant un instant de côté ces considérations d'existence et viabilité de la musique, j'aimerais assister à un retour de l'art ,sous son plus beau jour, paré des merveilles de la technologie et de la science, et prodigué à la juste valeur du temps, et de l'effort fournis par l'artiste. Vous pouvez bien dire que je suis démodé, certes. Oui, mais pareil à celui qui est prêt à payer pour du mobilier sur mesure, une robe de créateur ou une épreuve photographique au rendu sublime. Plutôt que de céder aux exigences des médias de masse, pour quelle raison ne pas produire de l'audio "haute résolution" ; pourquoi pas sur un format tel que le dvd, dans la mesure où celui-ci ne nécessite pas, pour beaucoup, d'investir dans un nouvel équipement ? Associé à cela, l'on propose un superbe visuel à l'élaboration sincère qui peut, si la version imprimée est trop onéreuse, être téléchargée.

Les pièces de collection représentent une façon d'échapper et de résister au mouvement. Il semble pertinent d'investir dans la production d'un format onéreux pour satisfaire les vrais amateurs de qualité et de collection ; et cela, en offrant à un public le plus large possible, et à un coût plus modeste, l'essentiel de l'oeuvre.

Certains ont tenté l'expérience. Par exemple, Magne Furuholmen (A-ha) a sorti et a vendu 300 exemplaires d'un vinyl picture disc, accompagné de feuillets peints à la main, d'un cd de tous les morceaux, d'un poster et d'un documentaire sur la démarche artistique du visuel. Le coffret s'est vendu à 100 €. Puis, dans un second temps, toutes les chansons ont été rendu disponibles en ligne, via Myspace. Chapeau bas à cette audacieuse approche qui encourage tout fan sérieux à s'investir et à investir.


La mise en place réussie et effective d'un pareil coffret Dvd/visuel/documentaire par une grande compagnie reste totalement à voir. Il n'y aucune raison que cette démarche aille à l'échec, tant que le label, par ailleurs, garde un objectif pragmatique et avantageux des téléchargements ; les téléchargements qui ne doivent être considéré que comme un outil promotionnel, et non comme une source conséquente de revenus.

Mais, dans la réalité, le propos et l'enjeu ne résident pas dans le choix d'un format, mais dans la façon de le vendre.

Dans un passé très peu lointain, la visibilté et la présence stratégique dans un magasin de disques était une option payante. Aujourd'hui, ces chaînes de magasins vivent elles-mêmes des heures incertaines (au passage, on notera la récente disparition des excellents magasins "Fopp") ou font le choix d'une reposition dans d'autres secteurs, misant par exemple sur les jeux, les iPod, des accessoires et autres. Et pour assurer leur propre survie, et gérer leur politique de non-retour aux fournisseurs, les magasins de disques pratiquent une pression des plus fortes sur les maisons de disques, en acceptant de ne limiter les stocks qu'aux artistes à grand succés et aux ventes garanties, et d'éviter ainsi des surplus massifs dans leur réserve.

Concernant le marketing et la promotion, j'attends personnellement que les premiers sons que j'entends d'un de mes disques soient en tout point conformes à mes exigences de qualité et de fidèle restitution pour l'auditeur. Pour cette raison, je ne ferai dorénavant plus l'erreur d'offrir des copies à des charlatans, se prétendant journalistes, faisant commerce sur E-bay ou mettant à disposition sur The Pirate Bay l'album trois mois avant sa sortie. En considérant la quantité de promotions dont je fais l'objet ces temps-ci, la différence avec les ventes sera ténue et difficile à apprécier.

Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'aspects positifs dans l'échange de fichiers entre fans. Pour tout dire, des personnes dans des lieux lointains ou isolés de la planète, en Sibérie par exemple, ont la possibilité par ce moyen d'accéder à ma musique, bien qu'en qualité modeste. Ce n'est certes pas l'idéal, mais toujours préférable à rien. Même concernant les cds, en Russie, il est impossible d'acheter en dehors des grandes villes ; cela explique que des sites de fans malins entreprennent le rachat des stocks en ville puis la revente à l'extérieur, pour un faible profit.



Edited By K Sharon on 1223235580

[K Sharon]

(suite)


Bons baisers de Russie.



Recoil a récemment sorti un cd incluant un film et un livret spécial. Intéressons-nous un instant au procédé de cette sortie. Le cd "Prey"/"Allelujah" a vu le jour sous la pression de fans, ceux-là mêmes qui veulent entre leurs mains un objet physique ; collectionneurs ou amateurs de musique qui préfèrent la qualité tactile et audio d'un cd aux impersonnelles productions téléchargeables.

Au lendemain d'une très réussie visite promotionnelle à Moscou, un webmaster et fan de Recoil russe s'est employé à convaincre la maison de disques Gala (branche locale d'Emi et paternaire de Mute) de la pertinence et l'intérêt d'une telle sortie. Ils ont accepté ; mais non sans conditions me direz-vous. Quel peut donc bien être cet accord ?

Avant toute chose, reprécisons que le moteur de cette promotion à Moscou est un gérant de club electro. Le club a investi et s'est investi totalement dans l'organisation de cette visite. Dans un second plan, Gala a préparé des rencontres et interviews radio, télé et presse. Les retours de cette promotion ont vraiment été plus qu'encourageants ; nonobstant ce résultat, ce sont les fans eux-mêmes qui ont investi dans le projet. Ce sont eux qui ont payé pour la fabrication et le pressage du cd, qui ont, à leur frais encore, mis en place une structure de gestion et distribution du cd via leur site. D'autres encore ont travaillé sur le visuel d'un livret de 28 pages qui accompagne le cd, un autre a produit et réalisé lui-même un film de 9 minutes pour "Allelujah". L'artiste (moi) a produit la musique dans son propre studio, finance son propre site avec l'appui gratuit et le travail dévoué d'un webmaster. L'artiste et les fans ont géré le marketing en ligne, la promotion et le suivi des ventes. Toute cette entreprise et ces collaborations sont les fruits d'un labeur altruiste et sincère ; il n'en a coûté que du temps et de l'effort, et la franche volonté que les choses aboutissent. Troublant. Et cela me fait chaud au coeur.

Mais qu'a fait la maison de disques, me demandez-vous ? C'est une excellente question. La maison de disques s'est chargé de mettre en branle la production, c'est à dire de finaliser le cd sur la base des musiques déjà existantes et de faire un insert de deux pages avec le visuel déjà existant également. Le label local y a fait inscrire en version cyrillique les conditions légales habituelles, et a prévenu quelques médias presse et télé. C'est assez peu, n'est-ce pas ?

Bien entendu, ce n'est pas une façon de procéder bien normale et, en cela aussi, un peu injuste. C'était une sorte d'expérience unique et singulière. Gala/Mute joueront sur les mots et préfereront dire que c'était une faveur. Mais cela est bien le chemin que prennent les choses. Pourquoi ne sortent-ils pas le cd de la façon habituelle ? Parce qu'ils considèrent que la demande ne justifie pas cet effort et les coûts de fabrication, et que, dans le même temps, la tendance va au téléchargement de la musique à bas prix ou même gratuite.

Ce projet russe était une expérience intéressante. Mais il ne pouvait rencontrer qu'un succès limité, en regard de la place actuelle de ce pays et du manifeste désaveu des consommateurs qui semble avoir touché toute l'entreprise. Ce n'était bien sûr pas la manière idéale de vendre un produit, mais cela n'exclut pas que ce procédé puisse devenir tout à fait possible, tant que des logistiques fiables sont en place et garantissent au consommateur un produit simple, et sûr.

(Remarque : en dépit des obstacles manifestes, nous avons réussi à vendre tout le stock prévu avant même la sortie du cd. Telle était la demande).

[K Sharon]

(suite et fin)


La pop se mangera-t-elle ?



Dans ce cas, pourquoi s'encombrer de ce support ? Les artistes eux-mêmes en viennent à se poser cette question. Et à juste titre, quand on leur dit que leur maison de disques ne peut plus se permettre de dépenser de l'argent ou qu'elle doit avoir recours à une part des recettes des concerts pour assurer le marketing. Voilà pourquoi nous assistons à un exode massif qui mène un peu plus encore l'industrie du disque à l'asphyxie. Seuls les artistes au succès entendu et à la carrière bien installée peuvent se permettre de tourner les talons ou de feindre l'indifférence, et ,ce faisant, accentuent davantage le problème. En quoi ? En livrant leur musique comme un gadget bon marché, une chose publicitaire qui ne sert qu'à promouvoir leur propre entreprise, comme le font des Radiohead ou des Prince. Ils reçoivent toute l'attention par ce moyen et en tirent des bénéfices dans d'autres secteurs. De ce fait, un nombre important et croissant de personnes attend et s'attend à avoir de la musique gratuite, et de ce fait encore, tous les autres artistes perdent une part de revenus et les fruits logiques des ventes de leurs albums, malgré toute la sincère application et tout l'argent qu'ils savent investir dans leur production.

Cela fait un bout temps maintenant que je n'attends plus de faire de profit de ce que je fais. Et vous penserez sans doute que je suis empli de ressentiment et d'aigreur envers ma maison de disques, mais ce n'est pas exactement cela. Mute est victime du système. Dans la réalité, les maisons de disques sont en souffrance et s'accrochent désespérement du bout des ongles en cherchant des solutions, tandis que le tapis est dérobé sous leurs pieds.

Dans l'affaire de Mute, EMI a infligé de fortes restrictions des dépenses, a remodelé, repoli, recentralisé et aussi réduit le tableau de service des artistes. Guy Hands, directeur du gros fromage EMI, décrit sa propre affaire comme un "modèle éphémère" dont il faut "réduire les gachis".... Un monceau d'ordures. En d'autres termes à peine voilés, cela signifie DIMINUTIONS ! Quand il dit "supprimer les doublons et la bureaucratie", c'est sousentendu : suppression de 2000 emplois.

Une plus grande source d'inquiétude encore est qu'il ne cache à personne qu'actuellement 3% de tout le catalogue sont rentables et que tous ceux qui ne le seront jamais, quels que soient les changements entrepris, peuvent aller copieusement se faire voir en Grèce.

C'est on ne peut plus à l'opposé de la conception que je me fais de la philosophie Mute ; redistribuer les bénéfices des plus grosses ventes au niveau de tous les autres artistes du label. De l'art. Une maison de disques ne vend pas des haricots en conserve, il donne au plus grand nombre accès à l'art. Une chose non quantifiable, à l'inverse des haricots.

Mais l'on peut se poser cette question : est-ce que cette philosophie est réaliste à notre époque ? La réponse est clairement non si l'on est régi par un conglomérat d'intérêts. La maison Mute (maintenant dans l'immeuble EMI) n'est plus que l'ombre de sa forme première. Quelques âmes perdues errant dans un étourdissant tableau post-apocalyptique, comme dans une scène de "28 jours plus tard". Il y a des personnes de valeur au sein du label qui se retrouvent poings liés. Et pieds entravés. Et du ruban adhésif fermement placé sur leurs bouches, impuissants, kidnappés et leurrés par le système.

Bien sûr, Mute ne peut pas juste se lever et partir. Ce serait comme vendre sa maison alors que l'on n'en est que locataire. J'imagine que Daniel Miller est dans cette position, comme le sera le locataire suivant. Il s'est engagé avec EMI, en tant que directeur du label Mute, et son propre avenir est probablement aussi incertain. Peut-être est-il fatigué par tout ce business et sa vision première est-elle un peu altérée. Je suis sûr qu'il est plus passionné que jamais par la musique, mais honnêtement qui voudrait se lancer dans une nouvelle entreprise de disques en des temps pareils ?

Et un musicien peut-il endosser le rôle d'entrepreneur ? Est-il juste et approprié d'attendre de nos compositeurs écervelés et virtuoses créatifs qu'ils se targuent aussi de posséder un diplôme en management commercial ? Qu'ils s'occupent eux-mêmes des stratégies marketing ? Je veux dire par là, n'était-ce pas la fonction première des maisons de disques et des managers, et la raison même de leur existence ? Par expérience, cette partie commerciale qui est des plus fastidieuses a pris presque tout mon temps les 3 premiers mois de l'année ; un temps précieux que j'aurais davantage souhaité employer à la composition de ma musique.

Certes, ce sens des affaires est variable, mais il demeure essentiel que les artistes et leurs représentants restent focaliser sur leur partie et leurs efforts créatifs. Un certain retour de petits labels indie à la démarche artistique et au mode opératoire orginal sera peut-être visible (et cela est déjà, si l'on y prête bien attention) ; ils auront peu de frais généraux, se concentreront sur la logistique, le soutien et l'accompagnement des artistes, géreront les parties fabrication, commande, distribution, avec l' exposition des sites internet des artistes, notamment. Le plus gros de l'effort. (Cela ne veut pas dire que l'on doit abandonner l'idée de rendre largement disponibles la musique sur iTunes ou autres).

Avant la fin d'un prochain album, qui sait si je serai encore sous un nouveau contrat ? Ce serait très dommage de terminer mon association avec Mute après toutes ces années, mais j'ai le sentiment qu'une telle décision n'est plus de mon ressort. Cela dépend beaucoup de l'avenir de Mute/EMI et, en fait, de toutes les maisons de disques. Il est probable que les grands artistes de Mute soient un jour aspirés par la machine EMI, laissant tous les autres sur le bord de la route, Mute y compris. Ce jour-là sera en effet bien triste.

Mais qui peut-on blamer pour tout ce fouttoir ? Est-ce que l'on fait un signe grossier aux maisons de disques qui se sont tourné les pouces et ont sorti pendant des années des wagons de rééditions à prix d'or, pendant que les chargés de catalogue nous bombardaient de chanteurs pop superficiels et informes, et de boy bands du moment ? Peut-on se permettre de dire "... ouais, c'est vous qui avez amené tout cela" ... ? Ou accuse-t-on la nonchalance et l'indifférence musicales de l'auditeur qui a une attention maximum de trois ans d'âge mental, et se complaît dans une société où tout est disponible, standardisé, Paris Hiltonisé et excité par l'abondance. Une société qui considère la vraie valeur des choses comme insignifiante et accepte la médiocrité sans broncher ? Ou peut-être que la dépréciation s'est installée parallèlement au culte du DJ et de la régurgitation de l'essence du rock'n'roll à la sauce funk des années 70, pimentée d'un peu de rap et se prétendant être oeuvre originale ? Est-ce que la musique moderne est finalement toujours considérée comme une forme d'art ? Ou est-ce que l'on est aujourd'hui passé à autre chose ?



Alan Wilder (Merci à Bernard Van Isacker pour sa contribution).

[jb]

Merci pour la traduction, je ne suis pas vraiment d'accord avec les idées developéees par Wilder. Un morceau comme I bet you look good on the dancefloor n'est effectivement pas du tout subtil, mais où est le problème ? Cette non subtilité, ce réalisme, c'est là toute la qualité d'un morceau de rock créé par des ados boutonneux de Sheffield qui dépeint des ados boutonneux de Sheffield en train de fantasmer.

Le paragraphe sur le MP3 est totalement hors-sujet. D'une part, Wilder sait pertinemment que les ados dans les années 80 écoutaient dM sur des K7 que des potes leurs avaient copiés (souffle, distorsion, parasite et sur X générations). D'autre part, avec la miniaturisation des disques dur, on pourra prochainement encoder sa CDthèque en WAV sans aucune perte. ça n'empêchera pas les mômes d'écouter ça dans le métro, dans la cour de récré dans des conditions déplorables, mais après tout on parle de rock et de pop musique, personne n'est dupe. Au jeu de l'audiophile, il y en a bien qui diront que la FM est compressée donc ils n'écoutent jamais la radio...

Enfin le dernier couplet sur les maisons de disques en général et Mute en particulier est limite embarrassant. On comprend qu'on est passé du Wilder innovant d' il y a bien longtemps à celui qui regarde passer la caravane. Avant la fin d'un prochain album, qui sait si je serai encore sous un nouveau contrat ? Très juste Charlie, au train ou vont les choses, une guerre nucléaire viendra détruire la planète et tu n'auras pas sortit de nouvel album.

[K Sharon]

Personnellement ce qui me dérange dans le propos de Wilder, c'est sa forme et son développement. Tout sert la thèse, et l'antithèse, arrivé jusqu'au point final, est toujours inexistante. Il y a bien une ou deux vacillantes lueurs d'espoir dans cette lettre ouverte (la technologie reviendra peut-être à la qualité audio, des petits labels sauveront "l'art" du naufrage artistique de l'industrie musicale), mais vite éteintes par le déluge qu'Alan décrit.
Après lecture, l'on a presque envie de se moucher et d'aller se morfondre devant son armoire de cds. Tout foutrait le camp, c'est la faute à tout le monde, c'est la faute à personne, c'est comme ça...
Le constat fait dans ses lignes était le même à d'autres époques, l'opposition cd/vinyl, la facilité et le succès des musiques gratuites, la variété bidon qui plaît à la masse, l'artiste incompris qui ne vend qu'à une poignée de fans, l'uniformisation relative de la société, etc...

Rien de nouveau. C'est un constat purement remis au goût du jour, avec ses tristes vérités, certes, mais aussi son manque de recul. Le seul reproche que je ferais à cette interview.



Edited By K Sharon on 1223287696

[16 Decoy Avenue]

Merci beaucoup pour cette traduction. :respect:
Quant à son propos, rien de bien nouveau en effet, mais on peut comprendre sa nostalgie du MUTE de ses débuts. Le "c'était mieux avant" a encore de beaux jours. Pas sûr qu'il aurait tenu les mêmes propos, ou affiché une telle amertume, s'il était encore membre de DM. Sans DM, sans le système autour, RECOIL a et aura du mal à exister...



Edited By 16 Decoy Avenue on 1223289069

[OD]

Beau boulot, la tradu, merci.

Concernant les propos de Wilder, on pourrait très bien tenir des propos inverses, en matière de qualité audio.
En effet, depuis ces 15 dernières années, le travail en studio se fait en 18/20/24 bits, à des fréquences 48/96 kHz (exigences du SACD : 24 bits 96 kHz). Du délire, quoi.
Pourquoi travailler avec une telle finesse, c'est totalement surdimensionné.

La norme 16 bits/44,1 kHz a été choisie car elle couvrait déjà largement le spectre de l'oreille humaine (théorème de Nyquist) qui se situe dans un très grand maximum de 20 kHz.
Il parle d'extrême dans un sens (mp3, compression), on pourrait très bien parler d'extrême dans l'autre sens ...

[exJCiter]

Je me souviens d'un vieux débat auquel j'avais participé, Tibo aussi...
J'ai été bluffé lorsque j'ai comparé certains cd avec la version sacd, sur une même platine. Cela dit entre temps j'ai appris que les son issus de pistes pcm passaient pas par les même convertisseurs que ceux issus d'une piste sacd,, et que Sony, le fabriquant de ma platine, mettait des convertisseurs très mauvais coté pcm (et une bonne platine c'est avant tout de bons convertisseurs ! )

En tout cas, il a raison de soulever un paradoxe. Ca va être un peu le cas avec la video, car on a d'un coté la HD qui se développe et d'un autre la multiplication de mauvaises sources (vod, broadcast, diffusions tv très compressées ...)



Edited By exJCiter on 1223412735

[K Sharon]

Le Forum officiel de Recoil.



Edited By K Sharon on 1223457629

[tibo]

Un cadeau de noël : un nouveau remix de Prey !

tibo "quicksand"

[100window]

merci!!! Sera-ce un téléchargement gratuit?

100window"mais je paierais s'il faut "



Edited By 100window on 1227274327

[tibo]

Sera-ce un téléchargement gratuit?

Un cadeau payant ? Alloons allons ! Monsieur Plus savage ne mange pas de ce pain là !

tibo "free"

[K Sharon]

Un extrait du remix est d'ores et déjà en écoute sur le Myspace Recoil...

Bonne écoute.

A+



.........Shasha..........

[mags]

Il y a 3 morceaux de Recoil dans le nouveau jeu vidéo "'NEED FOR SPEED - UNDERCOVER" qui est sorti aujourd'hui.
Il s'agit de "Shunt", "Vertigen" et "Want".