Le quotidien de L'Expansion
12/01/2007
EMI Music vire son patron français
Le n°3 mondial du disque évince ses dirigeants, dont le PDG français de sa branche musique, et taille dans ses effectifs. Le tout sur fond de chute des ventes.
Ces dernières semaines, les couloirs de la maison de disques EMI bruissaient de rumeurs sur l'imminence d'une restructuration. Personne pourtant ne s'attendait à ce que Eric Nicoli, le président du groupe EMI, n'annonce le départ immédiat du PDG de sa branche musique, Alain Levy, et de son bras droit, David Munns. Le limogeage de l'état-major s'accompagne d'un plan d'économies de 110 millions de livres (164,7 millions d'euros) par an. Il provoquera des suppressions d'emplois qualifiées de "significatives" mais qui n'ont pas été chiffrées. A la bourse de Londres, l'action EMI a terminé vendredi sur une chute de 7,28% à 245,25 pence.
Ces derniers temps, les mauvaises nouvelles se sont acharnées sur le numéro trois mondial de la musique. Il y a d'abord eu les ventes de disques au second semestre qui se sont révélées inférieures aux prévisions. Suffisamment pour qu'EMI émette un « profit warning ». Les revenus de la division musique devrait reculer de 6 à 10% à taux de change constant sur l'exercice 2006/07. Il y a eu aussi les discussions engagées avec le fond d'investissement Permira qui n'ont finalement pas abouties, tout comme celles qui visaient à rapprocher Warner Music de EMI l'an dernier.
Du temps, c'est ce que réclamait Alain Levy, il y a trois mois, dans un entretien à L'Expansion. Pour conforter le redressement de l'entreprise qui a vu son chiffre d'affaires progresser l'an dernier pour la première fois depuis 2000. Mais aussi pour trouver la clé du marché américain, point faible historique de la maison de disques britannique. Les actionnaires d'EMI en ont décidé autrement. Seul Français admis dans le cénacle des PDG de multinationales de la musique, Alain Levy était arrivé chez EMI en 2001. Il avait procédé quasi-immédiatement à une restructuration plus drastique encore que celle annoncée vendredi: 1.800 postes supprimés, des centaines d'artistes remerciés... dont Mariah Carey, une erreur au vu du rebond ultérieur des ventes de disques de celle-ci. Selon le quotidien Times, le Français, passé avant chez Polygram (futur Universal), pourrait empocher à la faveur de son départ jusqu'à 7 millions de livres. Soit 10,6 millions d'euros.