par Devot » 11 Juil 2005, 16:44
Mon sentiment sur la soirée d'hier soir.
La dernière fois que j'ai vu U2 c'était pour le Pop Mart tour, un concert que je ne suis pas près d'oublier. Je trouve leur musique bien moins intéressante depuis le début des 2000's mais bon un concert de U2 ça reste un concert de U2 c'est à dire quelque chose de spontanné, vivant, une institution. C'est d'ailleurs grace à leur énérgie en concert et en particulier grâce au charisme du jeune Bono que U2 rencontrera l'homme qui deviendra leur manager et leur mettra le pied, et même les deux pieds à (aux) l'étrier.
C'est donc une effervescence toute justifiée qui règne aux abords du RER lorsque j'en descend. Les marchands de merguez ont du profiter des promos de la Fnac sur la discographie du groupe car la moindre barraque à frite crache son refrain de U2 via des sonos ce qui ne fait qu'exciter l'impatience de la foule qui se presse aux alentours du stade.
Les stands de merchandising. Tout est rouge et noir, aux couleurs de l'album, mais rien qui soit vraiment remarquable. Les Tee shirt sérigraphiés U2 partent à 35 euros, de même que quelquechose qui ressemble à un pendentif. La gamme Vertigo 2005 est assez complète bien que décévante. Comparé aux programmes des tours passés, celui de la tournée actuelle est assez cheap, en trois couleurs dans un format inhabituel et très peu pratique et imprimé sur un papier de mauvaise qualité. 2 pages consacrées aux causes humanitaires, j'aurais préféré avoir des paroles de Larry Mullen, le seul qui ne s'exprime pas dans les textes recueillis dans le programme, et qui fut longtemps mon idole comme batteur besogneux et impassible du quatuor emblématique de l'Irlande.
Je serais bien incapable de donner mon sentiment sur les deux premières parties qui visiblement possédaient un répertoire très peu adapté au lieu. Indifférence générale donc, ou presque. En 97 c'était Placebo au Parc des Princes qui se prenait des bouteilles d'eau à bout portant durant leur set, qui sait donc si Snow Patrol ne remplira pas Bercy d'ici quelques années...
Le décor de la scène est assez sobre, avec des tours d'enceintes en rouge et noir de part et d'autre de celle-ci, et 4 écrans géants au dessus dont 2 sont disposés lattéralement pour les places tout au bord de la scène. L'essentiel du décor se compose en fait d'un écran géant énorme déployé entre les 2 tours d'amplis, qui jouera par intermittence le rôle de mur de lumières et au bas duquel évoluent les musiciens sur la partie centrale de la scène en forme d'elipse, tandis que deux chemins se déploient à droite et à gauche à travers la foule delon une trajectoire courbe pour rallier à la scène principale deux petites scènes circulaires, aux couleurs rouges et noires elles aussi. Un classique chez U2 que de jouer dans la foule.
Le concert débute alors que la nuit s'approche (21h15). "Vertigo", et son refrain tout en finesse permet à la foule qui exulte après tant d'attente de gueuler le refrain qu'elle fredonne depuis des heures. Les titres suivants, "Out of Control" et "Electric Co" sont les bienvenus. Leurs 25 ans d'âge laissent les fans les plus jeunes perplexes mais c'est un régal pour les yeux et les oreilles que de voir The Edge empoigner sa Gibson Explorer et lui faire cracher ses riffs cristallins et magistraux. Le son est assez moyen à mon goût, ce qui est plutôt normal vu le contexte, parfois la voix de Bono est masquée par la musique d'autant plus que ce dernier est un peu limite vocalement, sur certains aigus. Mais sa présence incroyable met le stade en transe dès l'intro du moindre classique. Et il y en aura beaucoup. Les morceaux faibles du dernier album sont relativement sauvés par leur interprétation live, mais il y en a pour lesquels il n'y a décidément pas grand chose à faire, comme ce "All Because of you" en second rappel qui tombe complètement à plat. Un single pourtant.
New Year's day, Sunday Bloody Sunday, Elevation, Beautifull Day, Pride, Where the streets have no name, Bullet the blue sky, One etc...Tout y passe et Bono fait son show habituel, terrorisme, Religions, Paix, Afrique rien ne manque. Il lit un prompteur à un moment pour nous sermoner en français sur le drame de l'Afrique, mais sans donner bien l'impression de comprendre ce qu'il dit. Le truc en trop c'est le "envoie le mot mot Africa par SMS au ....", pour un peu je me serais cru un Samedi soir devant la Star Academy. Les projections sur l'écran sont assez réussies, mais la scène elle-même semble un peu en dessous de ce qu'un endroit comme le Stade de France réclamerait du point de vue de la taille. Bref on a pas une super vue des tribunes.
Je me suis fait cette réfléxion hier soir que si l'on fustige bien souvent DM parcequ'ils refusent de jouer tous leurs tubes en live, le contraire n'est pas forcément ce qu'il y a plus de souhaitable. U2 ne prend aucun risque en concert et c'est bien dommage. On se croirait presque à une tournée d'adieu. Les albums les plus audacieux, Pop et Zooropa, sont passés à la trappe aux profit d'une play list très mainstream qui a mis tout le Stade de France d'accord. Dans ce contexte, j'ai beaucoup apprécié le petit quart d'heure "ZOO tv" avec les interprétations de Zoo Station et The fly. Au passage par contre je n'ai pas bien saisi pourquoi est ce que Bono a affiché en public Bush, Blair et Chirac je croyais que c'étaient ses potes, je comprends plus rien.
Le public est content, il a eu ce qu'il voulait, U2 vient de s'autocélébrer, avec talent, une fois de plus. Bono a fait monter une fille sur scène, chanté With or Without you, (chanson durant laquelle j'ai vu des couples, dès les premières notes, se réfugier brusquement dans les bras l'un de l'autre comme si l'intro était un signal pré-établi, ce qui est assez amusant quand on sait que la chanson décrit les rapports d'un homme avec son cheval), bref que demander de plus?
La foule incroyable drainée par le stade quitte les lieus heureuse dans un bordel monstrueux. J'ai vu des fans dans le RER chez eux revenir munis de Tee Shirts paraît il collectors achetés 70 Euros !!! (en fait des rééditions de modèles des 80's). Je garde en mémoire l'incroyable prestation de The Edge, l'homme-guitare qui est le son U2 à lui seul, et le jeu discret mais au combien efficace de Larry derrière ses fûts, même s'il avait l'air heureux hier soir comme Pauleta lorsqu'il revient d'une position de hors-jeu.
Reste à savoir quelles orientations prendra U2 pour le reste de leur carrière. Ce qui est sûr c'est qu'ils peuvent resservir le cocktail d'hier soir pendant longtemps, les stades répondront présents.