C'est pas moi qui le dit mais le Monde, qui présente également TFF comme les Simon & Garfunkel de la New Wave. Est-ce un compliment ?
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Le duo de Tears for Fears reformé au Parc des Princes
LE MONDE | 17.06.05 | 14h16 • Mis à jour le 17.06.05 | 14h16
Tears For Fears était un groupe pop aisé à détester dans les années 1980 : deux Anglais, Roland Orzabal et Curt Smith, arrogants sous le brushing et désireux de conquérir le monde. Ils y parvinrent en 1985, soutenus par le matraquage des radios et de la chaîne musicale MTV. Ceux qui n'ont jamais entendu la chanson Everybody Wants to Rule the World vivaient alors dans une yourte. Leur habileté mélodique était suspecte, leur image trop lisse en comparaison de leurs rivaux de la new wave britannique, The Cure ou Depeche Mode.
Condamné à la surenchère, le duo se voulut aussi gros que ses idoles, les Beatles. En 1989, l'album The Seeds of Love pillait tout aux grands aînés : les costumes et les bibelots de Sgt Pepper, l'euphorie psychédélique de Magical Mystery Tour. Après ce pastiche et une apparition au méga-concert de Knebworth en 1990, les faux frères se fâchèrent pour ne plus s'adresser la parole pendant dix ans. Smith s'enfuit à New York et se lança dans une piteuse carrière solo, Orzabal incarna seul Tears for Fears en intéressant à peine plus de monde.
Mais la manie des reformations touche désormais les groupes de la décennie (voir Duran Duran, Mötley Crüe, etc.). Les Simon & Garfunkel de la new wave se sont donc réconciliés autour d'une tournée qui passe le 18 juin au Parc des Princes (dans le cadre du festival Europe 2 Live) et d'un nouvel album, réussi dans son genre. L'objet s'intitule Everybody Loves a Happy Ending (XIII Bis Records), un titre ronflant pour signifier qu'il pourrait être le dernier. "Si c'est le cas, observe Roland Orzabal, c'est une belle manière de finir."
La modestie n'a jamais été le fort de Tears for Fears. Pour leur retour, l'industrie du disque ne leur a pourtant pas déroulé le tapis rouge. Prêt en avril 2004, Everybody Loves a Happy Ending a été distribué en France un an plus tard. "Nous avions signé avec la maison de disques Arista aux Etats-Unis, qui a disparu après la fusion Sony-BMG, explique Curt Smith. Nous ne nous sommes pas entendus avec la nouvelle équipe. Nous avons perdu beaucoup de temps à récupérer l'enregistrement et à trouver des distributeurs."
"LA MUSIQUE POUR ADULTES"
Difficile de ne pas reconnaître, encore, l'influence des Fab Four sur cet enregistrement. Mais Smith apporte une nuance de taille : "Cette fois, c'est plus Wings que Beatles", comprendre plus McCartney que Lennon. Les liens entre Tears For Fears et les Beatles sont anciens. Leur nom ("des larmes et non des peurs") se réfère à la thérapie du cri primal élaborée par le docteur Arthur Janov pour combattre les terreurs enfantines. Best-seller dès sa publication, en 1970, Le Cri primal a directement inspiré cette même année le chef-d'oeuvre de John Lennon, l'album Plastic Ono Band.
Amis d'enfance à Bath (Somerset), Orzabal et Smith viennent de foyers brisés. La musique les éloignera de la délinquance. Influencé par les Talking Heads et Kraftwerk, Peter Gabriel et le Bowie de Scary Monsters, leur premier album, The Hurting (1983), fait sensation en Grande-Bretagne. L'équilibre est parfait entre guitare acoustique et textures synthétiques.
Avec Songs from the Big Chair (1985, 8 millions d'exemplaires vendus), le succès devient planétaire. "Nous visions clairement le grand public et les classements, reconnaît Orzabal. A l'époque, nos contemporains de la new wave étaient en train de sombrer. Pour réussir, nous nous sommes mis à écouter de la musique pour adultes, Steely Dan et le premier album de Robbie Robertson. Nous sommes devenus de plus en plus ambitieux et suffisants."
Cette morgue british fait de Tears for Fears un ancêtre possible d'Oasis. "Nous les avons surtout influencés à travers les Beatles, estime Orzabal. Si quelqu'un devait produire le prochain album de Paul McCartney, ce devrait être nous parce que nous savons comment réaliser ce type d'albums." Le fantasme attendra pour être assouvi : le célèbre bassiste a déjà fait appel à Nigel Godrich, producteur de Radiohead.
Europe 2 Live, avec M, Moby, Tears for Fears, Garbage et Luke, samedi 18 juin à 18 heures au Parc des Princes, 24, rue du Commandant-Guilbaud, Paris-16e. Métro Porte-de-Saint-Cloud. De 33,50 € à 67 €.