[url=http://www.rock-in-chair.com/groupes/affiche.php?id=129¶m=interview&nat=fr&lettre=all]RIC[/url] a écrit:as dragon
Les balances sont bouclées. Mais ça s’active encore à l’Aéronef. Faut dire que ce soir-là, trois groupes vont passer. Il y en a, du monde, des va-et-vient et des câbles sur scène. Reste à trouver notre guide. L’« ingé son » d’AS Dragon nous l’indique. « C’est Thomas, le manager du groupe ». On s’approche de lui, et de la rencontre prévue à 16 heures. « Salut, il te faut combien pour l’interview, un quart d’heure, vingt minutes, c’est bon ? Parce qu’après, on s’éternise et on en tire plus rien, souvent… ». Affirmatif, si ça convient au groupe, ça nous va. Direction les loges. Le passage a lieu derrière la scène, par une cage d’escaliers qui nous conduit deux étages plus haut. On intègre un couloir plus intime, on s’y enfonce. Une porte à gauche s’ouvre. « Y’a un monsieur pour vous… Vas-y, je t’en prie, entre ». Le temps de dire bonjour, de trouver une place sur le divan et c'est parti!
Rock In Chair : « Alors, vous revoilà dans la région, ça fait longtemps, non ? »
Hervé : Pfff… Lille, ça remonte à 2001 avec Bertrand (Burgalat), je crois. Au Splendid, il me semble. En tous cas, il y a eu deux passages.
Natacha : Je pense qu’on est déjà venu jouer dans un club, aussi. Au Biplan, peut-être ?
RIC : « Le nouvel album « Va chercher la police » est sorti en mai, la tournée dans la foulée…Comment vous l’avez vécue ? »
Hervé : Ben tu vois, ce soir, c’est la dernière date de l’année 2005. Mais elle va redémarrer pour le printemps et courir jusqu’aux festivals. On en a déjà fait pas mal au cours de l’été 2004 : les Eurockéennes, les Vieilles Charrues… Cette fois, on compte bien se produire sur d’autres grandes scènes.
RIC : Le temps de « Spanked », votre premier opus, semble long. La ferveur du public a-t-elle grandi depuis ?
Hervé : Disons qu’à l’époque du premier album, on était toujours plus ou moins bien accueillis. Depuis la sortie du nouvel album, s’il y a bien un public fidèle, c’est celui de chez nous à Paris, qui nous suit partout. Mais sur le plan géographique, on commençe à être connus partout. Dans les régions de l’Est, en Bretagne et chez vous, ça ne date pas d’aujourd’hui. Mais même le Sud se met à bouger. Le ska et le rock festif s’essoufflent un peu. On pointe notre nez là-bas aussi.
RIC : Parlons musique justement, comment définiriez-vous le genre, le tempérament d’AS Dragon : vous vous situez où ?
Hervé : On ne sait pas trop où nous classer, avec qui nous comparer. Du coup, c’est peut-être notre problème, c’est peut-être pour cela qu’on passe pas trop en radio. Une chose est sûre : on fait du rock. On se reconnaît dans ce qu’on joue, déjà. On essaie de faire des choses nouvelles pour ce qui nous concerne, pas en se préoccupant des autres groupes. On a recherché plus d’unité sur « Va chercher la police ». Et puis, quand il y a de l’humour, il est plus grinçant que sur le premier.
RIC : Autre nouveauté, la collaboration avec Virginie Despentes, sur trois chansons. L’idée est née quand, et comment ?
Natacha : Virginie et moi, on se connaît. On côtoie les mêmes univers, on partage les mêmes goûts. Virginie est branché « musique », elle était ouverte à de nombreux genres. Il y a eu une connivence. Elle a écrit « Seule à Paris », « Cher tueur » et « Cloue-moi au ciel ». On les a écrit à « quatre mains », elle ne nous les a pas envoyés par la poste, quoi, c’est une vraie complicité.
Hervé : « Cher Tueur », c’est un sujet grave, le syndrome existe, une fille qui tombe amoureuse d’un serial killer.
RIC : Vous pourriez l’inviter sur scène ?
Hervé : Non, je crois qu’elle est trop timide pour ça, en fait. Elle appréhende, je pense.
RIC : J’ai le sentiment en écoutant votre disque que vous n’êtes toujours pas calmés…
Michaël, Hervé, Natacha, Lionel et Stéphane répondent à l’unisson : « Non, non, de moins en moins ».
Natacha : « C’est un trait de caractère qu’on partage d’ailleurs avec Virginie Despentes, ce côté « sur le fil », cet esprit écorché vif.
RIC : Le titre de l’album, « Va chercher la police », peut interpeller : quel sens faut-il y voir ? Le sentiment d’urgence ?
Natacha : Entre autres. Mais « Va chercher la police », c’est complètement cynique, il y a du second degré là-dessous.
Hervé : Les sens sont multiples. Tu vois, une fois que le titre est balancé, il ne nous appartient plus, quelque part… Chacun l’interprète à sa façon. Ca peut vouloir dire aussi « va chercher des noises à la police »… On entend pas donner des vérités définitives aux gens.
Natacha : Et puis d’un point de vue sémantique, je trouve que c’est intéressant.
RIC : Il y a aussi plus de textes écrits en français, sur la solitude, la vie parisienne, ces thèmes reviennent souvent…
Natacha : Cet album est plus intime, plus introverti.
Hervé : Plus d’unité, aussi, dans les textes comme dans la musique. On retrouve des thèmes récurrents, des histoires ambiguës. Il y a les angoisses, le sentiment d’auto-destruction.
Natacha : La mort, comment on joue avec le feu… On a voulu aller dans cette direction-là. Tenter des sentiments difficiles, s’approcher du danger. Mais ça, c’est le propre des gens fragiles, ils extrapolent.