
On dit surtout que c'est le disque de jazz le plus vendu de tous les temps. Après, est-ce le meilleur ? Chacun voit midi à sa porte, mais il y avait certes du beau monde pour enregistrer ce disque ! Davis à la trompette, Kelly et Evans au piano, Adderley et Coltrane au sax, Cobb à la batterie et Chambers à la basse.jb a écrit:tibo a écrit:Miles Davis - Kind of blue
Qu'en penses-tu ? On dit que cet album est le plus grand disque de jazz de tout les temps, c'est peut-être exagéré même si c'est vraiment un disque excellent
Quand je l'écoute j'ai l'impression d'être dans un piano bar. Et c'est là (aussi) qu'est pour moi la magie de cet album : une prise de son et un mixage de haute qualité. La remasterisation (à la bonne vitesse) a apporté un vrai plus et je crois que cela influence beaucoup la perception que l'on peut avoir, de proximité et réalité des instruments (avec une bonne Hi-Fi). C'est déterminant dans les musiques "analogiques". Le positionnement des instruments, et surtout l'aération entre chacun d'eux sont superbes. Par exemple (puisqu eje suis batteur), la prise de son sur la batterie (et surtout la ride) de Cobb est aérienne. On entend les souffles des musiciens, les vibrations des instruments... un vrai bonheur même avec le souffle (ce disque à été enregistré il y a 50 ans ! ).lorsque je l'écoute j'ai l'impression d'être devant la BO d'un film.
Un grand bravo aussi à Fred Plaut (ingé son) et Mark Wilder (ingé son et remixage).
Les cinq pièces de cet album sont devenues des classiques (ben tu m'étonnes, si tout le monde l'achète), mais on retiendra (bien sûr) So what, qui est un incontournable de l'impro jazz.
Et voila, tu as tout dit, ou presque. J'ajouterai quatre choses.dave1er a écrit:Outre sa qualité musicale, la notoriété de Kind of blue vient surtout de son importance dans l'histoire du jazz, puisqu'il offre un tournant dans l'approche de l'improvisation. Miles Davis délaisse les traditionnelles grilles d'improvisations basées sur des gammes classiques, et cet album est à l'origine d'un nouveau courant, le jazz modal, qui repose sur des grilles d'improvisations inédites.
La première est que Davis était un compositeur intelligent : les morceaux de cet album sont très simples.
La deuxième est qu'il a su, tout au long de sa carrière, s'entourer de valeurs sûres (confirmées ou nouvelles dans le paysage jazz). En multipliant les rencontres, il a multiplié les influences et les ouvertures d'esprit, chose que pas mal d'autres n'ont pas fait parce qu'il fallait vivre/manger/boire/se droguer/etc. et à qui le talent et la renommée dans leur style suffisait. Il a su aussi en tirer profit, en les laissant s'exprimer là où ils étaient meilleurs que lui.
La troisième est qu'il était déjà archi connu à la sortie de Kind of blue, et en carricaturant il aurait pu sortir "n'importe quoi". Dans Milestone, son album précédent en 1958, il avait déjà enfoncé les portes du jazz modal avec succès (tout en enregistrant Porgy and Bess la même année, dans un tout autre style, et avec autant de succès).
Et enfin, d'autres qui n'ont pas suivi ce courant, sont restés cantonnés aux "vieilles" grilles de 32 mesures, ont fait aussi des carrières magistrales avec un génie musical incontestable. Et d'autres ont probablement tenté de suivre le courant sans vraiment percer. Comme quoi, s'engager dans un nouveau style n'est pas la garantie du succès, il faut aussi du talent.
Au delà de la nouveauté, qui aujourd'hui a peut-être moins de sens, je retiens que ce disque regroupe une sacré brochette de musiciens (comme il y en a eu d'autres avant et depuis), et qu'une fois qu'on est en tête des ventes historiques, on y reste, à grand coup de ré-éditions, de remasterisation, de ré-ré-édition, de nice-price, de ré-ré-ré-ré-éditions, de coffret collector, etc.
tibo "Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les plus belles ?"