par dave1er » 06 Juil 2010, 21:43
Etant donné que je n’avais rien d’autre à faire vendredi et dimanche, je suis allé trainer mes tongues dans la poussière des Eurockéennes de Belfort.
* Résumé court *
- La guitariste de The Dead Weather joue de la Gretsch Bo Diddley, comme Martin Gore
- Le clavier de Julian Casablancas porte le même blouson que Dave Gahan en 1988.
- (Mika a mangé une banane avant de monter sur scène, comme Andy Fletcher. )
* Résumé moins court *
Two door cinema club : un des premiers concerts programmés le vendredi, Ils ouvrent la scène de la plage et c’est pas plus mal comme ça. Leur pop gavée de soleil et sautillante à souhait convient parfaitement à la foule des filles qui dansent pieds nus dans le sable et aux ados torse-nus qui commencent déjà à étancher une soif caniculaire à coup de pintes de bière. Enchantés de jouer dans ce lieu atypique, les irlandais de TDCC ont trouvé ici un lieu en adéquation avec leur musique. Un concert sympa pour débuter ces Eurockéennes 2010, mais qui ne me donnera peut-être pas envie d’acheter leur album (il faut d’abord voir si les chansons passeront l’été).
The dead weather : en soit c’est un évènement à Belfort. Première fois que Jack White vient fouler la grande scène de la presqu’ile du Malsaucy, malgré les tentatives désespérées des programmateurs pour faire venir les White Stripes quand ils officiaient encore. Jack White vient donc accompagné de son super groupe, à savoir d'Alison Mosshart (des Kills), Dean Fertita (de Queens of the Stone Age) et Jack Lawrence (formidable bassiste des Raconteurs). Un rock très bluesy, qui a la particularité d’accrocher les oreilles et de retenir le festivalier qui n’a pourtant qu’une envie : aller s’acheter une boisson glacée. Mais les Dead Weather sont plus forts que la soif et le public écoute religieusement ce rock à la fois d’un classicisme indécrottable et d’une modernité déconcertante dans l’art d’arranger les pièces du puzzle : la basse ou l’orgue Hammond arrivent toujours quand on ne les attend pas. Le micro est partagé par Jack White et Alison (également guitariste – une Bo Diddley donc). J’avoue avoir été scotché par la voix et l’expression scénique de monsieur White. Pour moi ce fut la performance musicale du week-end.
Kasabian : les lads de Leicester ont beaucoup changés. Physiquement je veux dire. Il suffit de regarder les vidéos de 2009 pour voir qu’un bouleversement s’est opéré au sein du groupe : fini les cheveux longs et la dégaine bizarroïde. On se retrouve désormais avec des clones d’Oasis (l’égocentrisme y compris). Les fans et la communauté anglaise sont venus en force soutenir un des fleurons de la brit-pop. Et ils sont faciles à repérer : à l’instar du breton, le briton ne se déplace jamais sans son drapeau. Alors que dire de ce concert ? le groupe semble définitivement prêt pour jouer dans les stades : un chanteur démonstratif (en fait-il trop ?), des morceaux qui sont des hymnes que la foule ne demande qu’à reprendre, un contingent de fans déjà à leur cause. Ils ne leur manquent peut-être qu’un méga-tube pour enflammer la baraque. Ce que j’en retiens ? des morceaux efficaces et la sensation d’avoir passé une heure à Glastonbury.
Charlotte Gainsbourg : S’il y a une chose qu’elle s’est faire, c’est de bien s’entourer. Avec comme backing-band les musiciens de Beck, la garantie d’une prestation musicale correcte était déjà assurée. Pour le light show, idem : elle reprend les tubulures verticales déjà présentes sur la dernière tournée de Radiohead. Maintenant il faut être honnête : la voix est quand même fluette et c’est un handicap (à mon avis) quand tu joues devant 8000 festivaliers plutôt volatiles (alors que ça passe peut-être mieux dans des lieux plus intimes). Charlotte reprendra deux chansons du répertoire de papa : L’hôtel particulier et Couleur café, car ça ne mange pas de pain.
Jay-Z : c’est la star du WE, et pourtant j’ai fait l’impasse, parce que bon.
The Drums : énième nouveau groupe en « the » qui fait une pop efficace mais pas non plus incroyablement originale. On a clairement l’impression qu’ils ont emmagasiné un paquet de références musicales (les smiths, les Cure, Talking heads ou les Beach boys) et qu’ils ont digérés tout ça pour faire leur propre sauce. Sympa mais jeunes. Attendons d’écouter leur album de la maturité.
Julian Casablancas : le chanteur des Strokes revient seul à Belfort pour présenter ses albums solos (que personnellement j’aime bien). Je lui donnerai un carton rouge pour le set très raccourci (45 minutes ! ), un carton jaune pour son look has-been franchement douteux, et en même temps je lui décerne les félicitations du jury (composé de moi-même) pour son choix d’interpréter Hard to explain qui n’est autre que ma chanson préférée des Strokes de l’univers entier. Mon orgasme musical du WE. Le reste du set était très fidèle aux albums en terme d’arrangements, sans vraiment de surprise donc. Sinon le clavier avait le même blouson que Dave Gahan en 1987.
LCD soundsystem : pour moi, LA révélation scénique du WE avec une électro archi-efficace qui ne donne qu’une envie : sauter en l’air. Très très bon.
Mika : j’ai tenu deux chansons et pis c’est tout. Mika me fait penser à un bisounours perdu dans un décor de carton-pâte… Drôle de sensation (de gêne même ?) d’assister à ce concert, j’avais l’impression d’entendre de la soupe juste après LCD soundsystem. Le décalage était vraiment trop grand et mes oreilles n’ont pas supporté cette guimauverie.
Gablé : j’ai été attiré par ce groupe qui officiait sur la scène « découvertes » car il était présenté comme un groupe de folk-électronique. Et comme je ne connais pas la définition de ce style musicale, je suis allé voir ça de mes propres oreilles. Effectivement, c’était plutôt … intéressant. Un drôle de mélange entre du folk à guitare donc, et des passages électro-expérimentaux. Un peu comme si Simon&Garfunkel flirtaient avec les frères chimiques. C’était tellement tordu que j’ai aimé.
Empire of the sun : vous prenez les cousins de MGMT, vous les déguisez et vous avez Empire of the sun. C’est psychédélique et j’ai pas compris le concept, ni la musique.
Massive Attack : concert parfait pour finir un festival. Nuit étoilée, température de 25°C alors qu’il est déjà minuit passé quand le concert commence, tout va bien. Visuels toujours aussi travaillés (mais dans l’esprit de la précédente tournée), performance scénique impeccable. Horace Andy était là, et la voix féminine était assurée par Martina Topley Bird. La nuit qui vient s’annonce plein de beaux rêves. Le son était nickel, mais en terme de décibels, ils poussent le bouchon un peu trop loin (et c’est le cas depuis plusieurs tournées).
Bilan : un festival sans réelles grosses locomotives rock (budget en restriction oblige), mais une ligne éditoriale exigeante qui permet de voir des groupes qui ont quelque chose d'intéressant à proposer.
A noter que chaque année il y a un concert « polémique » et cette année c’est tombé sur Miss Elliott qui aurait fait « le pire concert de l’histoire des Eurockéennes » (dixit tout ceux qui ont assisté à sa calamiteuse prestation).
Edited By dave1er on 1278449533
"Le rock français, c'est comme le vin anglais." (John Lennon)