par The X Phil » 22 Fév 2006, 14:23
Je recopie ici ce que j'ai mis sur mon beulogue ce matin :
Un concert de Depeche Mode à Bercy, c’est toujours un événement. Celui du 21 février 2006, avec un public survolté définitivement acquis, un groupe en pleine forme et un show rodé au millimètre, n’a pas failli à l’adage.
D’abord parce que même à presque 45 ans, les trois membres du groupe sont toujours des bêtes de scène. Plus rock star que jamais, Dave Gahan se déhanche toujours avec la même énergie, tombe la veste au bout de deux chansons, fait hurler les filles et apporte une puissance de showman accompli qui laisse sur le cul. Martin Gore, toujours plus discret, sait aussi se lâcher complètement et son look de poulet géant atteint de grippe aviaire sur cette tournée explose tout ridicule pour servir son jeu de scène. Fletch est toujours aussi inutile, mais c’est pour ça qu’on l’aime, et il tape toujours aussi bien dans ses mains. Pour compléter le trio, Christian Eigner, un monstre à la batterie et Peter Gordeno, un génie des synthés, ne feront pas oublier Alan Wilder aux fans, mais ils ne déméritent pas une seconde.
Notre placement ne nous a pas permis d’apprécier pleinement le spectacle à sa juste valeur : sur le côté presque à la perpendiculaire de la scène, on n’avait pas une vue d’ensemble de celle-ci et une grosse baffle (y’a des baffles qui se perdent !) nous cachait le chanteur lorsqu’il était au centre de la scène (un comble !). Heureusement, Gahan ne reste jamais bien en place, et on a pu ainsi le voir pendant les ¾ du concert. D’autant qu’il semblait avoir un faible pour notre côté et est venu nous faire coucou souvent, pour le grand plaisir des fans hystériques (dont moi). En plus, Martin était de notre côté aussi, et on voyait bien l’ensemble de la scène, de très près. On voyait moins le mur du fond, constitué de plusieurs écrans superposés comme des éclats de verre, sur lesquels les projections alternaient des prises de vue en temps réel de la scène et des images filmées. Ajouté au look très spatial des consoles de synthés et à une grosse boule tout droit sortie de 2001, l’univers visuel de cette nouvelle tournée est encore très technologique. Chez DM le visuel compte tout autant que le son en live et Anton Corbjin (leur designer) a encore fait des merveilles ici.
Mais même si tout l’aspect visuel et les jeux de scènes font beaucoup pour l’excellente qualité de Depeche Mode en concert, tout ceci ne serait rien sans les chansons interprétées.
Là réside peut-être leur seule limite… qui en fait n’en est pas une ! Depuis 25 ans, le groupe a rodé une formule avec des concerts à peu près toujours structurés de la même manière, et avec peu de prises en risque au niveau des morceaux joués. Des spectacles très professionnels et très travaillés (jusque dans l’absence de fausses notes ou de « trompage dans les paroles » de Gahan). Le fan pourra donc toujours râler sur telle ou telle chanson qu’il adore et qui manque, ou sur le fait qu’il y a trop de singles évidents et déjà entendus plein de fois. Mais bon, comme ces chansons sont de toute façon géniales et qu’elles ont un rendu démentiel en concert, on ne va pas faire la fine bouche non plus !
Le groupe joue ainsi seulement sept chansons du dernier album, et laisse malheureusement de côté « Nothing’s impossible » (ma préférée) et « Lilian » (absence incompréhensible pour un tube absolu en puissance). Les autres sont jouées dans des versions proches du disque, sauf le premier single « Precious » dont le côté « années 80 » disparaît dans une version moins électronique. Pour le reste, « Violator » est sans surprise surreprésenté (5 morceaux), et tout ce qui est avant cet album est un peu oublié. Il y a néanmoins quelques bonnes surprises, surtout dans les rappels, avec le retour du grandiose « Everything counts » et « Goodnight lovers » à la fin, chanson pas tip-top, mais idéale pour terminer le concert. Pour les chansons chantées par Martin, on a droit à une version bizarroïde de « Home » (impossible à reconnaître avant les premières paroles), et surtout à une version piano/voix de « Shake the disease ». Sûrement le meilleur moment du concert pour cette version épurée d’une chanson normalement très industrielle et chantée par Dave. Les autres chansons ultra attendues sont jouées dans des versions hypertrophiées énormes, à grand renforts de guitares explosives et de synthés épiques, de batterie martiale et de lignes de basses accrocheuses. « A question of time », « Never let me down again », « Policy of truth », « Behind the Wheel » et autres déchirent tout et le public comme le groupe s’en donnent à cœur joie. La fin du set principal avec l’enchaînement hallucinant de « Personal Jesus » et « Enjoy the silence » est assurément un moment très très fort.
Bien sûr, l’enthousiasme de fan transi ne doit pas faire oublier que ce n’était pas non plus le concert parfait en tous points. Le début notamment peinait un peu, avec un Dave Gahan long à se mettre en voix. Le son, surtout, même s’il était bien meilleur que la moyenne médiocre de Bercy laissait parfois à désirer, avec plein de larsens inacceptables. A part ça, ça fait toujours bien marrer de voir Gahan et Gore soudés et en faisant des tonnes dans le registre « on est potes », alors qu’on sait très bien que c’est pas le cas.
Mais bon, au final Depeche Mode nous aura offert deux heures pleines de spectacle total et de chansons grandioses. Des quatre concerts du groupe que j’ai vus, c’est probablement le meilleur, ou au moins à égalité avec le « Devotional Tour » de 93. Pour la peine, j’y retourne jeudi, tiens !
Setlist :
Intro
A Pain I’m Used To
John the Revelator
A Question of Time
Policy of Truth
Precious
Walking in my Shoes
Suffer Well
Macro
Home
I Want it All
Sinner in Me
I Feel You
Behind the Wheel
World in my Eyes
Personal Jesus
Enjoy the Silence
Shake the Disease
Just Can’t Get Enough
Everything Counts
Never let me Down Again
Goodnight Lovers