A history of violence - De david cronenberg

Les arts autres que la musique : cinéma, littérature, expositions, etc.

Messagepar Impératrice » 05 Nov 2005, 00:08

Je suis allée voir A history of violence de David Cronenberg avec Viggo Mortensen et Maria Bello, et voici mon petit avis qui vaut ce qu'il vaut.

Après une brève scène de présentation des vilains, tout commence par une sucrerie rose bonbon et guimauve. Une espèce d'horreur issue du monde merveilleux de Bisounours : Tom Stall est une espèce de mari parfait, aimant, qui ne boit pas, ne fume pas, et dit bonjour poliment à ses voisins. Nous sommes dans la parfaite caricature.

Survint le drame, les méchants du début débarquent dans l'échoppe de Tom et mettent en danger les personnes présentes dans ledit magasin. Pour sauver d'une mort certaine son employée, Tom réussi à abattre les méchants.

S'ensuit une longue descente aux enfers. Qui, tout en commençant avec finesse, comme une soudaine révélation, fini malheureusement par tomber dans la parfaite caricature.

Violence physique très crue quasi insupportable, violence morale tout aussi insoutenable. La chair est là, présente, partout, tout le temps. "A history of violence" a beaucoup d'élégance, même dans l'horreur, et une très grande justesse sur certaines scènes, dans un certain regard. Une beauté particulière.
Il sombre cependant dans caricature de façon inexorable, dans une espèce de fantasme très américain qui a un goût de réchauffé.

C'est étrange, parce que si on ne passe pas "un bon moment" avec ce genre de film, je pense qu'il est tout de même à voir.

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Messagepar Iwan63 » 05 Nov 2005, 00:11

Très bon résumé Imperatrice, c'est exactement ça, notemment ta dernière phrase "si on ne passe pas un bon moment avec ce film, il est tout de même à voir".
C'est également l'effet que ça m'a fait, mais pour ceux qui ont un budget serré et qui ne peuvent voir que deux ou trois films par mois, faites donc l'impasse sur celui ci ( ça n'engage que moi, bien sur ).
Dave et Martin sont dans un bateau. ave et artin tombent à l' eau, qui reste -t- il dans le bateau?
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Messagepar 16 Decoy Avenue » 05 Nov 2005, 11:32

Impératrice a écrit:Violence physique très crue quasi insupportable, violence morale tout aussi insoutenable. La chair est là, présente, partout, tout le temps. "A history of violence" a beaucoup d'élégance, même dans l'horreur, et une très grande justesse sur certaines scènes, dans un certain regard. Une beauté particulière.
Il sombre cependant dans caricature de façon inexorable, dans une espèce de fantasme très américain qui a un goût de réchauffé.

C'est aussi mon avis. Très bien filmé, belle distribution mais scénario déjà connu et très américain. Monsieur tout le monde rattrappé par le bad boy qui se doit de sommeiller dans tout bon citoyen américain. La relation sexe violence est typique de la conception qu'ont les studios d'hollywood de la société américaine. Violence légitimée, acceptée et fédératrice...
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Messagepar einsturzende » 06 Nov 2005, 16:59

j'ai vu des extraits et j'ai vraiment envie d'aller le voir. même si comme vous avez dit, on ne passe pas forcément un bon moment, il s'agit en outre d'un excellent film.. et puis j'ai toujours remarqué que les bons films sont dur à supporter sur le moment, mais qu'on s'en souvient longtemps après. genre Shining, Orange Mécanique, Angel Heart, Requiem for a dream..
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Messagepar Impératrice » 06 Nov 2005, 18:56

einsturzende a écrit:j'ai vu des extraits et j'ai vraiment envie d'aller le voir. (snip) il s'agit en outre d'un excellent film.. et puis j'ai toujours remarqué que les bons films sont dur à supporter sur le moment, mais qu'on s'en souvient longtemps après. (snip)

Je ne peux qu'encourager les gens a aller le voir. Outre l'aspect caricatural qui m'a hérissé le poil, mais qui fait partie intégrante du film, il y a de très bonne chose très bien vue.
Personnellement, j'accorde une mention spéciale à la "scène de l'escalier", belle et atroce en même temps. Je n'en dis pas plus.Ne gâchons rien.
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Messagepar jb » 06 Nov 2005, 19:37

Dans l'ensemble assez déçu. De la part de Cronenberg, je m'attendais à mieux, à plus de surprises et à un film moins linéaire. J'ai l'impression que ce genre de scénario a déjà été écrit et porté à l'écran 1000 fois : le mec a un passé caché que tout le monde ou presque avait oublié, lui le premier et pas de bol, ça le rattrape. Je trouve que le scénar manque de surprise et qu'à trop vouloir filmer la violence sous toutes ses formes, certaines scènes sont un peu attendues & forcées.

Sinon les scènes de lit confirment une nouvelle fois qu'en Amérique du Nord, l'amour se fait tout habillé.
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Messagepar davina » 06 Nov 2005, 20:30

j'ai beaucoup aimé ce film même si comme jb, je m'attendais à plus de surprise.....Impératrice a tout résumé....a voir....
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Messagepar The X Phil » 07 Nov 2005, 01:36

vu ce soir... pour moi un chef d'ouevre, un des meilleurs films de l'année, un grand Cronenberg (mon réalisatur préféré).
C'est en effet un de ses films les plus linéaires et à l'aspect le plus commercial, mais comme souvent chez lui, ce côté plus "accessible" lui permet de développer un propos toujours aussi intelligent aec encore plus de force (voir "La Mouche" ou "eXistenZ"). Dans quel film d'action Hollywoodien trouve-t-on le même sous-texte sur la nature de la violence, l'identité, le conditionnement de la société, et j'en passe ?
Quant aux scènes de sexe, je suis pas tout à fait d'accord ok, ils sont habillés, mais en même temps, on sait très bien que c'est une convention pour Cronenberg, qui s'en fout complètement et qui fait ça pour faire plaisir au studio (voir "Crash"). Après, ça n'en diminue en rien la force : la scène de l'escalier est en effet hyper subversive et très frappante, et la scène "pom pom girl" est superbe dans le sens où elle est totalement réaliste, à l'opposé des scènes de sexe habituelles au cinéma (rappellez-moi la dernière fois qu'on a vu un couple faire l'amour "comme à la maison" au cinéma ? Et votre dernière scène de "69", elle date de quand, à part le film sur Canal hier soir, mais ça compte pas ?).
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Messagepar croustibat » 07 Nov 2005, 02:09

The X Phil a écrit:Après, ça n'en diminue en rien la force : la scène de l'escalier est en effet hyper subversive et très frappante, et la scène "pom pom girl" est superbe dans le sens où elle est totalement réaliste, à l'opposé des scènes de sexe habituelles au cinéma (rappellez-moi la dernière fois qu'on a vu un couple faire l'amour "comme à la maison" au cinéma ? Et votre dernière scène de "69", elle date de quand, à part le film sur Canal hier soir, mais ça compte pas ?).

Entierement d'accord avec toi !
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Messagepar jb » 07 Nov 2005, 11:08

The X Phil a écrit:vu ce soir... pour moi un chef d'ouevre, un des meilleurs films de l'année, un grand Cronenberg (mon réalisatur préféré).
C'est en effet un de ses films les plus linéaires et à l'aspect le plus commercial, mais comme souvent chez lui, ce côté plus "accessible" lui permet de développer un propos toujours aussi intelligent aec encore plus de force (voir "La Mouche" ou "eXistenZ"). Dans quel film d'action Hollywoodien trouve-t-on le même sous-texte sur la nature de la violence, l'identité, le conditionnement de la société, et j'en passe ?


Ce que je veux dire, c'est qu'on attend plus d'un réalisateur comme Cronenberg. Dire que Cronenberg ne fait pas du Hollywood ne suffit pas, puisqu'il est largement établi depuis des années que Cronenberg est un réalisateur en marge d'Hollywood. Pour moi "A History of Violence" reste avant tout un film à message mais il n'y a presque pas d'action et le tout reste très ou trop lent.

Je trouve également que de nombreux personnages sombrent dans la caricature : le méchant patibulaire qui vient hanter la belle famille américaine provinciale bien gentille, le méchant beau gosse de l'école qui cogne parce qu'il ne supporte pas qu'on lui fasse de l'ombre, etc. Au final, ça donne un thriller honnête avec un scénario plat et une fin limite grotesque (une partie de la salle riait aux éclats, ce que je peux comprendre).

Quant aux scènes de sexe, je suis pas tout à fait d'accord ok, ils sont habillés, mais en même temps, on sait très bien que c'est une convention pour Cronenberg, qui s'en fout complètement et qui fait ça pour faire plaisir au studio (voir "Crash"). Après, ça n'en diminue en rien la force : la scène de l'escalier est en effet hyper subversive et très frappante, et la scène "pom pom girl" est superbe dans le sens où elle est totalement réaliste, à l'opposé des scènes de sexe habituelles au cinéma (rappellez-moi la dernière fois qu'on a vu un couple faire l'amour "comme à la maison" au cinéma ? Et votre dernière scène de "69", elle date de quand, à part le film sur Canal hier soir, mais ça compte pas ?).


C'est bien ce que je dis : On ne peut pas dire que ce film est génial parce que le reste de la production hollywoodienne est médiocre. Les deux scènes de sexe me paraissent par exemple très lourdes ; Cronenberg en fait des tonnes pour faire la distinction entre Stall et Cusak : Sa femme dort dans ses bras dans la 1ère scène, pleure toute seule dans la seconde ; le 69 mignon en culotte blanche de cheerleader dans la première, le sexe en slip noir dans les escaliers ça fait mal dans la seconde, Stall dominé dans la 1ère et qui domine dans la 2nde, etc. De la même façon, le parrallèle entre la vie du père et du gamin est lourdingue. Bref, plus j'y pense et plus je me dis que je n'ai pas été loin de m'ennuyer.
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Messagepar The X Phil » 07 Nov 2005, 11:39

Je ne dis pas que le film est bien parce qu'il vaut mieux que le reste du cinéma hollywoodien, mais qu'il est bien parce que Cronenberg se sert du cinéma hollywoodien pour nous livrer un film plein de ses obsessions habituelles. Pour moi, ce film est un Cronenberg comme un autre, seule la forme change (et encore, légèrement).
Tu as pu t'ennuyer à ce fil, je le comprends, mais je comprends pas alors pourquoi tu t'es pas ennuyé à "Faux Semblants" et "Crash" !
Après, concernant le grotesque des scènes des violence, c'est carrément fait exprès. Dans la salle où je l'ai vu, tout le monde riait aussi, et moi-même je riais. C'est toute l'ambiguité du film, qui (entre autres, parce qu'il y a plein d'autres choses aussi) dénonce la fascination exercée par la violence (sur l'Amérique notamment), tout en se servant de cette fascination. On retombe dans les débats qui avaient accueilli "Starship Troopers", qui fonctionnait de la même façon et qui avait du coup été mal compris. Cronenberg a fondé sa carrière sur l'horreur trash et l'attraction/répulsion provoquées par la violence. Il ne peut pas débarquer maintenant en moraliste en disant simplement "la violence c'est pas bien". Il préfère analyser en profondeur la violence et ne pas passer sous silence le fait qu'on est autant fasciné que dégoutté par elle...
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Messagepar jb » 07 Nov 2005, 12:03

The X Phil a écrit:Je ne dis pas que le film est bien parce qu'il vaut mieux que le reste du cinéma hollywoodien, mais qu'il est bien parce que Cronenberg se sert du cinéma hollywoodien pour nous livrer un film plein de ses obsessions habituelles. Pour moi, ce film est un Cronenberg comme un autre, seule la forme change (et encore, légèrement).
Tu as pu t'ennuyer à ce fil, je le comprends, mais je comprends pas alors pourquoi tu t'es pas ennuyé à "Faux Semblants" et "Crash" !

Au final, je me demande ce que Cronenberg a voulu dire sur le sujet de la violence. En cherchant la petite bête, on peut même se demander s'il avait quelque chose à dire sur le sujet. Je ne me suis pas ennuyé devant Faux Semblants parce que Cronenberg avait quelque chose à dire. Tu parles d'analyse de la violence en profondeur mais j'ai l'impression qu'il se contente de dire "attention les gars, la violence est partout, même chez vous".

Après, concernant le grotesque des scènes des violence, c'est carrément fait exprès. Dans la salle où je l'ai vu, tout le monde riait aussi, et moi-même je riais.


La violence c'est marrant ? Le carnage final est volontairement grotesque ? Les gens rient parce qu'on n'y croit pas une seconde voyons !
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Messagepar The X Phil » 07 Nov 2005, 12:47

Evidemment qu'on n'y croit pas une seconde parce que c'est FAIT EXPRES ! Tu crois à la violence des scènes de "Kill Bill", toi ? Non, parce que c'est fait exprès aussi. Tarantino et Cronenberg utilisent le même procédé, pour déconnecter la violence de la réalité, à des fins de "critique" chez le second, pour le fun chez le premier.

Après, Cronenberg a plein de choses à dire sur la violence. Ce film rejoint d'ailleurs tout le reste de son oeuvre en ce sens que la violence y est présentée comme un virus, une maladie comparable à toutes celles qui jalonnent ses films précédents. Il montre à partir de là comment cette maladie se propage (chez le fils Stall par exemple), comment on peut la combattre (la "thérapie" de Joey pour devenir Tom), etc... La phrase de Mortensen où il dit "qu'est-ce que vous voulez que je fasse pour prouver que je suis pas Joey ? analyser mon ADN ?" (appriximativement) est à double-sens et illustre parfaitement cette théorie.

Je vois pas pourquoi on dirait avec ce film particulier que Cronenberg n'a rien à dire, tout ça parce qu'il n'a pas fait un film ouvertement intello comme souvent. A ce moment là, il n'avait rien à dire avec "La Mouche" ou "Dead Zone", aussi !
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Messagepar jb » 07 Nov 2005, 16:49

The X Phil a écrit:Evidemment qu'on n'y croit pas une seconde parce que c'est FAIT EXPRES ! Tu crois à la violence des scènes de "Kill Bill", toi ? Non, parce que c'est fait exprès aussi. Tarantino et Cronenberg utilisent le même procédé, pour déconnecter la violence de la réalité, à des fins de "critique" chez le second, pour le fun chez le premier.

Mouais, le ton et les procédés employés me paraissent sensiblement différents mais bon...

Après, Cronenberg a plein de choses à dire sur la violence. Ce film rejoint d'ailleurs tout le reste de son oeuvre en ce sens que la violence y est présentée comme un virus, une maladie comparable à toutes celles qui jalonnent ses films précédents. Il montre à partir de là comment cette maladie se propage (chez le fils Stall par exemple), comment on peut la combattre (la "thérapie" de Joey pour devenir Tom), etc... La phrase de Mortensen où il dit "qu'est-ce que vous voulez que je fasse pour prouver que je suis pas Joey ? analyser mon ADN ?" (appriximativement) est à double-sens et illustre parfaitement cette théorie.


Je n'ai pas ressenti ce virus de la violence qui se propage. Il montre que la violence a laquelle est confronté son père n'épargne pas non plus son gamin, dans une moindre mesure, à son niveau mais ça ne va pas beaucoup plus loin.

Je vois pas pourquoi on dirait avec ce film particulier que Cronenberg n'a rien à dire, tout ça parce qu'il n'a pas fait un film ouvertement intello comme souvent. A ce moment là, il n'avait rien à dire avec "La Mouche" ou "Dead Zone", aussi !


La Mouche a un scénario excellent, ce qui n'est pas le cas de A History of Violence tu en conviendras. Là le scénar est malheureusement convenu et cela nuit à l'action, non ?
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Messagepar The X Phil » 07 Nov 2005, 18:52

Non, j'en conviendrai pas : parce que si on parle juste du scénario de base, un mec qui se transforme en mouche est pas plus excellent qu'un mec qui redevient violent en se faisant agresser. Si on parle de tout ce que le scénario implique, je trouve autant de fond dans les deux films...

Donc on pourra en débattre pendant des millions d'années, le problème est qu'on n'a pas la même perception du film à la base. Par exemple, moi j'ai vu clairement cette histoire de "virus de la violence", toit non. Je ne dis pas que j'ai raison, je me fais peut-être des films. Mais à partir du moment où je pense que ce film est un Cronenberg aussi profond que les autres et toi tu penses le contraire, on pourra toujours détourner les arguments de l'autre à notre avantage, mais je nous vois pas ni l'un ni l'autre changer d'avis sur la question... (pas que je veuille baser l'affaire, hein ! Un Cronenberg est toujours propice au débat, et c'est une bonne chose. Mais là, on tourne un peu en rond !).
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Messagepar The X Phil » 07 Nov 2005, 18:54

Allez, pour le fun je recopie ici la critique que j'ai poubliée sur mon blog aujourd'hui, qui reprend quelques trucs que j'ai dit ici


David Cronenberg m’avait fait très peur avec son film précédent, « Spider », pensum foireux où toute l’intelligence du réalisateur se perdait dans la symbolique lourdingue d’un film chiant au possible.
Avec « History of Violence », le metteur en scène canadien nous revient par contre dans une très grande forme et fait passer son film précédent pour une erreur de parcours sans grande conséquence. On peut aisément oublier cette erreur tant son nouveau film renoue avec tout ce qu’on aime chez le cinéaste, tout en s’intégrant logiquement et idéalement à son parcours jusqu’ici.

Depuis ses débuts dans le pur film d’horreur de série B gore, Cronenberg a toujours insufflé beaucoup de fond à ses films, tournant autour de thèmes récurrents tels que la maladie et les dérèglements corporels, les mutations vers « l’homme du futur », la perception de la réalité etc… Son cinéma est devenu avec le temps de plus en plus conceptuel, de plus en plus abstrait, tournant le dos à ses débordements pour devenir complètement intériorisé. Mais régulièrement, Cronenberg s’amuse à nous livrer un film plus « commercial » (du moins en apparence). C’est le cas avec ce dernier film, réalisé pour un grand studio américain, adapté d’un « graphic novel » et qui s’apparente à un gros film d’action à base de vengeance sanglante. Et c’est certainement sa plus grande force, Cronenberg s’éclatant comme un fou à pervertir totalement le film de « vigilante » en livrant une réflexion profonde sur le phénomène de la violence en elle-même et sur sa représentation au cinéma.

Cronenberg regarde le peuple américain (ces voisins qu’il ne comprend pas) comme un entomologiste et analyse sa fascination pour la violence, les armes, l’autodéfense. Et son regard est cynique et acéré se teintant d’une ironie forte et ravageuse. Au départ, il décrit une petite famille américaine parfaite, une version 21ème siècle des Ingalls. Une famille qui va basculer très vite dans l’horreur, alors qu’il suffit d’un petit élément déclencheur pour que leur nature violente prenne le dessus. D’une ambiguïté incroyable, le film dénonce la violence inhérente de l’homme et tente de réfléchir sur la question, tout en offrant son lot de scènes hyper agressives. Mais Cronenberg pousse les scènes d’action du film à un tel niveau de grotesque et d’énormité qu’elles en deviennent risibles. Véritables catharsis en même temps que déconstruction d’un genre roi dans le cinéma américain, les scènes de violence du film servent au réalisateur à poser une distance entre le spectateur et la représentation de la violence à l’écran. Ca ne fait pas de lui un moraliste pour autant (il serait mal placé au vu des électrochocs que constituent la plupart de ses films !), car il avoue par ses images sa propre fascination pour le sujet (un peu comme John Woo lorsqu’il dit qu’il n’aime pas la violence et que c’est ce qu’il veut faire passer par ses gunfights aériens).

Derrière ses oripeaux de pure série B jouissive, « History of violence » est un film évidemment très réfléchi de la part d’un Cronenberg qui ne laisse jamais rien au hasard. C’est aussi un film qui permet au cinéaste de développer ses thèmes habituels, même sur un scénario qu’il n’a pas signé. Dans le film, la violence est une sorte de virus, une maladie qui touche l’homme et se répand par contamination auprès de ses proches (son fils, sa femme…). C’est une maladie qu’on peut soigner, mais qui peut aussi revenir régulièrement. Une phrase prononcée par le personnage principal est à ce moment là à double sens : « Je ne vais pas faire une analyse d’ADN pour leur prouver que je ne suis pas celui qu’ils croient ». Ainsi, ce qui doit prouver son identité peut aussi être pris pour une analyse mettant à jour la gêne de la violence et son impact sur le personnage principal.

D’autres thèmes purement Cronenbergiens comme le questionnement sur l’identité (qui est-on réellement ? Se définit-on par ce qu’on est intrinsèquement ou par nos actes ?) et le rapport à la réalité sont très présents, comme dans tous les films « importants » du maître.
Et évidemment, le sexe est lui aussi mis au premier plan. Comme toujours, le réalisateur n’a pas peur d’affronter le sujet frontalement, à travers deux scènes fabuleuses. Dans la première au début du film, le couple de personnages principaux fait l’amour un soir où ils sont seuls. Cronenberg filme la scène « comme à la maison », on a vraiment l’impression de voir un couple « normal » faire l’amour, le réalisateur osant un « 69 » rarement vu au cinéma. Plus loin dans le film, alors que le caractère violent des mêmes personnages a explosé au grand jour, c’est à une scène de sexe sauvage qu’on assiste, à l’opposé de la première. La réflexion sur le sexe et sa représentation rejoint dans la démarche du réalisateur celle sur la violence.

Au-delà de toute la réflexion et des débats que le film amène, c’est aussi un film qui fonctionne au premier degré et procure un plaisir direct et efficace. Bien qu’un peu lent, on ne s’y ennuie jamais (il dure à peine 1h30, en plus), et contrairement à beaucoup de films de Cronenberg, il ne met pas mal à l’aise. Même sur un film plus commercial, le réalisateur tend toujours vers l’abstraction et pousse ici très loin le dénuement total dans ses effets (avec l’aide de la musique élégiaque mais discrète du complice de toujours Howard Shore, par exemple). Le film est assez froid, mais ce n’est pas oppressant comme dans « Faux Semblants » ou « Crash ».
En plus, les acteurs sont tous incroyables. Viggo Mortensen prouve qu’il n’est pas cantonné au rôle d’Aragorn-fils-d’Arathorn pour toujours, et son aspect un peu lisse colle très bien au rôle. Maria Bello est époustouflante, surtout lorsqu’elle laisse passer les failles et les interrogations de son personnage. Dans les rôles des « méchants » assez caricaturaux, Ed Harris et William Hurt s’en donne à cœur joie.

« History of violence » n’est peut-être pas ZE film de l’année que j’attendais… quoique ! Le temps nous dira ce qu’il en restera dans quelques mois, et ses futures visions en DVD apporteront sûrement d’autres plaisirs, d’autres lectures, d’autres interrogations.
En tout cas, comme presque à chaque fois, Cronenberg nous a livré un film « provoquant » dans le vrai sens du terme. Parce qu’il provoque chez le spectateur tout un tas de sentiments, parce qu’il provoque la réflexion, parce qu’il est dérangeant. Je ne vais donc pas m’étendre encore plus dessus, mais simplement revenir sur le fait que le maître canadien est de retour avec un menthe à l'eau de grand film, et que ça fait vraiment du bien !
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Messagepar Bliss69 » 08 Nov 2005, 00:19

Ben moi j'ai beaucoup aimé :rock:
J'ai trouvé ça bon le contraste & les interprètations très juste...
Run Deep, Run Wild!
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Messagepar Dude_81 » 07 Déc 2005, 18:08

Bliss69 a écrit:Ben moi j'ai beaucoup aimé :rock:
J'ai trouvé ça bon le contraste & les interprètations très juste...

je suis assez d'accord avec toi

par contre j'ai trouvé le film un peu court, j'avais l'impression d'avoir été dans la salle depuis à peine une heure...
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