JOUR 1 :
Pas resté super longtemps le premier jour - et je confirme que la prog de cette années est la moins bonne qu'on ait eue jusqu'ici. Mais c'était quand même très bien, il faisait beau, on en a pris plein les oreilles, et y'a toujours une super ambiance malgré les deux fléaux des festivals : les gloumoutes bourrés ou non qui sortent jamais de chez eux et qui font chier parce que y'a plein de musique pour pas cher, et les gens qui arrêtent pas de te passer devant parce qu'ils voient rien derrière et après c'est toi qui vois rien.
On a dû réussir à entrer dans Longchamps un peu après 15h30 et on a pu bien se placer sur la grande scène pour le premier concert, qui commençait à 16h30. Et là, mal joué Solidays, de commencer par ce qui sera probablement le meilleur concert de tout le festival (au moins un des meilleurs en tout cas) : celui des FATALS PICARDS. Evidemment, on aurait préféré les voir sur leur tournée pour un de leurs concerts complets, mais là, sur un petit set d'une heure, c'était déjà terribeule. Bien sûr Paul et Yvan n'arrêtent pas de déconner sur le principe "un sketch / une chanson". Et non seulement on se marre bien, mais les deux n'ont pas mis de côté cynisme et méchanceté, balançant des gags d'un mauvais goût réjouissant et tapant sur tout le monde - pas forcément bien vu dans un festival pour une "bonne cause". Mais bon, on est là pour écouter de la musique (sinon on va voir Anaïs) et de ce point de vue, c'était aussi du tout bon. Principalement des chansons du dernier album (une entrée sur "On se demandait, puis Seul et Célibataire, Djembé Man, Mon père était tellement de gauche...), quelques plus vieilles (Les bourgeois, Qu'est-ce qui nous prouve ?) et une fin de set sur une grandiose "Goldorak est mort" avant un rappel "Bernard Lavilliers" + "Dors mon fils". Le tout dans des versions explosives qui remuaient bien et une ambiance de folie même si c'était le premier concert de la journée pour tout le monde.
Après ça, les autres n'avaient qu'à bien se tenir. De fait NO ONE IS INNOCENT nous gave au bout de trois chansons. J'ai rien contre le groupe, que j'aime même plutôt bien : un vrai groupe de metal français qui pète, avec des bonnes musiques et de bons textes. Une grande énergie sur scène, mais je préfère les morceaux en studio, avec tous leurs arrangements. Là, ça se résume à du gros bourrinage qui va pas loin.
On part donc à l'autre bout du festival pour aller voir THE SUNSHINE UNDERGROUND dont on a dû entendre vaguement un morceau une ou deux fois à la radio. Et sans être confondant, c'est plutôt une bonne surprise ! Un groupe anglais comme il en pleut cinquante chaque année, mais qui sait écrire des chansons et les défendre sur scène. La voix aigue du chanteur rend bien, sur une musique au style Bluresque mais variée. C'est rythmé, entraînant, mélodique et assez puissant, on passe un bon moment.
Retour sur la grande scène pour EDITORS, au sujet desquels je dubite beaucoup, on va finir par le savoir ! Commençons donc par le négatif, et surtout par le fait que j'ai enfin mis le doigt sur ce qui me gêne chez eux : contrairement aux autres groupes qui s'inspirent du post punk (avec plus ou moins de distance), eux COPIENT carrément Joy Division sans vergogne, et sans en avoir aussi le génie. Ajoutez à ça un manque de charisme et d'attitude - il faut voir le bassiste, invisible justement, loin d'un Carlos D. de Interpol, et je parle même pas de le comparer à Peter Hook ou Simon Gallup. Ajoutez y encore cette guitare stridente qui est aussi énervante en live que sur disque - ça va un peu, c'est même sympa, mais sur TOUS les morceaux, ça devient chiant !
Et ben malgré ces réserves, j'ai trouvé leur concert très bien ! Surtout les morceaux du premier album, en fait, que je connais mieux (putaing, Munich et All Sparks !). Indéniablement, Editors est un groupe de scène, leurs chansons trouvant leur vraie dimension en live. Malgré un petit passage à vide un peu chiant au milieu, leur set frisait la perfection. Mais Interpol et She Wants Revenge, c'est quand même mieux !
Pour la suite, on avait le choix entre Eiffel et MARCEL ET SON ORCHESTRE. On choisira les seconds parce que la scène est plus proche. On voulait se faire la moitié de chaque concert, mais on va finalement rester - on aura sûrement l'occasion de revoir le groupe de Humeau une autre fois. Marcel, c'est toujours la folie sur scène et dans le public, leurs chansons sont toujours toutes simples mais bien délirantes, mais après les Fatals, c'est moins savoureux. C'est quand même du tout bon, et on passe là aussi un bon moment.
Dernier concert de la journée pour nous, à nouveau sur la grande scène : KAISER CHIEFS. Dans une mise en scène mégalo avec leur nom en grand au fond de la scène et à coup de "nous sommeZ Kaiser Chiefs", le groupe a livré un concert tout simplement monstrueux. Ricky Wilson est un fou intégral qui saute dans tous les sens, grimpe aux échaffaudages, balance son micro, et accessoirement donne le meilleur de lui même au chant. Le groupe derrière joue comme si le monde devait être anéanti dans la minute suivante. Les chansons étaient puisées uniformément dans leurs 2 albums et s'enchaînaient suffisament vite et bien pour que les morceaux les plus faibles soient vite balayés par des bombes atomiques genre "Na na naaaaa", "Ruby", la fin de "Angry Mob" (épique), "I predict a riot" (apocalyptique) et autres joyeusetés (la fin du set sur "Oh my God" dantesque), le groupe débordant allègrement de l'heure qui lui était allouée. Tout ça avec un son incroyablement lourd, comme si les roadies de Marylin Manson avaient réglé les guitares et la basse des Kaiser. Un grand moment, un concert énorme qui refermait la parenthèse de cette première journée aussi bien qu'elle avait été ouverte.
Après, il restait un choix cornélien entre Joey Starr et Paolo Nutinni, suivis de Lauryn Hill qui se fait maintenant appeler "Ms" Lauryn Hill - branleuse. Donc il était temps de rentrer ! (avant, on avait aussi loupé Mademoiselle K, que je voulais pourtant tenter, mais c'était en même temps que Kaiser Chiefs, faut pas abuser !)
JOUR 2 :
Deuxième jour moins bon que le premier, mais on s'y attendait. Et y'avait quand même de bonnes choses, surtout sur la fin...
... et au début aussi d'ailleurs, avec TOKYO SKA PARADISE ORCHESTRA, qui comme son nom l'indique est un groupe de ska japonais - oui, je sais ça surprend, mais à entendre, c'est encore plus suprenant ! Imaginez un Madness asiatique mélangeant au ska du reggae et du jazz, et vous aurez une vague idée de ce machin indescriptible, mené par une dizaine de japonais en vestes roses. C'est parfois lourdingue lorsqu'ils se lancent dans le jazz de supermarché ou d'ascenseur, notamment cette reprise imbitable du standard "The look of love". Mais à part ça, c'est complètement dingo, ça fout la pèche, y'a plein de reprises de thèmes connus (Le Parrain, La ruée vers l'or...) complètement tordus. Pas génial parce que ça alterne le tout bon avec le tout chiant, mais suffisamment barré pour susciter l'intérêt.
Après la traditionnelle cérémonie du "Patchwork des noms", on reste un moment sur la grande scène pour... SUPERBUS ! Evidemment, c'est tout pourri, mais on réussit l'exploit de rester deux chansons complètes, et d'en entendre encore deux autres en traversant la foule pour fuir cette merde. Notons que dans un concert de Superbus, on se sent qund même soudain vachement vieux, et on commence à se dire que les festivals, c'est plus de notre âge. Et aussi que les djeun's écoutent vraiment n'importe quoi tout en arrivant à se persuader que c'est 'achement bien, tu vois, et que c'est trop des rebelles dlamorkitue.
C'est bien mieux d'assister à la fin du set de RENAN LUCE, même si ses morceaux folks intimistes passent mal en festival. Au moins, c'est de la vraie chanson, qui lave les oreilles de l'affront qu'elles viennent de subir. Mais bon, y'en a un peu marre de cette veine naturaliste de la chanson française.
Il est alors temps de se placer le mieux possible sous le Dôme pour le concert de SEAN LENNON - où cette fois on se sent jeune, vu que la majorité du public semble avoir assisté en direct à la séparation des Beatles. Le petit Sean n'a évidemment pas la tâche facile vu son écrasante ascendance - qui s'impose encore plus quand on le voit, sosie de son père avec les yeux de sa mère, et quand on entend son timbre Lennonesque en diable. Mais il s'en sort avec flegme, semblant se foutre de ce qu'on peut penser de lui, juste là pour aligner ses petits morceaux de pop mélancolique et pour blaguer avec le public dans un français aproximatif mais compréhensible. C'est un peu terne, les morceaux se ressemblent tous, mais la magie opère indéniablement. Et dans la dernière partie, lorsque le "fils de" s'empare enfin d'une guitare électrique, il fait montre d'une belle dextérité et termine son set en beauté. Le poids de sa paternité serait même un plus qui apporte un supplément d'âme au concert.
Pause sandwiches devant la scène où se produit STUCK IN THE SOUND, énième groupe francilien bruyant potes des Hushpuppies et autres. Certains morceaux sont complètement nazes, mais de temps en temps surnage une bonne chanson-qui-fait-pas-trop-pompage-des-Pixies-ou-des-punks. Et on se dit que si le groupe faisait plus attention à ce qu'il écrit, il serait peut-être capable de sortir un vrai bon disque et de faire de bons concerts avec de bonnes chansons.
Pour se marrer, on les abandonne là pour aller écouter la fin du concert de SUM 41 sur la grande scène. Et effectivement, on se marre bien, d'autant que de loin on dirait plus une entreprise de démolition qu'un groupe de musique. Comme prévu, de la grosse daube pour ados attardés.
Vient alors ZE concert de la journée, celui de FFF qui vont foutre le feu à Solidays avec un son monstrueux et des morceaux explosifs. Démarrant sur un "Silvergroover" ravageur qui va instantanément instaurer une ambiance de folie, le groupe ne va pas lâcher la pression pendant 1h15, dépassant allègrement le délai imparti pour la plus grande joie de tous. Le groupe n'a de "funk" que le nom et explose très vite toutes les limites pour proposer une sorte de Sinclair cocaïné ou de RATM francisé qui, à force de mixer tout un tas de trucs connus, finit par ne ressembler qu'à du FFF. En plus du chanteur qui se donne à fond, les musiciens (dont le frère de Melvil Poupaud à la guitare) sont super bons et s'éclatent comme des malades. Après avoir aligné les morceaux déments, le groupe revient pour un long rappel avec une "chanson africaine" qui n'a rien à voir avec les autres, une reprise sous acide des Jacksons (oui oui, et c'était génial !), et un nouveau morceau ultra bourrin qui a laissé tout le monde sur place. Le tout culminant dans un triple stage diving d'un groupe qui semblait ne plus vouloir quitter la scène.
C'est donc en retard qu'a commencé ce qui sera notre dernier concert de la journée : celui des MOTIVES. Mouss & Hakim et leur bande avaient préparé un concert axé sur des reprises de chansons révolutionnaires de différents pays, des chants de révolte en italien, espagnol, arabe... Des trucs ultra connus genre "Bella Ciao" jusqu'à des machins obscurs dont personne n'a entendu parler (sauf eux) dans des versions rythmées et exotiques, faisant évidemment la part belle aux musiques nord-africaines. Dans ce type de concert, tout repose sur l'ambiance instaurée entre la scène et le public, et on peut faire confiance au collectif sur ce point. Une petite fête pour terminer la soirée, culminant sur "l'hymne" des motivés que personne n'aurait l'idée d'écouter à la maison, mais qui fait plaisir ici.
Là, c'est pas tout ça, mais comme je l'ai dit plus haut, on se fait vieux, alors il est temps de rentrer en oubliant Sinclair, !!! (chk chk chk), Zenzile, et le Peuple de l'herbe. Pas des grandes pertes, donc.
JOUR 3 :
Dernier jour de Solidays, sous la pluie et dans le froid (quelle idée de faire un festival d'été au mois de février ! hein, quoi ? juillet, vous dites ?) - donc dans des consitions normales pour un festival. Et une dernière journée qui s'est avérée globalement meilleure que ce que j'en attendais, c'est à dire rien au vu de la prog.
Ca commençait pourtant mal, puisqu'on a mis presque une heure pour entrer cette fois, la faute au monde et à des contrôles plus serrés (y'avait des menaces d'attentat contre Yannick Noah ?). On loupe donc Les Blérots de Ravel, et ça fait chier. On a par contre tout le temps de bien se placer pour ADRIENNE PAULY, même si personnellement je le sens mal. Et ben finalement, c'était vachement bien ! Les chansons d'Adrienne ne sont pas des chefs d'oeuvre, mais elle, elle déchire ! Avec un groupe solide et apparemment aussi chtarbé qu'elle, elle assure un spectacle enthousiasmant, se donnant à fond. Ses "petites" chansons sur ses petits soucis gagnent en concert une force qu'il leur manque sûrement sur disque (je connais que le single "j'veux un mec", mais la version live atomisait la version studio). On pense évidemment à Catherine Ringer, et aussi plus étrangement à Olivia Ruiz, mais dans tous les cas Adrienne Pauly vaut bien mieux que ça. Même si c'est pas une grande révélation, c'était un très bon concert.
Pour la suite, la pluie incite à aller se protéger sous le dôme et malheureusement à louper Karpatt sur la scène Bagatelle. Le dôme où se produit KAOLIN. Il y a trois ans, ça aurait été l'événement du jour, le concert à ne pas rater. Mais après leur troisième album merdique, je les attendais au tournant, plutôt inquiet. D'autant que les concerts vus à la sortie de leur génial deuxième album étaient excellents, malgré leur charisme de bulots morts. Et là, grosse surprise... très bon concert ! Déjà, ils ont joué pas mal de chansons du second album (Loin de l'île, Shalem...), mais ils ont surtout livré un concert bien bruyant et violent, comme si leur album daubique n'était pas passé par là. Le chanteur est allé jusqu'à parler au public et semblait s'amuser sur scène, ce qui est un exploit ! Bien sûr, tout n'était pas rose, même les meilleures chansons récentes arrangées en live n'étant pas d'un niveau exceptionnel. Et puis, au milieu du concert, il y a eu cette excroissance horrible, le single "Partons vite" repris en coeur par tout le public; on se serait cru un moment à un concert de Raphaël... Mais à part ça, la sensation de retrouver un peu du Kaolin perdu était bien là, accentuée par la fin sur une version étendue de "Vide et Silence" avec une conclusion super longue et bien bruitiste à la Mogwaï. Il manquait juste un rappel avec "Pour le peu", et on aurait frisé le bonheur.
C'est encore pour éviter la pluie mais aussi la chiantissime Ayo sur la grande scène qu'on va voir OXMO PUCCINO. C'est le dessus du panier du rap, mais ça reste du rap. A part qu'il y a un vrai groupe derrière le Oxmo, qui à la fin du set va se lancer dans un bon morceau rock qui fait regretter qu'ils ne s'y soient pas mis plus tôt. J'ai trouvé ça naze, mais bon, en même temps j'aime pas ça.. Mais Oxmo Puccino, c'est mortel par rapport à... GRAND CORPS MALADE ! Un grand moment de solitude, et le concert le plus chiant de ma vie depuis que j'ai vu accidentellement De Palmas. GCM avec son dictionnaire des rimes, c'est un peu comme les guitaristes hardos avec leurs notes super rapides : ça relève de l'exploit, mais c'est artificiel et inécoutable. J'ai hâte qu'il se mette en couple avec Anaïs et qu'is nous fassent des spectacles tous les deux (déjà, ça lui évitera de passer son temps à se lamenter). Ou qu'il écrive des recueils de poèmes, je les lirai pas !
(oui, c'est méchant, tout ça, mais Grand Con Mauvais, ça énerve).
Après ça, n'importe quel groupe pop rock avec des guitares et des chansons serait apparu comme une idée du paradis. Mais ça serait pas sympa pour THE MAGIC NUMBERS de faire croire que c'était bien juste parce qu'ils venaient après deux daubes. Ce groupe étonnant à la déaine improbable (2 duos frères/soeurs en surcharges pondérales et aux looks de bouseux) déroulent un rock puisant à la fois dans les racines américaines et un psychédélisme très anglais pour un résultat détonnant et des morceaux aux structures mouvantes. Ca donne des chansons bien foutues, ensoleillées, qui plus est très bien inteprétées.
Un bon moyen de conclure le festival, parce qu'ensuite, je préfère éviter Ab al Malik (après Petit nain malade, ça aurait été de la gourmandise) et Trust (patétiques au bout de 2 chansons, et la flemme d'attendre "Antisocial").
Au final, ce Solidays 2007 aura bien été la moins bonne édition à laquelle j'aurais participé, mais loin du désastre annoncé tout de même. Si on pourra regretter de ne pas avoir vu de très grands concerts (quoique, les Picards, Kaiser Chiefs et FFF ont assuré comme il faut), et ne pas avoir fait de découvertes et vécu des confirmations, c'était d'un suffisamment bon niveau pour ne pas avoir l'impression d'avoir perdu son temps et jeté l'argent par les fenêtres.