setlist.jpg

Première remarque, la longueur du show. 19 ou 20 titres, on frise carrément l'arnaque au vu de la flambée du prix du billet. Même si je veux bien concéder que la vingtaine constitue une petite "moyenne DM". Sauf que cela passe tout de même un peu moins bien lorsque les motifs de satisfaction ne sont pas nombreux. Ce qui est malheureusement le cas.

Une tournée promotionnelle de Sounds of the Universe ?!

--> 4 titres sur (13+5) titres de l'ère Sounds of the Universe. Du jamais vu du point de vue statistique, même lors du Summer Tour 94 ou de l'Ultra Parties. Certes plus les années passent, plus le back-catalogue prend de l'ampleur et plus le nombre de nouveaux titres joués lors de la tournée-promo de l'album est susceptible de diminuer. Sauf à augmenter la durée des shows, ce qui n'est pas spécialement la tendance du moment.

--> Où sont les In Sympathy, Perfect, Fragile Tension ou Corrupt ? Des choix curieux, d'un point de vue purement qualitatif (quelle serait la valeur globale de l'album si l'on écarte ces morceaux-là ? Leur exclusion ne permet pas de se faire une opinion sur la qualité générale du cru 2009) et au regard de l'accessibilité de ces titres au fameux grand public des stades : peut-on sérieusement nier leur potentiel commercial et soutenir par exemple que Perfect ou In Sympathy sont difficiles d'accès pour le néophyte - soit-disant omniprésent dans les concerts de DM ? Or, je fais partie de ceux qui préfèrent faire un concert pour découvrir des nouveautés (à commencer par les titres de l'album support du Tour) plutôt que pour se farcir I Feel You, Never Let Me Down Again ou Personal Jesus pour le 649ème fois, agrémentés d'une gestuelle ultra-prévisible et de samples balancés toujours au même moment par Mister DJ & Co.

--> remplacement apparemment (?) définitif de Come Back (sur lequel Gahan est vocalement bien en place, tout comme les harmonies de Gore, sous réserve de ce qui sera dit plus bas à ce sujet) au profit du fâde Miles Away. Miles Away, titre certes assez mélodique (donc efficace) et adapté au timbre de Gahan, mais trop minimaliste (manque de ruptures dans la structure de la compo notamment) et simpliste (lyrics), sans parler des ambiances directement issues de Paper Monsters (Bottle Living). Pas si étonnant puisqu'il s'agit du même co-auteur. Ce qui gênant c'est que ces ambiances insuffisamment (re)travaillées à mon goût sortent sur un album de Depeche Mode et que jusqu'à preuve du contraire, Gahan n'est heureusement pas en charge de la production. Au final, on obtient un titre quasiment calibré FM, à la Lilian (point faible du précédent album à mon avis), qui laisse une impression d'inachevé du point de vue de la créativité, clairement sacrifiée au profit de la simplicité. Bref. Pour moi un des titres les plus faibles de Sounds of the Universe qui grille l'une des quatre rares places de l'album sur le set actuel. Attendons les prochains jours pour voir si cette tendance statistique sera confirmée.

--> Suppression apparemment définitive de Peace (mais puisque Peter² a dit que des nouveautés étaient prévues pour Mannheim, attendons et prions. Peace reviendra peut être à nous) qui après une petite période de rodage (problèmes de souffle et de placement du chant qui n'était pas toujours dans le rythme), tournait plutôt bien sur la fin. Pour ma part, je me moque totalement que la foule chante "Peace...Come...Me" ou "...Will...To..." ou toute autre chose. Ce n'est pas là-dessus que j'évalue la qualité d'une prestation live.

Des choix et des ajustements peu judicieux

--> suppression des "rappels old school" du leg 1, Strangelove et Master & Servant qui pour certains, justifiaient à eux seuls le déplacement. Même si je préfère incontestablement les versions 101 (le final extended et la percu d'origine pour Strangelove - que la batterie d'Eigner dénature un peu - et la qualité des backing vocals du duo Gore-Wilder sur Master & Servant), j'espère les revoir bientôt pour qu'ils figurent sur le DVD.

--> maintien de titres dont le potentiel live me semble limité : Precious bien sur (tempo lent ; chant poussif dans le souffle et la justesse ; faible intérêt intrinsèque car quasiment pas de modif de l'orchestration de 2005/2006) ; Fly on the Windscreen qui une fois passé le sentiment de surprise de le retrouver là en 2009, ne (me) convainc pas qu'il a plus sa place qu'un autre titre ancien et/ou inédit qui n'a pas été retenu ; et In Chains qui ne décolle jamais (grief que l'on peut bien sur déja faire à la version studio) et qui en toute hypothèse aurait dû voir son final raccourci : que c'est répétitif-long-chiant (rayer la mention inutile - ou non) !

--> des titres placés d'une manière inadaptée : Wrong, titre phare de Sounds of the Universe, serait par exemple plus efficace un peu plus tard dans le set dans le cadre d'une montée en puissance. J'avoue d'ailleurs ne pas vraiment comprendre ceux qui prétendent que Gahan ne serait soudainement plus capable d'interpréter ce titre trente minutes plus tard alors que sa voix aura justement été chauffée par le début du show (c'est d'ailleurs en partie pour cela que ses prestations sur John the Revelator étaient de meilleure qualité lors de l'Open Air 2006). Aussi, les titres du début du show (jusqu'à Home inclus) sont tels que la première partie manque singulièrement de vitesse et de puissance pour une prestation live. L'enchainement Precious/Fly on the Windscreen/Gorerie 1/Gorerie 2 a de quoi faire peur sur le papier. Impression confirmée en concert. A Question of Time, voire (peut être) It's no Good sont un peu seuls pour tenter de relever un peu l'ambiance de quasi-messe dominicale qui se dégage. Je ne comprends pas que le groupe ne l'ait pas senti et n'ait pas déja fait les ajustements qui s'imposaient comme ils l'ont parfois fait en supprimant certains titres en cours de route (I Feel Loved ou Peace, par exemple). Cela aurait pu consister en un simple jeu de chaises musicales, sans forcément ajouter de titres inédits. Exemple basique : inverser Fly on the Windscreen et I Feel you ou Policy of Truth. Et que dire du choix d'In Chains ("intro" comprise) pour débuter... Que cette soupe de bruitages devient irritante à la longue. J'imagine tout à fait le fameux néophyte se demander sérieusement ce qu'il est venu faire là. Puis vient le titre proprement dit. Que c'est mou, que c'est long, que c'est chiant. On est loin de l'intro de 2005-2006.

Une setlist prévisible et stéréotypée



--> Alors que les premières semaines du Tour laissaient présager une complète révolution de la démocratie Depeche Mode (In Sympathy, Fragile Tension, Policy of Truth, Behind the Wheel, Miles Away,...), le naturel est vite revenu au galop : finies ou presque les surprises et les alternances dans les titres interprétés par Gahan, d'un concert sur l'autre. Nous voilà rassurés, on pourra continuer à épater ses voisins de concerts en leur dévoilant à coup sûr le titre suivant.

(argument apparemment démenti depuis quelques shows)--> Martine se gahanise et apprend à s'installer tranquillement dans le train-train du concert identique à celui de la veille. Dommage, la seule inconnue du show consiste désormais à savoir si l'on va plutôt entendre A Question of Lust ou alors Somebody. Heureusement, dans les deux cas on l'a entendu 367 fois et dans les deux cas on aura droit à un arrangement "piano-bar" raté improvisé par Gordeno.

--> des titres placés de manière trop prévisible dans le set : une intro tirée du nouvel opus, enchainée à un titre de ce même album ; Walking in my Shoes et A Question of Time placés en début de show ; I Feel You et Enjoy the Silence avant les rappels ;aucun titre du nouvel album en fin de concert pendant les rappels, même s'il a un potentiel évident. Et j'en passe.

--> aucune "surprise" particulière par rapport au déroulement habituel d'un show de DM : là où le Touring the Angel avait tenté de bousculer un peu les habitudes du passé (3 exemples : terminer le set sur une ballade acoustique ; insérer un titre dans le set sur lequel c'est Gore qui chante la partie voix principale et Gahan qui joue les choristes ; Gordeno tombe son clavier pour exhiber sa basse sur It Doesn't Matter II), Tour of the Universe ne marquera pas l'histoire de Depeche Mode de ce point de vue. Pas de medley. Pas de guest. Pas de reprise. Pas de Fletch au micro. Dommage, on aurait eu des choses à raconter à nos petits-enfants.

(j'enfonce une porte ouverte)--> un choix de titres stéréotypé depuis des années comme beaucoup le dénoncent à juste titre ici et ailleurs. Never Let Me Down Again, Personal Jesus, I Feel You, Walking in my Shoes, Enjoy the Silence, A Question of Time, Policy of Truth, Behind the Wheel,... Ce Singles Tour Volume 7 est désormais bien rôdé. Le vrai fan sera comblé.

SDF

Trêve de plaisanterie. Pour moi, Tour of the Universe est un Touring the Angel (ce qui déja n'est pas tout à fait top en terme d'innovation et de créativité), mais en moins bon (aïe, ce que je suis râleur-frustré-de-la-vie-vilain-pas-beau-jamais-content) : rien à voir avec le set, mais le stage avait une autre gueule que cette scène sans relief et dont la taille globale s'est avérée inadaptée aux stades ; Playing the Angel y était tout de même plus valorisé (cinq titres ou plus) ; beaucoup plus d'innovations dans le set par rapport à la tournée précédente que cette année ; show moins déséquilibré (cf. première partie puissante et efficace) ; des rappels qui avaient de la gueule avec notamment le retour judicieux d'Everything Counts et le final que l'on connait et qui lui, a heureusement été immortalisé sur le DVD du Tour. Mais encore une fois, attendons les sets à venir pour savoir si Waiting for the Night ou un autre titre du même registre terminera ou non le show.

Si le simple fait d'apercevoir Martine ou de voir Gahan tournoyer sur lui-même en chair et en os sur chaque refrain (enfin... surtout le premier maintenant) d'A Question of Time suffit à certains pour se retrouver projetés au 7ème ciel sous prétexte, je cite, "que tout le monde n'a pas la chance de voir son groupe préféré tous les 4 ans", et bien force est de constater qu'on n'est pas vraiment sur la même longueur d'onde. Que j'aille voir Depeche Mode ou un autre artiste en live, je recherche avant tout la qualité artistique. C'est principalement cela qui déterminera si j'ai passé ou non un bon moment. Je me moque éperdument de savoir que l'Artiste vient tous les quatre ans (pour améliorer ses fins de mois), qu'il est en chair et en os à quelques mètres de moi pauvre mortel que je suis. Ou que les habitants de Trinité et Tobago n'ont jamais vu et ne verront peut être jamais DM sur leur sol. Si je ne suis pas satisfait du spectacle (exemple : la setlist est déséquilibrée et stéréotypée), je me poserai sérieusement la question d'y retourner à l'avenir. Pour ma part, c'est l'aspect artistique et qualitatif d'un spectacle qui créé l'émotion. L'émotion n'existe pas en elle-même, simplement parce que l'artiste se trouve là, face à moi.

Bonus : Backing Tapes et Backing Vocals en berne

--> c'est là aussi une habitude, les orchestrations et backing tapes sont les mêmes d'années en années, sauf que cette fois-ci c'est logiquement encore plus chiant que la fois d'avant (et la fois d'après - si fois d'après il y a - sera encore plus chiante que cette fois-ci, etc... ad lib...). Tour of the Universe fait un copier-coller pur et simple de plusieurs versions du Touring the Angel ou de tournées antérieures. Certes, le grief n'est pas nouveau. Precious, Policy of Truth ou Behind the Wheel sont rigoureusement identiques à 2005-2006. Walking in my Shoes n'a pas évolué depuis 2001. It's No Good 2009 est une version One Night In Paris à peine améliorée (vocalement). Ah et au fait, qu'est-ce que Fly on the Windscreen apporte de plus que la version album ? Mais bon, je suis super mauvaise langue, l'intro d'I Feel You a été opportunément raccourcie, Eigner a modifié la dernière mesure sur le final de Stripped, Gordeno ajoute Home à son catalogue piano bar, la version album d'In your Room réclamée à corps et à cris par les fans du monde entier fait surface... le temps d'un couplet, les breaks et ponts de Enjoy the Silence et Never Let Me Down Again sont comme d'habitude inédits, même si on frise parfois le psychédélisme. Que demande le peuple ?

--> la qualité des backing vocals me pose un vrai problème depuis le début de cette tournée. Curieusement, personne n'en parle. Gordeno n'a clairement pas la voix assez puissante (même pour des chœurs) et je trouve son timbre inadapté à cet exercice. Au fait, à quoi sert Gordeno ? Eigner et Fletch ne sont pas d'une grande utilité (sic). Le groupe semble également avoir écarté définitivement l'idée de tourner avec des choristes. Malheureusement. Les problèmes de justesse sur l'Exciter Tour ont dû laisser des séquelles irréversibles, on le comprendra. Quant à Gore qui tenait la baraque depuis quelques temps, je trouve ses choeurs faiblards depuis le début du Tour. Ils manquent d'amplitude et de puissance. Toutefois, je ne crois pas que le mixage (volume trop faible de son micro) soit la seule explication car les titres qu'il interprète en solo ont un tout autre rendu. Aussi, je ne sais plus exactement sur quels titres, Gore chante certaines parties une octave plus bas que son timbre habituel. Du coup, les harmonies vocales Gore-Gahan ressortent de façon moins nette. Ces choix sont assez curieux car je ne crois pas que la tessiture de Gore ait beaucoup évolué depuis trois ans. Les aigus qu'il atteint sur Peace et qu'il maitrise encore sur Home ou A Question Lust tendent à le confirmer. Il s'agit peut être d'une simple question de confort vocal : il ne peut peut être plus assurer à l'octave pendant tout un show. Bref, tout cela pour dire que depuis le départ des choristes de qualité (Samantha Smith et Hildia Campbell), celui de Wilder, l'apport cataclysmique de Gordeno et maintenant les performances assez décevantes de Gore au regard de ce qu'il a pu faire par le passé, "l'osmose vocale" qui était pour moi un point fort du groupe à un moment donné disparait peu à peu. Une exception notable : le duo Gore/Gahan sur Waiting for the Night. Heureusement que Gahan, lui, est miraculeusement redevenu agréable à écouter. Ce qui n'était plus le cas depuis 2001 où les problèmes de justesse et de souffle entrecoupés de brailleries et hurlements insupportables primaient la rigueur et la précision inhérentes à un chant de qualité.

En conclusion...

Vous l'aurez compris, je n'aime pas cette setlist. Même si je n'occulte pas pour autant les - trop rares - bons moments (à savoir, si je pioche dans ce qu'il reste de la setlist de base, les indispensables A Question of Time et Enjoy the Silence, Home "l'apaisant" après une première partie qui... l'était tout autant et Stripped qui constitue la synthèse de ce que DM a fait de mieux en terme de son).

Aussi étrange que cela pourra paraitre à certains membres qui font régulièrement part de leur indignation lorsque d'autres osent écrire à juste titre que la setlist est trop courte, mal équilibrée et trop prévisible, pour ma part les choses sont très simples : si la setlist actuelle n'est pas remaniée sur plusieurs points qui me semblent tout à fait essentiels, j'arrêterai mes recherches de billets pour Bercy et ne chercherai pas à faire d'autres dates après Nancy et Lyon (puisque j'ai mes billets depuis des mois). Le vrai fan sera à tout le moins forcé de reconnaitre la cohérence de cette décision. Car je ne vois pour ma part aucun intérêt à revoir ce que j'ai déjà vu cette année, en moins bien de surcroit (la setlist 2009 initiale était de meilleure facture que ce vers quoi elle a évolué au fil des semaines). Ce n'est pas le prix du billet et les frais divers liés aux déplacements qui m'inciteront à changer d'avis.