Alison GoldfrappNuit chaude à la Somerset House

Quelle merveilleuse surprise que ce premier DVD de Goldfrapp qui nous change des arnaques commerciales que sont souvent les DVD musicaux. Ce groupe, dont nous vous avions déjà largement parlé dans ces pages, a sorti il y a quelques mois un double DVD justifié par les nombreuses perles dont il regorge. En effet, il propose à tous les amateurs de la musique planante et sexy de Goldfrapp pas moins de 2 concerts tirés des 2 tournées suivant la sortie de chacun de leurs 2 albums. Commençons par celui du 23 juillet 2003 tiré de leur tournée Black Cherry. Le lieu du concert est en lui-même intéressant puisqu’il s’agit de la Somerset House, un immense complexe de bâtiments édifiés au XVIIIème siècle au cœur de Londres. Le concert se déroule donc dans la cour du Somerset House, où évolue Alison Goldfrapp, cuissardée et diablement sexy, toute auréolée des milliers d’ampoules disposées au fond de la scène. Une fois n’est pas coutume, l’exercice de style qui consiste à filmer le concert est plutôt réussi. La caméra parvient à capter la forte mais subtile présence scénique d’Alison Goldfrapp tout en n’oubliant pas les talentueux musiciens qui l’entourent sur scène. Les plans larges nous font également profiter de la majesté et de la beauté du lieu. Sur le concert en lui-même, nous ne pouvons que constater et apprécier les va-et-vient naturels entre les morceaux du premier et du deuxième album. Miss Goldfrapp passe aisément des envolées planantes aux râles sensuels.

Intimité et douceur

Le concert du deuxième DVD date de décembre 2001 et se déroule dans la superbe salle de concert de Londres du Shepherd’s Bush Empire. L’ambiance est toute autre que celle du précédent concert. Du fait du lieu et des morceaux interprétés, l’intimité y est bien plus grande et l’approche même des morceaux est toute autre, bien plus classique avec les sublimes accompagnements d’une section de cordes. Il est à noter que Will Gregory, l’autre tête pensante du duo, accompagne Alison sur scène. Le duo a également pris le soin de choisir un concert où une flopée d’inédits et de faces-b avaient été joués (Little death, UK Girls (Physical) et Sartorious). Chaque DVD est ponctué d’un documentaire. L’un présente l’élaboration des b-sides de Black Cherry et revient sur le travail du groupe sur le deuxième album à travers de longues interviews et images de coulisses. Le passage le plus amusant du documentaire est celui où Alison Goldfrapp demande à Will Gregory de jouer des couleurs sur son Harmonium. Le résultat est assez surprenant ! Le deuxième documentaire, également composé d’interviews, est l’occasion pour le duo de revenir sur leur rencontre, les débuts de leur travail en commun et les thèmes ayant inspiré les chansons très énigmatiques de Felt Mountain. Très instructif. Un troisième album est prévu pour courant 2005.

Goldfrapp, ze discographie

Felt Mountain (2000) : Le premier album du duo Goldfrapp avait incarné en ce début de XXIème siècle un tournant dans le genre trip-hop. Il avait certes repris sa mélancolie mais y avait ajouté une ambiance presque palpable. A l’écoute de cet album, on a vraiment l’impression de se retrouver au cœur d’un film et il suffit juste de fermer les yeux pour voir les images défiler. Car il s’agit ici véritablement d’un voyage imaginaire, d’un périple dans l’ambiance des films noirs des années 60 mais avec l’aspect moderne de la musique électronique. Les envolées lyriques et mélodiques nous propulsent en apesanteur. Felt Mountain est un album extrêmement riche dans lequel on ne se lasse pas d'aller piocher.

Black Cherry (2003) : Avec cet album, Goldfrapp a décidé de panacher les morceaux mélancoliques, dans la droite lignée de Felt Mountain, avec des titres flirtant plus volontiers avec la pop électronique dansante. Le groupe a ici décidé de s’amuser et de nous livrer par la même occasion une musique beaucoup plus festive (et c’est un euphémisme !). Ce Black Cherry tente (et réussit) à la fois à s’émanciper de l’ambiance glacée de Felt Mountain et de donner un grand coup de pied dans le tibia de l’électroclash. Pas sûr que celui-ci se remette de la voix de soprano d’Alison Goldfrapp et du sens de la mélodie indéniable de Will Gregory. Mais qui irait le plaindre ?