C’EST Daniel Kessler, guitariste du groupe, qui fut à l’origine de la création d’Interpol lorsqu’il étudiait à New York University. Avec Greg Drudy (batteur qui quittera le groupe en 2000), il formèrent l’embryon du groupe qui a aujourd’hui explosé. Carlos D., rencontré en cours d’histoire deviendra rapidement le bassiste du groupe, et Paul Banks, ami de longue date de Kessler ajoutera sa voix au combo fraîchement créé. Quelques E.P. et deux albums plus tard, les voilà catapultés sensation rock du moment : Jay Leno, John Peel, David Letterman, le NME, Lenoir, tout le monde s’intéresse à Interpol. Même leur image inspire puisque la créatrice de mode Agnès B. a signé personnellement la conception de t-shirts du groupe exposés et vendus en ce moment dans le sous-sol (!) de son magasin à Paris. Le groupe est une véritable sensation.
BACK TO THE OLD HOUSE ?
L’écoute d’Interpol montre clairement des influences qu’ils ne veulent pas nier ou masquer. Rares sont les groupes, américains de surcroît, qui invitent à la mélancolie d’une telle manière. En parlant d’inspirations sombres et mélancoliques, on pense bien sûr à Joy Division ou aux Smiths qui marquèrent, chacun à leur manière, les années 80. Alors Interpol, énième revival ? Non pas vraiment et c’est ce qui les distingue des Strokes, Libertines, The Vines, White Stripes et autres groupes hypes qui flirtent sur la vague nostalgique en ce début de XXIème siècle. Interpol ne fait pas que rabâcher une recette de rock à l’ancienne : Ils imposent une musique originale bourrée d’influences. Point de débat autour d’un éventuel plagiat, Interpol n’est pas un ersatz de Joy Division, Bauhaus ou des Smiths. Les New-Yorkais se contentent juste de rappeler à notre bon souvenir leurs sources (et quelles sources !) via des compositions originales et très efficaces. Car Interpol c’est d’abord une voix unique, hautaine, sublime, sombre et grave.
Paul Banks maîtrise en effet parfaitement son chant et c’est un plaisir d’entendre ses paroles froides habiller des riffs implacables. Le fantôme de Ian Curtis est de retour diront certains. La voix de Paul Banks est habitée et s’accorde parfaitement aux deux guitares qui s’entremêlent. Car l’écoute des guitares d’Interpol (Daniel Kessler + Paul Banks) creuse l’estomac. Elles sont une sorte de marque de fabrique qui rythment les morceaux de bout en bout. Parallèlement, la basse propose des riffs accrocheurs et la batterie est exemplaire. Interpol sera de retour sur scène courant 2005, après un concert sold out à l’Elysées Montmartre fin novembre 2004. Une tournée anglaise et un passage au zénith de Paris (fin avril 2005) sont déjà prévus.
LE GROUPE
PAUL BANKS VOIX / GUITARE DANIEL KESSLER GUITARE CARLOS D. BASSE SAM FOGARINO BATTERIE
INTERPOL EN 3 SKEUDS :
TURN ON THE BRIGHT LIGHTS (AOÛT 2002) : Un disque sombre peu facile d’accès qui s’avère être une grande claque dans la figure. Beaucoup d’envolées lyriques, une basse et une guitare omniprésentes à tomber à la renverse. Le disque leur a permis d’être proclamés espoirs du rock et dévoile les influences d’Interpol : la guitare de Say Hello to the Angels rappelle immédiatement Johnny Marr et This Charming Man. Notons la présence de Gareth Jones qui mixe 4 des 11 pistes de ce premier album. Jones avait initialement bossé sur 15 morceaux mais le groupe n’a pas tout utilisé : « ''le caractère que Gareth a donné à ces mixes ne nous correspondait pas, nous voulions quelque chose de plus pur'' ».
THE BLACK EP (AOÛT 2002) : Labels a eu la bonne idée de réunir un bout du passage d’Interpol chez Lenoir lors d’une black session. Malheureusement, les 6 pistes de cet EP sont copy controlled. Passez votre chemin ou écoutez très fort car le mastering a été fait très bas, France-Inter oblige.
ANTICS (SEPTEMBRE 2004) : Plus accessible que Turn on the Bright Lights, mais également plus tendu et plus froid, Antics montre que Interpol a su évoluer. Les influences post punk mises au goût du jour en 2002 sont toujours là mais belles et bien digérées. Il suffit d'écouter Narc ou Slow Hands pour adorer ce groupe. On en redemande !