Album-concept
Year ZeroPremière écoute, première impression : Year Zero est un album indéniablement sombre et d’apparence peu accessible. L’ambiance et les paroles sont dures et, rassurez-vous, ça ne va pas s’arranger au fil de l’album et des écoutes. Year zero est un album-concept, comme avait pu l’être The Downward Spiral et sa lente mais sûre montée de folie destructrice, traitant des préoccupations de Reznor. L’évolution majeure du monsieur prouvée tout le long de cet album est qu’aujourd’hui la rage et les doutes concernent moins sa personne que le monde qui l’entoure, et notamment son pays d’origine et de résidence les Etats-Unis. Sa colère est aujourd’hui concentrée sur l’actualité politique du pays, ses répercussions sur le monde, et le gouvernement de Bush : les thèmes développés ou sous-jacents sont la guerre et son traitement télévisuel, l’inconscience politique, le mensonge, la manipulation. Tout un programme.

Une reconstruction possible ?
On sent cet album inspiré par l’après 11/09/2001 (le titre même de l’album ne rappelle-t-il pas Ground zero, lieu désignant l’ancien emplacement du World Trade Center ?), véritable « beginning of the end » selon Reznor. Un commencement de la fin incarné par la politique belliqueuse de George W. Bush, l’envoi massif et contesté des troupes de l’armée américaine, les affrontements en Irak et la violence complaisamment montrée à la télévision (« in hi-def ultra realism »), de la désinformation des médias (« Another version of the truth »), etc. N’en jetez plus. Néanmoins, au milieu de toute cette obscurité, se distingue un peu d’espoir : l’année zéro n’est-elle pas destinée à être suivie d’autres années, qui verront la reconstruction du monde ?

L’œuvre d’un homme mûr
Un album donc très imprégné de l’actualité. Espérons que cela n’en fera pas un album daté, même s’il est à craindre que tous les travers de la société mondiale actuelle ne disparaîtront pas du jour au lendemain. Après l’album With teeth qui, avec des morceaux comme The hand that feeds ou Right where it belongs, annonçait déjà les inquiétudes du leader, Year zero enfonce aujourd’hui le clou, sans mauvais jeu de mots. Il s’agit de l’œuvre d’un homme mûr qui a su mettre la forme au service de son fond, comme en témoigne l’intelligence et la logique de l’ordre des morceaux. Reznor livre un argumentaire construit où la colère, l’ironie et l’angoisse laissent place à l’amère mélancolie ou l’espoir de la rédemption et de la reconstruction.

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