Le fond et la (di)forme
Comme pour annoncer une année 2007 riche en actualité pour Nine Inch Nails, Sébastien Michaud, déjà auteur de la biographie de Depeche Mode Ethique synthétique paru il y 5 ans chez le même éditeur, publie en octobre 2006 la première biographie française du projet de Trent Reznor. Comme toutes les premières fois, le coup d’essai de Michaud donne de quoi se réjouir mais n’est pas un total coup de maître. Biographie Sébastien MichaudPassons la distribution on ne peut plus fastidieuse de l’ouvrage, celui-ci étant apparu chez nos libraires presque deux mois après sa parution, pour s’attaquer au livre en lui-même. Concernant la forme, nous retrouvons les mêmes qualités et défauts que les précédentes publications de l’éditeur Camion Blanc, à savoir, en qualité, ce mix de textes et d’extraits d’interviews. Ce procédé a l’avantage d’étayer le propos sans l’alourdir, les auteurs Camion Blanc ayant pour principal support d’informations les différents articles parus dans la presse.

Dans les retrouvailles moins heureuses, il nous faut déplorer à nouveau la qualité iconographique d’un bien piètre niveau. Les visuels donnent l’impression d’avoir été vulgairement photocopiés. De plus, dans cette biographie, mise à part la couverture prise lors de la dernière tournée, les photos sont toutes tirées du même live, shootées par Christian Eudeline, auteur de l’horripilante préface. Le choix des visuels est fidèle aux propos du bonhomme : pour lui, Nine Inch Nails se résume à un seul concert, celui du Bataclan 1994. Les recherches et évolutions sonores du projet, il s’en fiche et semble rester dans la nostalgie de cette heure de show.

Portrait of an american schizophrène
Et le contenu ? Sébastien Michaud se charge de nous conter les états d’esprit, et surtout d’âme, de Trent Reznor depuis ses 18 ans de carrière en retraçant l’historique de chaque album. Le tout est très agréable à lire mais on pourra regretter le parti pris un peu trop anecdotes people de l’auteur. Deux pages et demi sur le meurtre de Sharon Tate par les disciples de Charles Manson pour tout simplement dire que Reznor a enregistré The Downward Spiral dans la maison des crimes, c’est un peu exagéré pour cette anecdote qui n’a jamais été beaucoup plus aux yeux du principal intéressé dans l’élaboration de son album majeur.

De même, les citations récurrentes de la biographie de Marilyn Manson, ouvrage d’ailleurs hautement dispensable, ne tendent qu’à complaire le propos dans le détail peopolisant ; Détail que l’on souhaiterait absent d’une biographie de Nine Inch Nails et de son capitaine Trent Reznor, personnage assez discret sur sa vie privée. Michaud fait le choix de s’appesantir sur le côté vieux loup solitaire pour tenter de comprendre, d’éclaircir les paroles des chansons mais nous aurions préféré qu’il nous raconte la schizophrénie si caractéristique de Reznor : reclus en studio, expérimentant des heures durant, explosif sur scène.

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