La lettre de Daniel Darc à l'Olympia :
"This is the evening of the day..." curieuse et déplorable impression de comprendre As Tears go by un peu mieux chaque jour. Le temps de l' impunité est loin. Derrière. moins d'O.D's mais plus de cancers. changer de carnet d'adresse. Trop de croix. D.O.A. Dextination Bruxelles pour un autre concert. Mariane Faithfull pleure sur une radio quelconque. Avant c'était un chanteur fan de Brassens, après ce sera sans doute un jeune talent à la guitare pleine de plumes. Et le pire c'est que nous n'en avons plus rien à foutre. Et... pire encore peut-être : nous avons peut-être raison. Personne ne sortira d'ici... vivant. Trouver la salle. Trouver la boisson. Trouver la scène. Trouver les chiottes. Trouver la glotte. Vomir. Avec élégance ! retour sur scène. Cette fois, il y a des gens qui regardent. Savoir qu' indubitablement, dans quelques minutes quelqu'un crira "Rock'n'roll". Craindre qu'un journaliste plus tard me demande: "Et le punk dans tout ça ?" Après les loges, trouver l'hôtel. Une fille à l'accent américain... une fille me prendra -peut-être- dans ses bras. Demain matin reprendre la route. Olympia. Merde ! vivre ce qu'on a toujours voulu vivre. Merci. LUV. Daniel D.
Le marketing du salon à la première partie
Pas le temps de tout comprendre que la première partie, Berry est déjà commencée. Et là, horreur une voix douce qui nous rappelle nos errements et moments perdus sur le canapé, zappant ou cherchant à contourner ce foutu contrôle parental de merde. Bon sang mais c'est bien sûr, Berry c'est la nana qui est imposée aux abonnés de Noos Numericable dans le guide des programmes interactifs. Le marketing musical n'a pas de limite mais en ce qui me concerne, c'est le genre de procédé qui me donne envie de me diriger vers le bar pour discuter avec un ou une amoureuse de musique.
A 21h précise, Daniel Darc et son groupe entrent en scène. Ils n'en sortiront que deux heures plus tard à l'issu d'un concert très intense ou seront principalement joués des morceaux issus de Crèvecoeur et du plus récent Amours Suprêmes. De nombreuses variations par rapport aux versions studios rendent le concert que plus intéressant, la voix de Daniel Darc qui constituait une grosse interrogation est au rendez-vous. Darc n'a pas de voix mais le sait et en joue avec modestie. Parfois gainsbourien, parfois Dandy à la Morrissey (coups de fouet avec le fil du micro), il régale le public en étant très expressif pendant les chansons et en parlant entre les morceaux.
Jusqu'au rappel où il revient avec la dite Berry, qu'il enlace, étreint, étouffe l'espace d'un morceau. Ça gronde au fond de la fosse, « Daniel arrête tes connerie », mais Daniel est le gars qui tombe amoureux avant de se transformer en petit tyran qui ordonne aux musiciens de jouer ou de ne pas jouer, avant de se réinventer en bon pote de bar qui ne veut pas que la soirée se termine, sur le mode « allez on s'en ouvre une petite dernière ». Touchant, maladroit, protestant et diablement humain, Daniel Darc était tout simplement émouvant sur la scène de l'Olympia. Ceux qui l'ont raté à cause d'un mariage ou de la dernière journée de championnat pourront le voir lors de différents festivals cet été.
Setlist de l'Olympia :
Haute surveillance
Amour Suprême
La main au cœur
Les remords
La pluie qui tombe
Un an et un jour
J'irai au paradis
Je me souviens je me rappelle
Et quel crime
LUV
Nijinski
La vie est mortelle
Un peu c'est tout
Serais-je perdu ?
Environ
La seule fille sur terre
Elégie
N'importe quel soir
Rappel #1 :
La chanson d'Hélène (avec Berry)
Il y a des moments
Jamais jamais
Rappel #2 :
Cherchez le garçon
Psaume 23
Anecdotes du concert :
Parmi les personnalités présentes au concert, citons Pascal Nègre, Eudeline, Laurent Sinclair de Taxi Girl que Daniel Darc a mentionné à plusieurs reprises... Lors de la présentation des musiciens, Daniel Darc s'est présenté comme étant Vincent Delerm... Le public fut baptisé par Darc à plusieurs reprises pendant le concert...
12 réactions
1 De Zab - 19/05/2008, 20:55
J'ai pas bien compris la fin du concert: la lecture de son missel et son simulacre (?) de mutilation...
Pouvez vous m'éclairer ou est-ce seulement un truc punk pour épater la galerie?
Etait-on vraiment obligé d'assister à ça!?
2 De jb - 20/05/2008, 08:48
Si je ne m'abuse, le dernier morceau du concert était celui qui clôture l'album Crèvecoeur, Psaume 23. Donc je crois que cela fait parti de la vie de Daniel Darc comme la religion fait partie de cet excellent album ; et qu'on est "obligé d'assister à ça" si vont essayer de comprendre le personnage. Zapper le côté rédemption de Darc, les images chrétiennes, la croix qu'il porte, ce serait l'amputer d'un bout de lui-même.
3 De niko delak - 20/05/2008, 15:13
Ce n'était pas une pseudo mutilation, mais bien une marque de fer cauffé a blanc... "une croix ça se mérite...."
4 De Franck - 21/05/2008, 11:17
Un concert magnifique, un son et une ambiance formidable.
Jusqu'à cette 'démonstration' de foi finale que j'ai personnellement ressentie comme un viol de l'esprit. Que Darc ait rencontré Dieu, on le savait déjà. Et on s'en foutait, ou on comprenait. Mais là, c'est vraiment trop...
Et accessoirement, je rappelle que la France est pays Laïc, pour le bien de tous (séparation église/état, mais également respect de la foi dans la sphère privée)
5 De Zab - 21/05/2008, 19:08
D'accord avec Franck: une bonne énergie pendant tout le concert mais la fin vraiment trop show off et je suis désolée, mais une marque au fer rouge devient... rouge et la peau brule! Excusez d'entrer dans les détails mais je penche plutôt pour une marque à l'azote... Quel est le spécialiste qui nous éclairera?
6 De Franck - 22/05/2008, 09:32
Bof... ce qui est certain, c'est que quel que soit le moyen employé, Darc a dû se préparer avant pour ne rien sentir (haut du bras préalablement insensibilisé par injection). Bref, à mon avis, c'est surtout maintenant (quelques jours après) qu'il doit la 'mériter', sa croix.
Enfin bon, on s'en fout de tout ca... reste que cette démonstration masochiste et que ce prosélitisme n'avait rien à faire là.
7 De marco - 23/05/2008, 15:59
Daniel est un puriste, très loin des shows aseptisés, ceux qui ne comprennent rien à "sa croix " doivent réécouter avec attention ses chansons, peut-être comprendront-ils un jour? c'est tout le bien qu'on leur souhaite...
8 De Franck - 24/05/2008, 18:52
Oui, mais ça va bien ces raisonnements à base de 'vous n'avez rien compris', etc... si 'ceux' dont tu parles n'avaient vraiment 'rien compris' des chansons, de la sensibilité et du parcours de Darc, ils ne seraient certainement pas déplacé pour voir l'artiste... mais voilà...
J'aurai entendu avec plaisir la simple lecture des psaumes, puisque liés à CrèveCoeur. Mais le reste... je ne vois pas en quoi cela apporte quoi que ce soit (bon en même temps, comme c'était totalement gratuit)...
Sinon, vraiment très honnêtement, et connaissant bien le personnage depuis ses débuts, je craignais une nouvelle démonstration masochiste en public... et malheureusement cela n'aura pas manqué... 'Personne ne sortira d'ici... vivant'... la bonne blague...
Bon, ce coup-ci, on aura pas eu la chance de voir le chanteur s'ouvrir les veines sur scène comme dans le passé... dommage, cela nous aurait très certainement éclairé un peu plus sur la nature profonde de Darc.......
Bilan : j'écouterais encore les cds avec plaisir, mais j'y réfléchirais à deux fois pour le prochain concert.
9 De Zab - 25/05/2008, 09:33
J'estime simplement que je n'ai pas à me retrouver dans une position de voyeur que je n'ai pas choisis et que je n'ai pas à devenir spectateur de pratiques SM. Je me fous de savoir comment il bande, juste l'émotion des textes et de la musique vivante me suffit.
Mais sans doûte me suis-je trompée et tout est lié et indissociable...
J'étais triste à la fin du concert. Créer dans la souffrance... C'est dur d'être spectateur de la souffrance de l'autre... si tout ça est vrai; si c'est simulé, c'est abject!
Bon, c'est tout.
(Pour la route: "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes". Henri Calet, Peau d'ours.)
10 De jb - 25/05/2008, 09:43
Perso, l'image que m'a donné Daniel Darc à l'Olympia c'est celle d'un mec maladroit. Quand il dit à ses musiciens qu'il veut entendre le violoncelliste, il le dit longuement et maladroitement couvrant au passage le son de l'instrument pendant un bon moment. Quand il dit qu'il veut du bruit, qu'il en veut encore, quel le concert n'est pas terminé, ça sonne presque comme un ordre intimé aux musicos. Quand il tombe amoureux de Berry, c'est téléphoné et limite embarrassant. Quand il met en avant la religion qui l'a aidé dans sa vie, pour moi c'est du même acabit.
Parce que ça fait parti intégrante du personnage et c'est aussi ce qui fait son charme, un type fragile qui doute et qui pense s'en sortir à sa manière. Même si c'est choquant pour nos yeux d'athées de voir un tel déballage auquel on n'est pas habitué. Je pense qu'on aime Daniel Darc parce qu'il est vrai et qu'il se nourrit de sa vie privée pour ses disques et ses écrits, et que si c'est concerts étaient amputés de ces éléments, il manquerait sincèrement quelque chose. J'ai detesté le rappel avec Berry mais il me semble totalement logique, il a sa place dans l'univers Darcquien.
En allant plus loin, même sans l'épisode de la croix, on aurait pu lui reprocher du show off ou du prosélytisme juste par le fait de chanter Psaume 23 son missel à la main. Mais je ne crois pas qu'il cherche à nous convertir à quoi que ce soit, il raconte juste ça vie dans ces albums ou sur scène et ntente de nous dire "je suis parti de là et j'en suis là".
11 De hussard82 - 09/06/2008, 12:18
Jb le Vieux fan, merci de tes messages. enfin je renoue avec French Violation par ce biais. je crois que je le préfère au forum parce que je n'ai plus rien à dire, n'étant pas assez calée en DM. je pense te mettre en lien chez moi. ton blog étant plutôt "institutionnel" je ne t'obligerai pas à en faire autant :)
merci infos, et cette foi en la bonne musique
i'll be back (qd je ne serai pas au boulot..)
12 De msikato - 29/09/2009, 19:30
merci bien :)