Le Jupiter 4 est le premier de la célèbre lignée des ROLAND Jupiter. Il sort effectivement en 1978 des ateliers de Roland, qui n'est alors qu'une petite boîte du monde de la synthèse qui produit des monophoniques (les SH) et quelques boîtes à rythmes. Dans ce monde alors peuplé de Prophet5, de CS80 et d'OBX, la concurrence américaine est forte. De plus, la mode est vraiment dictée par l'Amérique et le son du disco. Bref tout est réuni pour que Roland, malgré sa volonté de devenir une grande firme à travers un polyphonique d'envergure, se plante.

Roland AnalogiqueEt effectivement si on regarde la machine de plus près, beaucoup d'éléments semblent jouer en sa défaveur. D'abord, le look général qui s'inspire des orgues de la marque. Le JP4 est rempli de boutons poussoirs orange des combos de l'époque ... c'est vraiment très kitsch ! Les caractéristiques techniques ne sont pas non plus exceptionnelles : un seul VCO par voix (au lieu de deux sur le Prophet5 ou l'OBX), 4 voies de polyphonie alors que d'autres comme le CS80 en proposent 8. Enfin, l'ergonomie laisse à désirer (boutons poussoirs sur la tranche du clavier, avec les presets et les mémoires). évidemment il n'est pas midi, et n'a pas de CV/Gate. Pourtant, certaines caractéristiques viennent rattraper ces lacunes : le chorus intégré est génial, et il deviendra un grand standard des produits Roland. L'arpéggiateur, élément assez nouveau à l'époque, est de très bonne facture (d'ailleurs Nick Rhodes de Duran Duran en fera un usage intensif ...).

Par ailleurs, une touche unisson permet de transformer la bête en synthé mono très gras (4 VCO en même temps, un de plus que le MiniMOOG). Enfin, et surtout, comparé aux autres machines citées, il est beaucoup moins cher. Pour la petite histoire, le Jupiter 4 ne sera pas un super succès pour Roland, mais des gens aussi prestigieux que Stewie Wonder ou Tangerine Dream vont l'adopter et contribuer au succès de la boîte, Roland. Aujourd'hui, le JP4 est souvent déconsidéré par les amateurs de la série Jupiter qui lui préfère le big brother JP8. Pourtant le filtre, les entrées pour les pédales d'expressions, le trigger de l'arpégiateur et le grain général de la machine peuvent lui permettre de renter dans le set le plus techno qui soit.

Utilisé aussi, entre autres, par Meat Beat Manifesto, Gary Numan, Saint Etienne, Brian Transeau, Simple Minds, The Human League, Duran Duran, Spandau Ballet, Vangelis et Heaven 17.