Frankie Goes To HollywoodUn nom de groupe tiré d'un gros titre de magazine
Holly Johnson fait ses premières armes dans un petit groupe de Liverpool, aux côtés de Bill Drummond (KLF) et Budgie (Siouxsie) - Big in Japan. Après un single éponyme et une courte tournée anglaise, le groupe s'éteint fin 78. Les quatre autres cherchant également leurs voix (voies) dans nombres de groupes aussi inconnus des environs de Liverpool. Holly choisit un nom de groupe tiré d'un gros titre de magazine relatant le voyage de Sinatra à Hollywood. Il monte en 1982 l'embryon du futur Frankie Goes To Hollywood, avec Mark O'Toole à la basse, Peter 'Ped' Gill à la batterie, Jed - le frère de Mark - à la guitare et Sonya Mazunda en deuxième voix. Le nouveau Frankie Goes To Hollywood donne son premier concert en première partie de Hambi and the dance, dans un pub de Liverpool. Paul Rutherford, pourtant venu pour chanter dans le groupe vedette, les rejoints sur scène. Il est embauché immédiatement à la place de Sonya. Frankie provoque déjà à cette époque, Paul et Holly affichant leur homosexualité, sortant tout habillés de cuir et accessoires SM, comme d'autres originaux à cette époque…

Frankie Goes To HollywoodLe morceau est censuré sur la BBC
Arista Records remarque le groupe et est intéressé par Relax et Two tribes. Ils ne donnent pas suite à l'enregistrement, mais le groupe récupère les masters et les deux video-clips. Ils cherchent alors une nouvelle maison de disque avec ce matériel en poche, en vain. Jed O’Toole est remplacé par Brian Nash, dit 'Nasher’. Ils décrochent quelques apparitions TV et radio (entre autre une session chez John Peel) et finissent par se faire repérer par Trevor Horn (ex Buggles), qui vient de monter son label - ZTT (Zang Tumb Tuum Records). Ils rejoignent donc Art of Noise et Propaganda, et rentrent en studio fin 1983, avec le génie Horn aux manettes, aidé d'une petite armée de spécialistes et musiciens.

Frankie Goes To HollywoodRelax sort le 24 octobre 1983 et n'entre pas immédiatement dans le top 50 anglais. Les maxis proposent des remixes efficaces. Il faudra attendre début 1984 pour qu'il fasse enfin son entrée à la 35ème place. Le clip se déroule dans une boîte gay à tendance S&M. Un passage à Top Of The Pops fait monter le single en 6ème place, quand Mike Read de Radio one (radio culte anglaise à l'époque) dénonce le caractère obscène de ce morceau en découvrant la pochette du disque (une scène vaguement S&M). Le morceau est censuré sur la BBC, la presse puritaine anglaise se déchaîne, ce qui fait grimper encore une fois les ventes et propulse le single à la première place des charts pour plusieurs semaines !

Le deuxième single du groupe - Two Tribes - sort fin mai 84. La chanson parle de la bêtise humaine qui pousse les peuples à se battre. La video, très explicitement orientée 'guerre froide' est interdite sur la BBC. Le single monte à son tour à la première place des charts pendant neuf semaines.

Le slogan 'Frankie say…' est né
Le premier album de Frankie Goes To Hollywood - Welcome to the pleasuredome - sort en octobre 84. Un album surprenant. Frankie ne s'est pas arrêté à la dynamique de Relax et Two tribes, mais varie le plaisir, entre des morceaux pop comme The only star in heaven, un slow très chaud - The ballad of 32 - ancêtre du French Kiss de Lil Louis, et l'interminable - près de 14 minutes ! - et envoûtant Welcome to the pleasuredome, se glissent des reprises de War, de San Jose et de Born to run (de Sprinsteen) assez originales, dynamiques et magnifiquement arrangées. Frankie est donc un groupe de reprises, à mi-chemin entre rock et electro. Certes, mais de quelle qualité ! Le tout est magistralement préparé par un Trevor Horn inventif et complètement dévoué à la musique et aux sons, et servi par des musiciens parfaits. La musique ainsi créée à quelque chose de grandiose, presque divin.

Le clip de Welcome to the pleasuredome emmène d'ailleurs le groupe au paradis, dans un lieu de débauche où l'on perd la vie par excès de plaisirs de toutes sortes. Le slogan 'Frankie say…' est né et déferle sur le merchandising associé (T-shirts, sacs, tatouages éphémères, badges, chaussettes et caleçons, etc.). Cerise sur le gâteau, The power of love sort pour Noël. Le single se paie quelques faces B énigmatiques - durant Holier than thou, le groupe fait sa liste de cadeaux de noël sur fond de version instrumentale, le tout agrémenté de grossièretés censurées. Mais le titre principal est une ballade inoubliable qui calme le jeu de provocation et ramène Frankie dans le droit chemin, celui de la première place des charts ! Le clip brise avec les précédents ; complètement sage, il montre les rois mages guidés par l'étoile jusqu'à la crèche.

Le travail du son est encore plus poussé
Frankie Goes To HollywoodCourant 1986, le groupe entre à nouveau en studio aux Pays-bas pour enregistrer un nouvel album. Rage Hard est le premier single à supporter l'album. Le clip met en scène le groupe au milieu de paumés en guenilles. Hommage aux masses laborieuses, il indique clairement à quels changements ont procédé les Frankies, et leur mentor - Trevor Horn. Le travail du son est encore plus poussé. Liverpool sort en octobre 86, deux ans après son prédécesseur. Il n'aura pourtant pas du tout le même succès. Et c'est bien dommage ! Les arrangements sont plus soignés encore que sur Welcome, et la production est tout aussi parfaite. La qualité de jeu des musiciens est meilleure et finalement, le son résultant est peut-être plus rock - dans le sens live du terme - que sur le premier album. L'accent est à nouveau porté sur les arrangements, changements de thèmes, superposition de couches, faisant de chaque morceau un délice à écouter. La part belle est faite à un Mark O'Toole impeccable et inspiré - slides et caresses - et à un Ped plus présent, plus discret quand il le faut, et plus adroit que sur le précédent album. Lunar bay est le seul contre-exemple ; basse électronique, boîte à rythme, quasi intégralité du morceau joué à la sauce electro pure. Mais le morceau ne dénote pas du tout dans l'album, car dans le style global du groupe. For heaven's sake et Is anybody out there closent l'album dans une douceur rassurante. Anton Corbijn signe de chouettes photographies (portraits et paysages noir et blanc) pour la pochette et le livret.

Les deux autres singles - Warriors of the wasteland et Watching the wildlife - sont probablement les meilleurs choix mais il resteront autour de la vingtième place des charts. Le son est certes beaucoup plus volumique et abouti, il n'en reste pas moins que le groupe s'est incroyablement assagi - sûrement pas un hasard - et donne une image sophistiquée, hi-tech, qui paraît terriblement kitch aujourd'hui. Malheureusement, cette image passionne moins les médias et les foules. Le clip de Warriors est fait de découpages et dessins animés de basse qualité. Quant à la vidéo de Watching the wildlife, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ; la coupe de cheveux d'Holly est ridicule et le groupe évolue derrière lui sur un îlot au milieu d'une mare en feu. Il n'en faut pas plus pour tuer une bonne chanson. Courant 87, le torchon brûle entre Johnson et Horn. Le groupe splitte. Les membres partent tous dans diverses directions. Johnson entame une carrière solo des plus inégales, n'hésitant pas à reprendre The power of love d'assez mauvaise façon. Tout cela n'est pas emballant.

Ca commence à sentir le réchauffé

Mais Horn n'en reste pas là avec l'exploitation commerciale de Frankie Goes To Hollywood. Il édite Bang! en 1993, un best of de la courte carrière du groupe, au magnifique livret de près d'un mètre. En 1994, le petit frère suit, Reload! - la même chose avec des remixes et des ré-éditions de maxis en pagaille, incluant des nouveaux remixes réalisés par des artistes 'à la mode'.

Puis en 2000, Maximum joy, sort en double CD. Cette nouvelle compilation reprend les singles et 7 nouveaux remixes… Ca commence à sentir le réchauffé. Surtout qu'en parallèle sort The club mixes 2000, une autre compilation de 16 nouveaux remixes très techno (Club 69, Rob Searle, Appolo four forty, etc.), et… des ré-éditions de maxis avec encore plus de remixes tout nouveaux ! Tout cela est très soigné : très belles pochettes, livrets intéressants. Au même moment sort un DVD - Hard on - qui regroupe les clips originaux, les clips re-sortis en 93 pour le premier best of et ceux re-re-sortis en 2000, plus quelques interviews intéressantes, non sous-titrées. Enfin, en 2001, une nouvelle compile sort. Elle s'appelle Twelve inches et regroupe… et non, pas de nouveaux remixes ! Mais au contraire, les mixes originaux, dont quelques très rares. Il suffisait d'attendre…