Quelques temps après la sortie du live 3.6.3 en audio, la version en images sort en triple DVD, dans un très joli coffret Digipak. Les rondelles portent des déclinaisons de la croix - nouveau logo du groupe - en rouge, blanc et violet. Le livret est sobre mais assez soigné, illustré par de jolies photos lourdement retravaillées, en rouge et noir (et blanc). La couverture du livret est elle beaucoup moins adroite : un Nicola Sirkis torse du et imberbe, les bras en croix. C'est d'ailleurs la même posture du leader qui illustre les menus qui s'avèrent être passablement lents, voire difficiles à naviguer.

Indochine 363Le triple DVD comporte 3 parties distinctes - nommément les actes I, II et III. L'acte I chapitres I et II, plat principal de la pièce, est le concert enregistré le 3 juin 2003 au Palais Omnisports de Paris Bercy. Malheureusement séparé en 2 DVD, il comporte 25 pistes du groupe, dont un ‘medley' de 5 titres, plus l'intro et l'outro qui ne sont pas d'Indochine, et un bonus caché (Un singe en hiver). La réalisation du film est assurée par peggy m., la photographe du groupe, et Nicola Sirkis, qui lui non plus n'est pas réalisateur… Les choix techniques de montage sont assez décevants, pour plusieurs raisons. L'image est souvent scindée en plusieurs écrans montrant des plans différents, mis côte à côte lorsqu'ils sont 2 ou 3 (et donc assez petits), voire 5 dans certains cas, ce qui rend le visionnage réellement inconfortable, si ce n'est impossible, tant par la taille des fenêtres que par l'impossibilité de suivre un plan particulier. Mais cet effet de style, beaucoup trop lourd, n'est rien par rapport à la qualité de certaines images, genre amateur prises du beau milieu de la fosse, avec ce que ca implique comme instabilité, plans tremblants et furtifs du public en délire, parfois à la limite du compréhensible, sans doute pour donner l'effet concert punk/rock avec gros pogos dans la fosse. L'accent est mis sur le public beaucoup plus que sur la mise en scène ou les musiciens. Nicola prend même la caméra sur Punishment park pour filmer le public, clamant que “c'est trop beau et ça mérite d'être filmé”, comme il l'a fait chaque soir de la tournée, et on vous balance les images tremblantes qu'il filme dans le montage, ou en intégral si vous avez trouvé le bonus caché.

Quand la réalisation permet (trop rarement) de voir ce qui se passe sur la scène, on peut aussi émettre quelques déceptions ou frustrations, voire agacement dans certains cas. Les plans sur les guitares et batterie sont assez furtifs et (trop) dynamiques pour être appréciables, la majorité du montage faisant la part belle à la vedette habillée de blanc, rouge… ou noir, qui transforme maladroitement le concert en meeting politique au début de Popstitute, mais ne perd jamais son texte - des prompteurs sont ‘cachés' dans tous les coins de la scène. La seule concession que fera l'idole des jeunes filles, est de partager l'image avec Melissa Auf Der Maur sur Le grand secret. Cette piste ‘cache' d'ailleurs un bonus - des images tournées en extérieur projetées durant le show. La voix de Nicola est mixée assez faible et sort souvent au second plan, couverte par un fond beaucoup trop prononcé de l'ambiance du public. L'effet ‘audience' est sûrement voulu, mais dégrade souvent le son complet, et on a plus l'impression d'entendre un bon audience qu'un mix. Cela masque parfois complètement la déjà faible puissance de voix de Nicola, sur Miss Paramount par exemple où la voix est quasi effacée, ainsi que ses défauts de justesse. Les seuls moments où il pousse un peu la voix, c'est pour brailler des “Merci vous êtes vraiment formidables”. On ne me tiendra pas rigueur si je retranscris mal les propos car il faut avouer que l'on ne comprend pas tout ce qu'il dit - hurle - dans ces moments là.

Les claviers sont montrés quasi exclusivement lorsque du ‘piano' est joué, histoire d'insister sur le côté acoustique. Par exemple sur Canary bay, qui pourtant prend tout son sens dans les riffs de clavier, on ne voit quasiment aucune image du clavier. Ca, c'est agaçant. On voit en fait assez peu d'électro, pas plus qu'on en entend, d'ailleurs. Il faut faire soit acoustique, soit rock - beaucoup de bruit - trash, mais surtout plus du tout électro. C'est le cas pour les morceaux ‘anciens' (avant la période grasse du groupe). La majorité des morceaux est effectivement assez assourdissante de bruit, de gros son gras...

Côté influences, souvent maladroitement intégrée dans la prestation, on peut souligner, outre le côté gothique hyper appuyé tant dans les vêtements que dans le son, la fin d'A l'assault transformé en trance musicale endiablée dont les mélodies rappellent ce que les musiciens de Mylène Farmer posaient en fin d'un certain Instant X live… Le “Come to me” de Le baiser n'est pas sans rappeler le “Touch me” de Gahan sur Fly on the Windscreen, tout comme le arm-waving sur Dunkerque. Le guitariste casse sa guitare à la fin du show, avec un peu plus de réussite qu'Axel Bauer, mais le point d'orgue est sans nul doute le dive de Nicola dans la foule (enfin, disons plutôt dans les bras des agents de sécurité), en bonne rock star, mais pas du tout spontané, sûrement très programmé pour l'événement Bercy, et donc pas du tout crédible. Surtout qu'il rampe sur le sol une fois remonté sur scène, pour se mettre dans le bon sens, face au public. Ridicule. Le DVD déroule sans temps ni de numéro de piste, ce qui n'est qu'un détail car la navigation est possible entre les pistes. Le montage du concert comporte cependant quelques imperfections intolérables au regard des ambitions de la pièce. Il y a un très mauvais saut entre Miss Paramount et Indoclub (qui repasse mystérieusement en pistes avec temps), le bassiste troublé par la venue de Nicola sur Canary bay craque une belle grosse fausse note non retouchée au mixage, et le mixage du public entre Marilyn et L'aventurier est assez brusque.

Il faut signaler enfin que le DVD stipule un parental advice pour les enfants de moins de 12 ans, qui peuvent être choqués. Le film comporte en effet pas mal d'images de baisers baveux (sur Le baiser, 3ème sexe, durant l'intro) qui ne sont ni du meilleur goût, ni du meilleur effet. L'acte II chapitre III (ah ben oui, faut suivre !) montre 5 titres enregistrés au Zénith de Paris en novembre 2002, dont on peu dire à peu près la même chose que sur le concert de Bercy enregistré 7 mois plus tard. L'acte III propose un documentaire assez intéressant sur la tournée, sa préparation, la vie du groupe sur la route, le tournage de clips, etc. Suit Punisment park in paradize, la projection des images capturées par Nicola sur scène chaque soir, ville par ville, pendant près de 50 minutes... Si vous vous reconnaissez, vous pourrez prouvez à vos amis que vous étiez au concert ! Les épilogues I, et II sont un diaporama de photos du groupe en tournée, et un autre, plus surprenant, des chambres d'hôtel de la tournée. Bref un DVD sur les fans d'Indochine et l'ambiance des concerts d'Indochine, plus qu'un film sur la prestation du groupe, dont seul un membre initial reste. Les amoureuses de Nicola y trouveront donc aussi leur bonheur.