“le pantalon sur les chevilles”

Fad Gadget à la locoLe 9 octobre dernier à Bercy, après s'être, comme à l'accoutumée, jeté dans la foule, Tovey finissait le concert en caleçon, le pantalon sur les chevilles, et dévoilait aux fans stupéfaits ses artifices : une paire de genouillères pour éviter les bobos. Monsieur galipettes n'a plus la forme qu'il avait au début des années 80. Le soir où il se jeta dans une fosse vide et se brisa les deux chevilles, et celui où il s'ouvrit l'oreille, il eut le courage (ou l'inconscience) de finir à chaque fois le concert sans subterfuge, assis au bord de la scène ou la tête enrubannée.

Tovey, aussi ‘punk’ soit-il, a calmé son jeu depuis l'époque à laquelle il donnait ses représentations à la limite du raisonnable dans de petites salles en première partie d'Einstürzende Neubauten. On attendait donc avec impatience la prestation de ce mardi 15 janvier à La Locomotive de Paris.

“le dédain du rebelle moderne”

Malgré un public réduit de 400 personnes, Tovey et sa troupe donnent le meilleur d'eux-mêmes parce qu'ils se font plaisir sur scène, alternant hymnes classiques et efficaces et certaines pièces beaucoup moins abordables en concert, avec un vrai courage de rocker et le dédain du rebelle moderne. Le modeste jeu de lumières de la salle n'apporte que le juste nécessaire en terme d'effets visuels, et la vie (sauvage) sur scène est bel et bien rythmée par les gesticulations de Frank Tovey.

Et même si force est de constater que l'effet punk n'est plus du tout au goût du jour, et la démonstration du personnage n'est plus très surprenante pour ceux qui l'ont déjà vu en concert, le numéro de cirque entamé sur certains morceaux anthologiques reste remarquable. Frank se roule par terre, rampe (tel l'iguane Iggy à qui il a singé de nombreuses attitudes), se jette dans le public pendant le break de “Coitus interruptus”, mime le primate sur “Back to nature” et termine son show enduit de goudron et de plumes, et cela depuis des années.

La démonstration est parfois à la limite du raisonnable, et c'est surtout cela qui fait le charme de cette image pseudo sauvage, oscillant entre dérision, ridicule et provocation gratuite. Le show est orchestré de main de maître par Monsieur Tovey-loyal et sa clique musicale androgyne. La mise en scène de Tovey n'est pourtant pas le seul point passionnant dans ses concerts, la partie musicale apporte bien plus.

“production live réfléchie”

Dans chaque morceau, on peut sentir le véritable intérêt de Tovey pour les sons qui composent sa musique, et les réorchestrations profondes font de ces versions live des pièces intéressantes à plus d'un titre. On le savait capable de jouer live des versions remixées, il prouve ce soir là, en jouant quelques vieux titres remaniés de main de maître, que la monotonie musicale n'est pas sienne. “The box” est interprété de façon assez originale, et les deux morceaux du rappel bénéficient d'une production live réfléchie et ambitieuse. Le son electro des années 80 a laissé place à une techno endiablée sur “Coitus interruptus”. Chaque pièce, aussi insignifiante soit-elle au premier abord, renferme une originalité ou une surprise ; des textes engagés de “Fireside favourite” à la perceuse de “Ricky's hand” en passant par le style complètement post-punk de fin des années 70 de “Lady shave”, Tovey prouve sa maturité artistique à travers un set malheureusement trop court.

Le seul vrai bémol de cette soirée reste une prestation parfois approximative du “nouveau” batteur, qui ne semble pas encore maîtriser les arrangements de morceaux pourtant simples et suffisamment répétés avec le groupe. On attend maintenant avec impatience son nouvel album, pour savoir ce que sont devenues les années 80-90 dans la tête de ce grand dingue.

Setlist :

Worried Man In Second Hand Suits
Collapsing New People
Ricky's Hand
Chasing The Blues Away
Luxury
The Box
Lady Shave
Love Parasite
Fireside Favourite
Coitus Interruptus

Rappel :
Ad Nauseam
Back To Nature