BascombeDave Bascombe est un producteur anglais né à Chester. Il a passé sa jeunesse à Londres. Comme bon nombre de jeunes de son âge, il aimait jouer du piano ou écouter la radio. Le monde de la musique l’a rapidement fasciné. Bascombe se met à acheter des disques, au point de se muer en un véritable acheteur compulsif. Le premier tournant de sa vie est sans conteste sa découverte de l’univers des studios d’enregistrement à l’occasion d’emplois de petite main. Une expérience assez similaire à ce qu’a pu connaître Alan Wilder. Très vite à l’aise dans un studio d’enregistrement, Bascombe apprendra son métier sur le tas. Malgré des débuts plutôt discrets comme ingénieur du son, il se vit offrir l’opportunité de s’établir quelque temps plus tard aux studios Marcus de Fulham. En 1983, il travaille avec le groupe anglais Echo & The Bunnymen sur l’album Porcupine.

La notoriété de Bascombe ne cessera de croître dans les années 80. Un autre groupe du label Mute, Erasure, l’engagera tout comme le groupe Tears for Fears sur l’album Songs from the Big Chair. Un succès mondial qu’il a co-produit avec Chris Hughes en 1985. Sa carrière connut un véritable essor suite à cet album. Peter Gabriel ne reste lui non plus pas insensible à Bascombe, lequel jouit désormais d’une très bonne réputation. Gabriel lui confia la production de l’album qui s’avérera être l’un de ses plus grands succès commerciaux : So (1986).

1987. Après les tensions nées lors des sessions d’enregistrement de Black Celebration, Daniel Miller (qui a co-produit avec Gareth Jones les trois albums précédents de Depeche Mode et qui s’était beaucoup impliqué lors des sessions d’enregistrement) décida de ne plus s’occuper de la production du prochain album de groupe. Cette prise de conscience tombait à point nommé car Miller était de plus en plus occupé par sa fonction de directeur du label Mute Records. Pour la première fois depuis la naissance du groupe, la production de l’album allait être entièrement confiée à une seule personnalité extérieure, Gareth Jones étant lui aussi indisponible à ce moment-là. Le groupe avait besoin d’un nouvel élan et désirait travailler avec quelqu’un de différent. C’est Dave Gahan – qui a apprécié le travail accompli avec Tears for Fears – qui proposa le nom de Dave Bascombe. Le groupe a rencontré plusieurs personnes. Après que Miller a donné son approbation, c’est finalement Bascombe qui fut retenu. Ce dernier avait quelques idées préconçues sur le groupe. « Des gens très sérieux » ou le cliché « Fletch l’intello qui lisait de la philo ». Impressions rapidement dissipées dès l’entrée en studios.

Finalement, Bascombe n’a pas réellement accompli le travail d’un producteur. C’est en tout cas ce que Wilder déclarera. Bascombe se serait en définitive quasiment cantonné à un rôle d’ingénieur du son au sens strict. Bascombe n’est d’ailleurs pas seul à être crédité au poste de producteur. Depeche Mode l’est également, Bascombe n’apparaissant au surplus qu’en deuxième position : ce détail a priori anodin pourrait en réalité refléter la véritable répartition du travail.

La production de l’album s’est en effet – schématiquement – déroulée en deux étapes. Dans un premier temps, après que Gore a écrit les dix titres du futur album dans la deuxième partie de l’année 1986, le groupe pose ses valises dans le studio seize pistes d’Alan Wilder où les démos de Gore furent travaillées d’une façon assimilable à un travail de production. Dans un deuxième temps, après l’arrivée de Bascombe (officiellement engagé comme ingénieur- producteur), les quatre modes et lui travaillèrent main dans la main. Le travail de production accompli après son arrivée résulte donc davantage d’un travail d’équipe. Les modes qui maîtrisaient parfaitement l’art du sampling débordaient d’idées (en matière de création et de placement des sons). Bascombe avait, toujours selon Wilder, pour mission essentielle d’appliquer techniquement les idées qui étaient avancées par le groupe. Cela caractérise davantage la fonction d’ingénieur du son. Ce qui ne l’empêchait pas, à l’instar de chaque membre du groupe, d’être lui-même parfois une force de proposition.

Sur Never Let Me Down Again (un titre qu’il aime beaucoup et dont il apprécie le résultat final), il a beaucoup travaillé sur les sons de batterie.

Music for the Masses a été enregistré dans les fameux studios Guillaume Tell de Suresnes – très apprécié par Bascombe pour la qualité du son et des espaces – situés aux portes de la capitale, puis aux studios Konk de Londres. Après la France et l’Angleterre, le groupe décida comme à son habitude de changer d’air une nouvelle fois. C’est le Danemark et les studios PUK (« un oasis hi-tech dans un désert campagnard ») qui furent choisis pour le mixage de Music for the Masses. Bascombe déclarera plus tard que l’avantage de travailler à l’étranger est qu’un véritable esprit d’équipe se forge alors qu’un enregistrement en Angleterre aurait induit une tendance naturelle de chacun à vivre de son côté, à rentrer chez soi le soir,...

Après la sortie de 101, Depeche Mode s’apprête à retourner en studio pour enregistrer ce qui deviendra quelques mois plus tard l’apogée de son œuvre, le mythique Violator. Il fut un temps envisagé de solliciter une nouvelle fois Bascombe, mais ce dernier déclinera la proposition du fait d’un agenda chargé.

Vingt ans après la sortie de Music for the Masses, Dave Gahan et Andrew Fletcher déclareront que la collaboration avec Bascombe leur laisse un très bon souvenir. Rien ne dit que les chemins respectifs de Depeche Mode et Bascombe ne se recroiseront pas dans un futur plus ou moins proche. Mais à ce jour, Music for the Masses reste le seul album de Depeche Mode sur lequel Bascombe est intervenu.

La carrière de Bascombe ne s’est bien entendu pas arrêtée en 1987. En 1989, il travailla sur l’album Sowing the Seeds of Love de Tears for Fears, quatre ans après le succès de Songs from the Big Chair. Erasure n’était pas en reste et sollicitera à nouveau Bascombe sur Chorus (1991), sur Abba-esque (1992), album-hommage au groupe suedois ABBA et sur un album éponyme sorti en 1995. La même année, Bascombe collabore avec Human League sur Octopus. Par la suite, on peut notamment citer Coming Up, album de Suede paru en 1996. Mais l’encart « expériences professionnelles » du curriculum vitae de Bascombe n’est pas composé que d’albums stricto sensu. Il compte en outre des collaborations en matière de singles pour des artistes tels que UB40, Placebo, Stereophonics ou encore Savage Garden. Mais en dépit d’une solide réputation « dans le milieu », Bascombe ne reste finalement pas très connu du grand public.