Premiers pas hésitants
En 93-94, Alan Wilder avait courageusement ouvert la voie en jouant de la batterie live sur quelques morceaux de la tournée. Dave Gahan reconnaissait alors que sentir vibrer cet instrument derrière lui le motivait et lui donnait une énergie particulière. Quand ils repartent sur la route en 98, les DM décident de recruter un batteur pour assurer la totalité du show (excepté quelques pièces chantées par Martin). Lors de cette tournée, la prestation du jeune autrichien (il a la trentaine) est très remarquée, sur des morceaux "évidents", par exemple “It's no good”, dont le tempo et la construction se prêtent complètement à cette instrumentation, et d'autres un peu moins, “A question of time” et “world in my eyes” prenant une dimension beaucoup plus dynamique et rock que les versions studio ou live antérieures.

Cependant, il reste de nombreux morceaux où l'apport de la batterie est discutable. De par la composition même des morceaux ou l'énergie qu'y met Christian. De plus, les versions de “Only when I lose myself” ou “Stripped” sont assez décevantes. En effet, sur ces pièces, le jeu d'Eigner n'apporte pas un plus indéniable, le manque de groove de la batterie se ressent dans le son global. L'énergie apportée par la présence d'une batterie sur scène est néanmoins confirmée pour DM. Christian Eigner, alias Angelface, est naturellement rappelé pour l'Exciter tour.

Une batterie beaucoup plus live
Christian EignerMais cette fois, les choses ont changé. Christian a pris beaucoup plus d'assurance (ou on lui fait plus confiance), tout comme Peter Gordeno, le claviériste. Eigner s'impose comme un des acteurs importants du jeu de scène de Depeche Mode. La complicité avec Dave, et même Martin, est bien plus forte et fréquente qu'en 98. La batterie est un peu plus complète qu'en 98 (set électronique plus conséquent à la droite du tom basse), mais on retrouve la double grosse caisse, les nombreux toms positionnés terriblement verticaux, et une quantité assez impressionnante de cymbales pour la musique de DM ! La batterie est au centre, comme cela se fait dans un groupe de rock classique, affichant clairement la place qui est réservée à Christian dans le son DM. Et il l'occupe avec détermination et brio. Même s'il reste quelques pièces où la batterie n'amène pas grand chose. 'When the body speaks” par exemple, la plupart des titres, y compris des anciens comme “Halo” et “Black celebration”, dont la nouvelle version est parfaitement taillée pour un batteur, ou le plus récent “Walking in my shoes”, sont complètement re-dynamisés. Le mixage du son y est également pour beaucoup, car on entend bien plus de batterie dans le son de l'Exciter tour.

De nombreuses interprétations d'Exciter sont bien plus pêchues en live. Ce qui manquait à Exciter en terme de sonorités des percussions est maintenant présent, et des morceaux comme “The sweetest condition”, “Freelove” et “Breathe” prennent enfin tout leur sens. Mais le gros changement, c'est que Depeche Mode, apparemment à cours d'idée pour les arrangements musicaux live, ont repensé les versions longues. Les parties musicales ont laissé la place aux plans de percus endiablés. Le bridge de “Clean”, la fin du souvent absent “I feel loved”, et la partie Blunt de “Dream on” sont des bijoux qui propulsent la version de Stripped 98 aux oubliettes. Christian se défonce vraiment sur ses solos et donne à “Enjoy the silence” et “Never let me down again” une dimension complètement nouvelle, surprenante et terriblement efficace.

Christian avec DM en studio
Crédité sur Exciter pour “I am you”, les boucles de batterie ne sont pourtant pas ce que Christian a joué. Bell a avoué avoir échantillonné la source analogique et a ensuite superposé les couches dans l'échantillonneur, pouvant changer le son à souhait en faisant varier la vitesse. "Le son semble plus organique de cette façon, bien qu'il soit complètement électronique", conclut Bell. A voir la performance d'Eigner sur scène, on peut penser que si Bell avait enregistré plus de batterie jouée par Christian, le son d'Exciter aurait certainement été plus percutant.

La discographie de Christian Eigner
(la plupart du temps en tant qu'invité) :
2001 Peter Cornelius : Lebenszeichen
1999 C-BRA : Love You Today
1998 C-BRA : Mother And Child
1998 Hans Theesink : Lifeline
1996 Alexander M. Helmer : Manchmal für immer
1995 Fink : No Answers
1994 Aendiaena : AE

Il a également joué avec :
Josh und die Emotionen
Franz Lahmer
Kurt Ostbahn und die Kombo (jusqu'en 98, et avec lequel il utilise son surnom Angelface)
Pogo
Karl Ritter
Samsara
Schiffkowitz.